Denis Villeneuve a déjà montré son indéniable talent avec Prisoners, Incendies et Enemy, et voilà qu'il nous revient en force avec Sicario, film qui prend à la gorge de toute évidence, qui donne lieu à une une quatrième claque cinématographique de sa part.
D’un plan, Villeneuve renoue immédiatement avec le cinéma atmosphérique qui a fait la force de ses deux précédents métrages. Avec la sécheresse intense captée par les images épurées de la caméra, le réalisateur saisit immédiatement à la gorge son spectateur pour lui imposer son propre sens du rythme et de l’ambiance.
La scène d'introduction est sans doute l'une des plus fortes que j'ai pu voir cette année. Une scène qui nous met directement dans le film, réalisée de manière très propre et qui plus est, avec une musique contenant des percussions répétitives qui nous mettent cash dans l'atmosphère et l'ambiance sombre du film. On ressort sonné de certaines séquences, soumis à une pression continue savamment dosée par le réalisateur. Quelque part, dans ces trois grandes séquences d’action, Sicario devient un film ressenti en apnée avec ses personnages. Cela dit il ne faudrait pas croire que Sicario demeure pour autant un simple film d’action remarquablement bien tourné. A la manière de Prisoners, Villeneuve poursuit son étude de la société contemporaine américaine en disséquant ici ses institutions judiciaires « d’élite », confrontées à leur némésis que forment les cartels mexicains.
L’écriture du film est d’ailleurs assez intelligente pour ne jamais manquer de recontextualiser la complexité de la situation, façonnée ici à la fois par les agissements des personnages, leurs enjeux ou paradoxes, et surtout les fins obtenues. Ainsi, le scénario fait preuve de cohérence jusqu'au bout. Sicario, à la manière de Zero Dark Thirty, s’aborde très intelligemment depuis la perspective d’un point de vue féminin fort qui évidemment voit sa sensibilité heurtée face un univers impitoyable au choix des méthodes inéluctable. Et qui n'est pas mieux placée qu'Emily Blunt, quiest selon l'une de smeilleurs actirces actuelles, pour jouer ce rôle ! Très convaincante, comme toujours. Que dire des personnages subtils de Josh Brolin et Benicio Del Toro. L'homme du film, clairement. A la fois si humain et si.. étrange dans sa manière de jouer, il transcende l'écran, laissant tous les autres talentueux acteurs juste derrière.
Bref, regarder c'est Sicario, c’est assister à la montée en puissance de l’un des auteurs contemporains les plus à suivre sur la scène internationale, capable de puiser le meilleur du cinéma américain, trop souvent malmené par ses propres citoyens. Un film coup de poing qui ne manquera pas de vous mettre dans une situation dérangeante. En plus de la réalisation sublime, des acteurs très justes, la musique répétitive de ses percussions et de ses basses lourdes, ne font que donner davantage de puissance à l'atmosphère du film. Bref, à voir.