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    Cemetery of Splendour
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    72 critiques spectateurs

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    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 801 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 septembre 2015
    Bon je ne suis pas un grand fan d'Apichatpong Weerasethakul, mais il faut bien l'admettre, se sont des films à voir au cinéma, parce que autant les deux de ses films que j'ai vu chez moi je m'étais ennuyé (Blissfully Yours et Tropical Malady) et les deux que j'ai vu au cinéma : Oncle Boonmee et celui-ci j'ai beaucoup aimé, enfin surtout Cemetry of Splendour. Au cinéma je suis obligé de "l'endurer", je n'ai pas la tentation de faire autre chose même si c'est lent et du coup je rentre dans le film.

    Et je suis rentré immédiatement dans ce Cemetry of Splendour. Il y a quelque chose dans ce cinéma qui est magnifique, cette façon de filmer le quotidien, le banal, avec pourtant une présence du surnaturel, de l'explicable qui est tapie dans l'ombre, qui embaume le film. Ces malades allongés dans leur lit, la médium... Les conversations ont beau être parfois vraiment banales elles n'en sont pas moins belles, j'ai adoré la scène d'ouverture avec cette femme qui vient et qui parle de "l'hôpital" qui était son ancienne école et qui distille des vagues souvenirs de son enfance. J'ai trouvé ça profondément touchant.

    D'ailleurs toutes les réactions, tous les dialogues sont très justes. Je donne pour exemple cette scène, qui allait forcément arriver, un type se met à bander pendant son sommeil et trois femmes l'entourent et e pose forcément la question de "toucher" la bête. C'est tellement vrai, tellement beau, toute l'innocence de la jeune femme.

    Le film est également visuellement magnifique avec ses lampes qui changent de couleurs, influençant ainsi les rêves... on a une esthétique très particulière, vraiment planante.

    Alors il n'y a pas vraiment d'intrigue, mais juste voir l'amitié entre ces deux femmes se développer, leurs conversations... Comme cette scène où il filme des feuilles mortes dans la forêt et où la médium décrit un palais... il se passe quelque chose, on y croit alors qu'en vrai c'est juste rien, mais parce que c'est dans ce film, avec cette ambiance toute particulière ben j'ai envie d'y croire à ce palais et moi aussi je le vois. D'ailleurs la fin de cette séquence avec les statues amoureuses sur le blanc et la caméra qui pivote légèrement pour voir les deux autres statues représentant les amoureux bien plus tard est juste magnifique.

    Le film est par ailleurs vraiment drôle, je n'ai pas le souvenir d'avoir ri dans ses autres films, mais à plusieurs moments la salle était hilare et pas pour se moquer (j'en vois déjà certains venir), donc il ne faut pas croire que c'est pénible à regarder, au contraire. Si on rentre dedans, si on fait l'effort de se laisser prendre le film nous le rend au centuple.

    Et du coup j'ai envie d'en voir d'autres !
    Fritz L
    Fritz L

    162 abonnés 767 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 4 septembre 2015
    Avec “Cimetery of splendor”, Apichatpong Weerasethakul apporte une vision de la vie, et par là même de son aboutissement, d’une densité inouïe, une sorte de pierre philosophale qui viendrait la prolonger au-delà du naturel et du rationnel. C’est une espèce de chocs de cultures où les croyances, la religion, la tradition, la sagesse et la conscience fusionnent pour donner une œuvre profondément mystique, en totale opposition avec la mort matérialiste, où l’existence et le vécu se prolongent à l’infini.

    Jenjira, est bénévole pour un hôpital de seconde zone, lieu chargé d’histoire puisqu’il s’agit de son ancienne école qui a été réhabilitée. Vivant petitement, généreuse, et d’une pureté d’esprit sans égal, elle va se prendre d’affection pour Ltt, un des patients de la salle des soldats tous plongés dans un sommeil profond. Un mystérieux cahier va lui ouvrir des portes qu’elle ne soupçonne pas. Ce personnage de Jenjira est hautement symbolique. D’un point de vue terre à terre, elle est un témoin d’une Thaïlande traditionnelle, la mémoire d’un passé (conflit avec le Laos en 1987/88) mais affiche un esprit résolument moderne (en union libre avec un américain) emprunt de tolérance et de générosité (don de soi et d’écoute). Ce sont toutes ces qualités qui font d’elle, un peu à son insu, une « passeuse d’âme ». Elle sera aidée dans sa mission par un certain nombre de guides.

