Jérémy Clapin convoque nos plus grandes angoisses dans un récit poétique ; la perte d'une main, un symbole d'humanité, et puis tout bascule, une vie d'errance. C'est en suivant cette main dans sa découverte du monde, que l'on apprend à connaître son propriétaire, Naoufel, jeune homme perdu depuis la mort de ses parents. La prédominance de cette main durant l'enfance, au travers d'instants de vie en flashbacks, du toucher et des cinq sens, amplifie en lui le traque. Le dessin est pittoresque, les traits bruts ne font que renforcer la douleur de la perte. Naoufel retrouve un sens à sa vie avec la rencontre de Gabrielle. Pour autant, ces deux êtres peinent à affirmer leur compatibilité. Au travers du montage parallèle, des obstacles rencontrés par la main et le personnage de Naoufel, s'impose la résilience. Les connexions via les multiples leitmotivs imagés (la mouche, l'igloo), ne font que construire un imaginaire enfantin durant ce parcours de vie. La main, symbole d’étrange naturellement, entreprend un voyage métaphorique vers les souvenirs qui la crédibilise dans sa quête. Le plus intéressant reste tout de même cette introspection qui, petit à petit, permet au personnage de se resituer dans son environnement, réfléchir à l’impact de ses erreurs et sa nouvelle place dans l’univers, toujours avec une grande touche de poésie. “J’ai perdu mon corps” est typiquement le film d’animation qui saura parler à toutes les tranches d’âge.