Avis sur Le Paquebot Tenacity

La pauvreté et la banalité de l'intrigue (qui n'existe qu'en fin de film) font pitié, sinon le film n'a rien à dire, c'est un film d'ambiance, mal joué (même si Préjean se défend un peu) et ennuyeux, le sujet aurait pu convenir à un court-métrage de 20 minutes mais là, on trouve le temps très long. La fin est d'un gnangnan impossible, elle a peut-être inspiré Jacques Brel pour sa chanson "Je vous ai apporté des bonbons"

Bon, il faut le dire : c'est très, très vieillot. Le traitement, les chansons, les dialogues, l'interprétation... Tout est on ne peut plus daté et si vous n'êtes pas sensibles au charme du cinéma des années 30, « Le Paquebot Tenacity » risque d'être une expérience délicate. Reste un réel regard sur ses personnages, ce « petit peuple » dont Julien Duvivier décrit ici les rêves, les espoirs et les désillusions avec une réelle sensibilité, s'offrant même de temps à autre quelques audaces techniques plutôt réussies. Et le ton, savant mélange d'optimisme et de pessimisme jusqu'à la dernière minute, donne à ce témoignage d'époque une certaine valeur, aussi daté soit-il. Mineur dans la carrière de son auteur, mais plutôt touchant.

Pour Duvivier, c'est bien sûr un film mineur. Mais ce n'est pas aussi mauvais que j'ai pu le lire. L'histoire est mince mais différents thèmes comme les vélléités de fuite des personnages qui se heurtent à l'immobilisme contraint ou choisi ou encore cette manière de voir le destin dans toute chose sont assez bien servis par une mise en scène fluide et énergique qui utilise décors, accessoires et machines pour mieux rattacher les personnages à la matière.
Fort heureusement, on échappe au spoiler: meutre final
qui est la conclusion de pléthore de productions des années 30/40...