    « Cemetery of splendor » par son approche totalement apaisée suspend le temps et nous fait pénétrer dans un univers intra dimensionnel, hautement spirituel et profondément philosophique, une espèce de parcours inversé d’Orphée.

    Apichatpong Weerasethakul y apporte un soin tout particulier, notamment au niveau d’une construction ingénieuse d’un récit à tiroirs, retenant des cadrages (composés le plus souvent de plans fixes) lénifiants (à la limite de l’appesantissement) et des décors presque hors du temps, avec une « société urbaine » toujours en perspective (présente et à la fois très éloignée).Quant aux acteurs (Jenjira Pongpas en tête), ils accentuent par leur jeu épuré, l’état de rêve éveillé dans lequel le film plonge le spectateur.

    Mais ce qui rejaillit le plus, c’est cette incroyable mélancolie qui immerge chaque plan. Apichatpong Weerasethakul aime profondément la Thaïlande, ses traditions et sa culture populaire, son entité historique, ses souffrances. Il ne s’oppose pas à l’émergence économique de son pays qui semble faire table rase de tout, ce qu’il regrette. A sa manière, il contribue au travail de la mémoire collective. Pour Jenjira comme pour lui, la sérénité et la prospérité ne s’acquièrent uniquement si présent et futur ont su conjugué le passé.

    « Cemetery of splendor » n’est pas un film facile d’accès, mais si l’on se laisse transporter, alors on en ressort bouleversé.
     Kurosawa
    Kurosawa

    512 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 septembre 2015
    Il est toujours difficile de parler d'un film d'Apichatpong Weerasethakul, tant son cinéma est avant tout sensoriel et sa narration en apparence simple est en réalité dépourvue d'explications. Le film regroupe en tout cas les marques de fabrique du cinéaste thaïlandais, que ce soit en terme de mise en scène ou de sensations provoquées, à savoir de longs plans fixes qui invitent à la contemplation et à la méditation, un rythme lent qui crée un calme continu et apaisant, enfin l'arrivée discrète du surnaturel qui brouille les pistes et ouvre une multitude d'interprétations. Il est possible que "Cemetery of Splendour" ne soit qu'un rêve éveillé, que dès le moment où Jenjira réveille Itt, elle rêve de leur histoire d'amour; possible aussi qu'elle ne fasse qu'entrer dans le rêve de Itt (la séquence du palais visité en est pour le coup une preuve); possible enfin que rêve et réalité ne fassent qu'un. Derrière cette imperceptibilité vertigineuse de niveaux se cache une sombre fable politique : il faudrait en effet voir le film comme une histoire d'amour impossible, contrariée par des rois (qui symboliseraient la dictature actuelle) qui utilisent l’énergie de soldats endormis (la population opprimée) pour mener leurs batailles dans des temps anciens. Répondre à la politique par la poésie et par l'inventivité, c'est le choix courageux de Weerasethakul, ce dernier signant là ce qui est certainement son dernier film dans son pays. "Cemetery of Splendour" est une véritable claque formelle, un conte hypnotique qui donne des clés mais qui se garde bien d'ouvrir toutes les portes, un moment de cinéma à part d'une immense douceur et d'une grande sensualité, une oeuvre dont le pouvoir de hantise sera sans aucun doute intense et puissant.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    910 abonnés 4 834 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 septembre 2015
    Je m'attendais à une esthétique similaire à "printemps, été...." de Kim Ki Duk. Mais ici c'est plutôt l'esprit qui navigue dans l'esthétisme. L'ensemble est beau et les morts qui aspirent l'énergie des vivants donnent un ton fantastique à cette histoire assez épurée. "Préserve ton avenir" dit cette femme. Mais comment le préserver: par la méditation, la lenteur et le sommeil. La puissance ôtée aux soldats est une réserve pour les vivants mais distillée avec parcimonie.
    Fabien D
    Fabien D

