Avis sur Maidan

Cannes se pique d'avoir une conscience politique et d'être en phase avec son époque.
Aussi, en pleine crise russo-ukrainienne la projection du documentaire de Sergueï Loznitsa (remarqué pour le très beau "Dans la brume") avait-elle la force de l'évidence.
De décembre 2013 à février 2014 - date du départ du président Ianoukovitch, S. Loznitsa a planté sa caméra numérique au milieu de la place Maidan, creuset de la contestation populaire contre un pouvoir pro-russe qui refusait de signer un accord d'association avec l'Union européenne.
Las ! Un sujet d'actualité et une signature connue ne suffisent pas à faire un film. Les longs plans fixes sur la foule ne disent pas grand chose de la colère d'un peuple et de sa détermination. Les scènes confuses de combats entre les manifestants et la police sont illisibles. L'absence radical de commentaire, d'interview, de musique prive le spectateur de toute contextualisation et lui donne la fâcheuse impression d'un travail bâclé pour être projeté à Cannes dans les temps.
Après 2h7 interminable, on se sent comme Fabrice del Dongo : propulsé au cœur d'une bataille dont on n'a rien compris.

Ce documentaire est essentiel. Il est presque exclusivement visuel. Il retrace l'histoire d'une place de la révolution, pendant 5 mois, dans la capitale de l'un des pays charnières de l'Europe. Et l'histoire de cette place entre directement dans l'histoire du pays. Attention, c'est particulier : 98% de plans fixes, aucun commentaire parlé, aucune musique, aucune interview et cela dure 2h10. Je ne vais pas dévoiler les raisons de ces 2% de plans mobiles. Les seuls commentaires sont 5 cartons de texte affichés au fil du temps, recadrant la situation. S. Loznitsa pose sa caméra sur un trépied, en son direct, et attend. Les sous-titres, si, si, il y en a, traduisent tour à tour les quelques discussions volées au passants, les discours ou annonces faits au micro ou les chansons et hymnes entonnés. Pendant presque une heure, il ne se passe pas grand chose, le film n'étant pas pour autant ennuyeux, mais plus on avance, plus les images sont intéressantes et plus l'intérêt grandit. Cela permet de tenir la longueur du film sans problème. S. Loznitsa a su trouver les meilleurs emplacements pour poser sa caméra, c'est cela son grand mérite. Finalement mon appréciation du film n'a cessé de croître tout au long du film, et la fin est réellement émouvante. Je suis allé voir ce film, parce que j'avais trouvé son film de fiction "Dans la brume" sublime, bien m'en a pris !

Voilà un film qui repose la question que doit ce poser tout réalisateur de documentaire : vais-je choisir de montrer sans aucun commentaire ou bien vais-je choisir d'accompagner d'un commentaire les images que je vais filmer ? Il est évident qu'il serait naïf de penser que le premier choix permet plus d'objectivité que le second : on peut, par le simple choix des images, leur faire dire ce que l'on veut ! En tout cas, après avoir quitté le monde du documentaire le temps de réaliser 2 superbes films de fiction, "My Joy" et "Dans la brume", l'ukrainien Sergei Loznitsa est revenu à ses premières amours pour filmer ce qui s'est passé à Kiev entre novembre 2013 et mars 2014. Manifestement, pour lui, le premier choix s'est imposé : il posait sa caméra, il filmait en plans fixes, en son direct, aucun commentaire, aucune interview, aucune musique d'accompagnement. On n'entend que des conversations, des annonces au micro, des chansons et des hymnes entonnés par les participants à ces manifestations. Un choix tout à fait honorable mais qui s'avère très dur pour le spectateur sur une durée de 127 minutes. Dommage, car les événements filmés étaient importants. Dommage, car ce documentaire qui, sans aucun doute, passionnera les historiens dans le futur, finit assez vite par ennuyer le spectateur lambda.

A l’origine

Coup de projecteur sur l’origine des mécontentements et l’évolution des manifestations jusqu’à la crise ayant conduit à la fuite, notamment, du président de l’Ukraine.

Parfois un peu long, mais sans doute nécessaire pour mieux apprécier les périodes d’effervescence et de rush, ce film présente l’intérêt de revenir sur les bouleversements qui ont conduit à placer l’Ukraine en tête des actualités.
Certaines étapes du film sont poignantes et le spectateur que j’ai été s’est senti projeté à Kiev, en pleine foule et au milieu de la place Maïdan. Emouvant !

Très nul et ennuyeux. Très orienté ce qui exclut l'objectivité, donc sans intérêt...

Ce film documentaire est éclairant vis à vis de la guerre d'Ukraine qui dure depuis le 24 février 2022.
La première scène c'est l'hymne qui est chanté par une foule d'Ukrainiens contestataires. Ce chant dit que les Ukrainiens se battront corps et âmes pour défendre leur liberté... Comment être étonné de leur résistance dans cette guerre de 2022 ?
Aussi, on sent que la colère des Ukrainiens est ancienne et cette manifestation de 2014 a en quelque sorte préparer les Ukrainiens à faire la guerre à la Russie psychologiquement.

La réalisation est parfaite parce que le film rend bien compte de l'évolution de la situation : Ça monte en tension au fur et à mesure. Si je peux me permettre une petite comparaison, tout est amplifié par rapport aux Gilets Jaunes : plus grosse mobilisation, plus grosse répression,...C'est vraiment une manifestation majeure.

Ce film fait de plans fixe ne rend pas forcément le film incroyable mais le rend universelle et intemporel. Bravo à Sergei Loznitsa.

Après un certain recul, presque deux ans après sa sortie, le film fait toujours gage d'un vaste tableau d'exposition, où nous découvrons la vie des manifestants du Maïdan, la construction de leur identité au sein de l'insurrection, des longs plans pouvant raconter un acte décisif de la révolution, ou de simples instants de l'organisation entre hommes et femmes vers la même idée, renverser un pouvoir corrompu. Certes, il n'y a pas d'explications qui viennent conforter les yeux du spectateur, pas de personne qui parle explicitement à l'écran, et raconte à chaud les événements qui déroulent à toute vitesse, mais cela est normal, quand il n'y a pas de caméra, et que nous vivons cela comme un vrai spectateur, vivant avec la foule les émotions qui transparaissent dans la foule. Bien que parfois un peu long, il n'en est pas moins ennuyeux, (peut-être le regarder avec un entracte?) il faut simplement s'immerger. Bien que la caméra ne soit orientée que du côté des manifestants, nous sommes simplement là pour vivre avec eux, et surtout, survivre avec eux.