Difficile de savoir exactement quoi penser de ce film, et surtout , comment l’évaluer, tant le contenu offert est disparate et peut être, tour à tour, assez séduisant ou alors carrément horripilant, selon ce qu’on passe en revue. En outre , même la partie la plus « dérangeante » n’est quelque part pas dénuée d’intérêt, en fonction de ce qu’on considère , ce qui complique justement l’aspect « évaluation » du film et , encore davantage, le ressenti suscité par cette oeuvre …
Un scénario pas des plus originaux
Franchement , pour ce qui est des choses sur lesquelles on peut trouver plus qu’à redire, il y a le scénario. On est dans quelque chose de plutôt éculé de nos jours, tant le thème des réunions entre amies ou amis qui tournent plus au moins au vinaigre sont légion de nos jours. C’est d’autant plus vrai que les récentes productions offrent justement ces versions féminisées d’un « very bad trip » revisité façon « girl band » et que la dernière en date ne remonte pas à bien longtemps, pour le moins qu’on puisse dire. Il en découle un peu une impression de déjà vu, évidemment. Malgré cela , le film se regarde, il est plutôt sympathique, au final.
une production haute en paradoxes
Le contenu offert est plus que contrasté. Le film présente des côtés mielleux et des séquences résolument à l’eau de rose , pleins de bons sentiments (style relativement classique aux USA) - qui ne manqueront pas d’en rendre malades plus d’une ou un) voire trop parfois, mais paradoxalement, il s’avère être aussi, d’un autre coté , être dans un style américain tout aussi typique d’ aujourd’hui, style où il est presque inconcevable d’avoir une phrase entière sans jurons ou grossièretés, ou allusions sexuelles, style qui, semble-t-il, s’impose de plus en plus comme incontournable de nos jours aux USA lorsqu’il s’agit de faire rire. L’humour est dans le juron, visiblement. Ce que je n’apprécie, personnellement pas outre mesure. Là encore, donc rien de bien original, du classique pour le cinéma US actuel qui semble voire les mots fleuris comme autant d’occasions de rire , ce que tout le monde ne partagera pas, je crois … .
une oeuvre « témoin de l’évolution de la société US»
D ailleurs, cette propension à offrir du sexe nous amène aussi à évoquer l’autre inversion complète du paysage … Force est de constater qu’on a bifurqué d’une situation où le sexe de l’homme, il fut un temps, limite tabou, est devenu une sorte de « pièce centrale » et se trouve collé limite à toutes les sauces, ou presque … alors que celui de la femme faisait le trajet inverse, si on peut appeler cela comme ça. Il est passé de parfois un peu « vendeur » ou « prétexte au cinéma » à maintenant limite « à cacher à tout prix» , « censuré » ou « diabolisé » et donc à occulter de toute scène d’une certaine manière. Il semble être devenu plus tabou que jamais et ne semble plus avoir sa place à l’image, contrairement au sexe masculin, qui apparait à l’écran plus que fréquemment désormais (voire de façon disproportionnée et forfuite, par moments).
En outre, cette production est très intéressante en raison de ce qu’elle dit de la société américaine, de son ultra féminisation, de son ultra sexualisation « orientée » selon les périodes ou alors de son incapacité à passer à autre chose que d’une discrimination à l’autre (dont la pseudo « discrimination positive »), sans jamais passer par la case égalité / équité ou équilibre et toujours avec autant de tabous, différents, certes, mais tabous quand même …
Un contenu paradoxal
pour ma part, je trouve aussi paradoxal le fait qu’on mette en scène et en lumière , même dans le cadre d’une comédie pour divertir et faire rire, un groupe de femmes de couleur et qu’on leur donne des aspects certes très vivants et modernes mais aussi assez caricaturaux parfois … dont la dimension peu flatteuse de « croqueuses d’hommes » , « machines sexuelles » ou autres « obsédées », qui transparait assez, et ce, même en dépit du sujet qui a plutôt tendance à créer ce genre de phénomène. Débauches des virées en groupe obligent?! LOL . A mon avis, l’image est par moment , quand même peu flatteuse. Heureusement, le producteur a aussi su contrebalancer cela avec le trop plein de « bisounourserie » et des caractères et situations montrant une assez grande profondeur des personnages, mais un peu plus chez certains d’entre eux que chez d’autres, malgré tout. Ce qui est plus positif en revanche c’est que l auteur a su aussi un peu casser l’apparence communautaire du film et globalement de la société américaine avec certaines scènes, scènes qui montrent quelques lueurs d’espoir et de communion entre les gens, malgré l’aspect divisé de la société aux USA, montrant aussi que les choses bougent un peu, très lentement, mais évoluent quelque peu dans le sens de plus de « mixité ».
L’oeuvre est donc intéressante des points de vue sociétal et de l’évolution d’un monde.
D’ailleurs, cette comédie possède d’autres atouts à faire valoir
Une comédie vivante et plutôt drôle par moments
Il se trouve que même si cette comédie n’est pas d’une finesse hors norme en termes de sujet , d’originalité ou de language (voire de quelques « blagues »), il s’agit malgré tout d’une comédie vivante et en fin de compte plutôt agréable à suivre, assez drôle à quelques occasions, aussi. Le contenu et le rythme sont vifs. Il se passe toujours quelque chose. Rien à voir avec ces oeuvres qu’on rencontre parfois, dont on pourrait couper beaucoup de « gras » et qui affaiblissent le contenu plutôt qu’autre chose. Ici, rien de tout ça, ça vit, ça bouge, continuellement. Et c’est plaisant comme cela. La capacité des auteurs , scénaristes et actrices à offrir des scènes plus profondes et chargées de sens et / ou en émotion amène ce truc en plus qui renforce l’aspect vivant et donne plus de variété e de relief. Le film s’adresse aussi , ainsi, à un public plus large. D’autant qu’on y traite tout du long de certains non dits, de temps qui passe, de situations et gens qui changent , de rapports hommes-femmes et d’amitié. Bref , on peut y voir de la réflexion et de la philosophie, le tout servi sur lit de modernité.