    167 abonnés 1 102 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 septembre 2015
    Cemeteroy of splendour est tout simplement une merveille qui aurait du faire partie sinon du palmarès au moins de la sélection officielle du festival de Cannes. Cette histoire de soldats endormis est d'une beauté visuelle hors du commun. Les plans sont absolument hypnotiques et leur lenteur parfois démesurée fascine bien plus qu'elle n'endort. Cette impression de voyager dans les décombres d'un rêve, ne plus savoir si l'on est dans le fantasme ou la réalité, ce bousculement permanent du sens, de la perception n'est pas un simple artifice, c'est l'essence même d'un cinéma sensoriel où l'imaginaire s'inscrit, comme dans Tropical Malady et Oncle Boonmee, dans un espace sauvage, celui de la forêt thaïlandaise. Mélancolique mais traversé de moments d'humour, Cemetery of splendour nous transporte dans un univers flottant, comme dans une sorte de sommeil paradoxal. C'est beau, poétique, sensible. Bref, un grand film de la part d'un cinéaste qui explore, avec une rare sensibilité, un terrain onirique de plus en plus fécond où les légendes et la religion se mêlent merveilleusement bien. Splendide.
    traversay1
    traversay1

    3 085 abonnés 4 622 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 septembre 2015
    Qu'est-ce qui plait donc tant à certains dans le cinéma d'Apichatpong Weerasethakul et qui laisse les autres dans une indifférence totale ou plutôt un ennui revendiqué ? Cementery of Splendour ne changera rien à la donne quoique ce dernier opus du cinéaste thaïlandais soit par certains côtés moins opaque et mystique que la plupart de ses œuvres précédentes. Ceci dit, point ici de narration classique mais un cadre, celui d'un hôpital où des soldats rêvent des songes qui ne sont pas les leurs. Êtres vivants et fantômes du passé dialoguent naturellement et la réalité s'estompe peu à peu. Le plus étonnant est la douceur avec laquelle Weerasethakul conduit son film, en plans fixes le plus souvent, sans chercher la belle image à tout prix. Il y a une sorte de sérénité dans tout cela, de normalité différente. Et c'est sans doute ce trip calme qui séduit ceux qui sont prêts à entreprendre un tel voyage.
    Acidus
    Acidus

    613 abonnés 3 644 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 5 septembre 2015
    Certains pourraient qualifier ce long métrage thaïlandais d'"envoutant" ou d'"hypnotique" mais, pour ma part, je remplacerai ces termes par "chiant" ou "soporifique". "Cemetery of Splendour" est une oeuvre contemplative et cette approche convient, a priori, parfaitement au sujet abordé. Cependant, trop de contemplation nuit à l'intérêt du film surtout lorsque celui-ci manque de fond et de consistence. La réalisation et le scénario sont peut-être trop esotériques puisque de nombreuses scènes s'enchaînent sans cohésion, sans aucun indice permettant une quelconque interprétation. Bref, "Cemetery of Splendour" tend vers un onanisme cinématographique sans âme et saveurs. De plus, pour une telle histoire s'inscrivant dans les croyances bouddhistes, le long métrage ne fait pas preuve d'un grande spiritualité ni de poésie ou encore d'onirisme. De ce point de vue, j'ai été une nouvelle fois déçu.
    poet75
    poet75

    256 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 4 septembre 2015
    Ceux sur qui le cinéma contemplatif du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul agit comme un somnifère vont être gâtés à la vue de ce nouvel opus! Leur somnolence risque d'être d'autant plus irrésistible que le film tout entier repose sur une affaire de sommeil! Pour d'autres (dont je suis), "Cemetery of Splendour" sera perçu comme une oeuvre irrésistiblement fascinante, davantage encore que tous les films précédents du cinéaste.
    Affaire de sommeil donc, puisqu'une mystérieuse maladie frappe des soldats, et uniquement des soldats, les plongeant précisément dans un étrange sommeil au point qu'ils doivent être mis en quarantaine dans une école transformée en hôpital de fortune. Est-ce une manière, pour le réalisateur, de répondre à l'autoritarisme des militaires omniprésents dans son pays depuis qu'un coup d'état y a eu lieu en mai 2014? Probablement, mais le film ne s'appesantit pas sur des questions d'ordre politique. Fidèle à son esthétique, Weerasethakul préfère construire un film mêlant habilement le charnel et le spirituel et invitant le spectateur à la contemplation.
    Deux femmes en sont les pivots: Jenjira, une handicapée ayant une jambe plus courte que l'autre et prenant soin tout particulièrement d'un soldat prénommé Itt, et Keng, une medium qui prétend percevoir et interpréter les pensées et les rêves des endormis. Weerasethakul filme les corps avec attention, y compris dans des postures ou des réactions qui pourraient paraître triviales mais qui, chez lui, ne sont que simplicité et évidence. Dans le même temps, il donne sens à son film en suggérant tout aussi simplement et avec autant d'évidence ce qui est de l'ordre de l'esprit ou plutôt peut-être des esprits. Et si la mystérieuse maladie du sommeil qui frappe les soldats avait pour cause un antique cimetière où sont enfouis des rois qui, parce qu'ils se battent toujours, ont besoin de se nourrir de l'énergie des vivants?
    Beaucoup de scènes et de plans de ce film laissent pantois d'admiration. Les jeux de lumière sont remarquables, d'autant plus que les malades sont soignés, entre autres choses, par une thérapie à base de néons de lumière. Les verts, les rouges et les bleus se succèdent, créant une sorte de douce hypnose. Mais le film culmine lorsque Keng emmène Jenjira à la découverte du palais des rois enfouis dans le cimetière. spoiler: En fait de palais, il ne reste rien mais Keng semble percevoir des murs invisibles. Plus tard, alors qu'elles se sont assises, Jenjira dévoile à sa compagne sa jambe malade, difforme, hideuse, couturée de cicatrices à la suite d'opérations. Keng réagit en couvrant le pied et la jambe de Jenjira d'un baume, puis en les embrassant et même les léchant.
    Scène sublime, simple et touchante, qui peut être perçue comme une sorte de variante du baiser au lépreux. Sommet d'émotion pure et de tendresse qui fait verser des larmes à la malade.
    Est-ce cela qui se reflète dans les yeux grand ouverts de Jenjira lorsque le film s'achève, nous la montrant ainsi, observant un terrain retournée par des pelleteuses où des gamins jouent au ballon? Ou peut-être songe-t-elle à Itt, le soldat qu'elle a réussi à réveiller? Ou encore aux rois enfouis dans le cimetière? Qui peut savoir? Ces yeux largement ouverts et fascinés furent aussi les miens tout au long de ce film sublime. 9/10
    islander29
    islander29

    755 abonnés 2 271 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 septembre 2015
    Je sais que je vais me faire des ennemis, mais j'avais adoré Oncle Boonmee du même réalisateur.... (je le classe dans mon top 10 au cinéma...)
    Ce film est sensiblement différent, beaucoup moins porté vers la méditation (quoique) intérieure .....Ceci dit le film traite de communication avec les esprits encore, au travers du sommeil de gens malades...
    Beaucoup moins métaphysique, le film est plein de curiosités spoiler: ( la danse des bancs, les moulins à eau, la visite de la forêt, les escalators et quelques autres scènes d'une grande poésie et d'un rafraichissement peu commun.....

    Reste un film où prédomine la lenteur, le temps se pose sur les choses, sur les gens et crée pour qui sait en profiter des beaux instants de sérénité, de contemplation.....
    Il y a aussi quelques moments insolites ( spoiler: une défécation, une jambe horrible et malade) à la limite du gênant, du nauséeux.....

    Un film militant à sa façon, condition féminine, présence militaire, qu'il serait dommage de rater, car le cinéma thaïlandais est d'une extrême rareté et que ce réalisateur délivre un message aussi fort qu'original, la réalité et l' imaginaire (les esprits) cohabitent autour de nous ...A méditer
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 septembre 2015
    Un film de Weerasethakul , c'est l'assurance d'un voyage dans un monde poétique , ou l'on se laisse aller à l'imagination et ou on se laisse transporter ,
    Cet opus confirme encore davantage le talent immense de cet artiste inclassable .
    Oui il faut s'accrocher pour pénétrer cette oeuvre onirique , poétique , formellement sublime ...
    Oui il faut accepter qu'il n'y ai pas le canevas habituel d'un film classique , Weerasethakul est au dessus de cela , et il le démontre merveilleusement ici .
    Cette oeuvre est au delà du cinéma , c'est une invitation à un voyage ou le spectateur se découvre , où il laisse son apparence usuelle pour celle d'un explorateur qui découvre la vision d'un artiste en pleine création.
    Au fond , ici Weerasethakul parvient à dépasser le cadre de l'œuvre cinématographique pour aboutir à une œuvre picturale , poétique , qui s'exprime bien au delà du cinéma .
    Une telle oeuvre ne se rencontre que très rarement , il ne faut pas rater le voyage ....
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    150 abonnés 508 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 septembre 2015
    Sans doute une expérience étonnante voire pénible pour beaucoup. Pour moi, un (quasi ?) chef-d’œuvre. Question de point de vue... En cette mi-septembre, "Cemetery of splendour" est parti pour être le meilleur film de l'année. C'est un voyage immobile ; c'est de la poésie à chaque instant. Chaque plan est superbe (ou presque) ; les dialogues sont souvent magnifiques ; la bande originale réserve quelques surprises (notamment cette femme chantant a cappella dans un sanctuaire). Nous sommes plongés dans un monde onirique où les esprits veillent, les dieux viennent à notre rencontre, les guerres anciennes se poursuivent avec l'énergie des vivants, etc. "Oncle Boonmee" ne parvenait à séduire que pendant 45 minutes (extraordinaire séquence du repas avec le fils revenant comme un esprit) ; ici, on est enchanté tout le long (hormis une quinzaine de minutes de passage à vide). Voilà la Palme qu'aurait dû décerner le dernier jury cannois. A voir... (ou à fuir, selon les cas...).
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    118 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 septembre 2015
    Du grand art. Une étrange crise du sommeil, ressemblante au coma, qui se déploie sur des combattants de et pour la patrie. Au même moment se révèle une fantaisie dans la mise en scène qui jouxte entre le contemplatif et l’exhaustif. Les endormis, comme empilés dans une longue salle, se réveillent parfois, se rendorment souvent entre deux réverbères aux couleurs changeantes, passant d’un bleu électrique à un rouge chatoyant. Car cette oeuvre est précieuse dans son raisonnement et dans sa liberté, dans son observation des comportements et des paysages. La sublime technique de mise en scène pulse une inventivité très forte et présente, ce qui influe sur l’émotion qu’on ressent, retenue d’abord pour ensuite être comme rejetée dans le fleuve de la revendication. Une revendication déjà axée sur les dégâts du militarisme chez l’homme puis, toujours avec une empreinte hautement symbolique, sur une multitude de sujets différents, tels que l’handicap ou la croyance à outrance. Le thème est particulier, le mystère d’un ancien cimetière, remplacé par l’hôpital où les malades sont à deux doigts de se rendormir dans leurs assiettes, quand ce n’est déjà fait. Des travaux publiques, afflux massif de travailleurs et de machines pour la construction, s’incruste dès les premiers plans d’une oeuvre intuitive et qui joue intelligemment de la symbolique consacrée à la religion, à la mort, à la vie. Un film qui possède en même temps un vrai naturalisme toujours bien pensé, inauguré avec grande prestance par un réalisateur qui ne sait pas transmettre de subtilité dans ses images (faisant faire déféquer un figurant ou faisant assister aux spectateurs à une érection devant la caméra). Alors qu’arrive la fin, on s’aperçoit de la pure tendresse, comme empreinte de l’odeur des bois et de la terre retournée par les travaux en face de l’hôpital. Toute la magie du cinéma de Weerasethakul réside en même temps dans sa capacité de parler des problèmes récurrents de son pays sans pour autant faire parler ses personnages. Des personnages hautement touchants. Ce « Cemetery of Splendour » est une expérience sans précédents, digne et impressionnante de par toute sa générosité technique et scénaristique qui en découle.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    99 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 septembre 2015
    La force d'Apichatpong Weerasethakul tient dans la douceur de sa mise en scène, en longs plans fixes impeccablement cadrés. Sur un postulat assez simple (...) peu à peu, on glisse dans un univers mental qui rappelle parfois le cinéma de Lynch (Mulholland Drive pour la distorsion rêve / réalité, Inland Empire pour l'évocation de la méditation transcendantale) ou même des installations de néons de François Morellet quand on voit les étranges appareils lumineux reliés aux soldats. Enfin, derrière cette douceur, on devine la douleur du cinéaste de voir son pays plonger depuis plusieurs années dans la violence et la répression. S'il s'agit, comme il l'annonce, de son dernier film tourné en Thaïlande, Cemetery of splendour est un adieu déchirant à sa terre natale.

    LA SUITE :
    LBDC
    LBDC

    84 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 septembre 2015
    CEMETERY OF SPLENDOUR raconte l’histoire d’une vieille dame revenant dans son village d’enfance pour s’occuper de soldats endormis parqués dans un hôpital – l’occasion de réorganiser sa vie, de longues discussions avec des inconnus, ou de faire le point sur les hommes importants pour elle… À moins que tout cela ne soit qu’un rêve de sa propre vie ? Ou de celles des autres ? Ou le théâtre de marionnettes de divinités à l’esprit joueur ?

    Un résumé volontairement caricatural qui sert à mettre en avant une certaine trivialité, synonyme en quelque sorte, d’accessibilité… Car CEMETERY OF SPLENDOUR paraît être un objet élitiste et destiné à un public trop désigné, mais ne souhaite t-il pas en vérité donner une vision universelle de concepts aussi abstraits que la chance, le karma, ou les notions de relativité, d’être supérieurs et donc de religion ?
    À travers son oeuvre et des motifs récurrents, Apichatpong Weerasethakul propose selon moi une interprétation de ces concepts via la culture thaïlandaise; il s’agit d’y faire évoluer des concepts antagoniques dans le même espace temps, confronter l’intime et l’indiscernable à travers des personnages et des entités clés, reflets en quelque sorte, l’un de l’autre.
    CEMETERY OF SPLENDOUR est ainsi un film apaisé ou le beau personnage de Jenjira constitue ce lien entre abstrait et concret.

    Jenjira est donc un personnage écrasé par le poids de sa propre vie… Un « vécu-présent » bien plus palpable chez elle que chez tous les autres protagonistes. Son humour, son histoire, sa délicatesse, son caractère ou sa malformation sont ainsi des repères concrets, et universels. Idem pour ses motivations premières: fuir un quotidien peu satisfaisant, remettre de l’ordre dans sa vie sentimentale, une volonté d’expiation dans l’abandon aux autres, une certaine nostalgie motivant ses choix… Jenjira nous est donc patiemment présentée durant une première partie presque anthropologique, à l’esthétique documentaire – tant dans sa mise en scène à base de longs plans fixes et numériques, que dans l’observation jusqu’au bout-iste d’un rythme de vie, d’un quotidien. Une première partie rythmée donc, par l’excès de dialogues informatifs et l’absence de péripéties, mais qui par son accessibilité relative, facilitera notre compréhension des « manifestations surnaturelles » qui suivront. Car Jenjira, comme les autres, sera soumise à cet immatériel, ce mystique, qui prend forme comme bon lui semble.

    Il y a donc une scène clé – celle ou Jenjira discute avec les deux femmes – de basculement. Cette scène introduit la possibilité de voir en chaque chose le concret ET l’abstrait. Une idée, ET sa représentation. À partir de cette scène, le film superposera à la vision intime du personnage de Jenjira, une représentation évocatrice de concepts évoqués jusque là uniquement par le dialogue et la métaphore.
    Cinématographiquement parlant, cela se traduit par des scènes (encore) plus longues mais aussi plus marquées sur le plan esthétique, ou Apichatpong Weerasethakul semble vouloir capter à travers de (très) longs plans, l’invisible, l’immatériel. Il se focalise alors sur les éléments dissonants, expressions manifestes d’une présence supérieure.
    Si cela confère à CEMETERY OF SPLENDOUR une certaine dimension hypnotique, cela donne lui également une nouvelle profondeur allégorique. Comme si en voulant représenter visuellement les interactions entre réel et mystique, il effectuait un lien entre l’accessible et l’inaccessible.
    Pour moi, sous l’étiquette film d’auteur thaïlandais / incompréhensible, il y a un beau dialogue interculturel; Une porte d’entrée qui nous est destinée à nous, spectateurs occidentaux, pour nous permettre d’envisager autrement notre rapport aux choses.

    À ce titre, si l’hôpital, ses malades et ces fameux néons changeants sera l’expression la plus parlante de cette notion de cycles de vie, certaines propositions sont véritablement troublantes, comme cette impression de voir les personnages évoluer comme dans un théâtre de marionnette (les gens sur les bancs), ou l’idée de passé mélangé au présent et au futur (l’école-hôpital en déliquescence)
    Puis, il y a cette fameuse bactérie de la taille d’un paquebot… Une introduction tout à fait numérique qui dénote autant que les dinosaures de Tree of Life… Pourtant, elle rajoute indéniablement à la profonde réflexion causée par le film:
    N’est ce pas là le symbole le plus pertinent de la nécessité du relativisme et de la valorisation de chaque chose ?
    Qu’est un Homme par rapport à SES vies ? Qu’est une existence par rapport à celle de la planète ? qu’est l’infiniment grand par rapport à l’infiniment petit ?
    Ainsi, le geste intimé à Jenjira d’ouvrir les yeux prend un sens bien moins littéral que celui de se réveiller; C’est d’ailleurs ce que font les soldats, et qui aboutit à une inévitable rechute dans les limbes du « cimetière de splendeur »… Non.
    Ouvrir les yeux, c’est envisager la beauté qui réside dans la cohabitation entre toutes ces entités et concepts.

    Le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul et par extension, la complexe et riche culture thaïlandaise me semblent être les seuls à pouvoir proposer cette profonde réflexion… Toutefois, je reconnais avec humilité, ne pas savoir s’il s’agit de la vision du réalisateur ou de caractéristiques culturelles qui dépassent ma préconception des choses. Il pourrait d’ailleurs s’agir d’un cas hybride ou d’autre chose encore, d’indéfinissable. Cette donnée inconnue fait en tous cas partie intégrante de la fascination qu’a exercée le film sur moi.

    En conclusion, je dirais que CEMETERY OF SPLENDOUR paraît être un objet inaccessible mais pourrait, au contraire, être tout l’inverse:
    une porte d’entrée vers une nouvelle façon de concevoir le monde, via une culture qui livre délicatement ses secrets et subtilités.

    La critique, sur Le Blog du Cinéma
    phil93310
    phil93310

    4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 septembre 2015
    Le dernier film d’Apichatpong Weerasethakul se termine sur les yeux grands ouverts de son actrice principale, Jenjira Pongpas, après une expérience primitive, chamanique, de rêve éveillé qui avait d’abord provoqué des larmes. Ouvrir les yeux sur le chaos politique dont est aujourd’hui victime la Thaïlande, opprimée et muselée par la junte militaire ou fuir dans le sommeil, les rêves, loin de la léthargie collective.
    Rester debout, raide en écoutant sur injonction l’hymne national ou trouver d’autres refuges.
    C’est ce que raconte le dernier film du réalisateur thaïlandais qui certifie qu’il ne tournera plus dans son pays, la situation étant intenable, mais cherchera l’inspiration ailleurs...
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