Tsili : les secrets du tournage

Tsili est une adaptation du roman du même nom de l'écrivain israélien Aharon Appelfed. S'il est assez célèbre en Israël, en France, il ne fut connu qu'à partir de 2004 où il remporta le Prix Médicis Etranger pour "Histoire d'une vie".

Tsili marque la deuxième collaboration entre Amos Gitaï et la comédienne française Sarah Adler qu'il avait déjà dirigée dans son précédent film, Ana Arabia en 2013. Le film marque une étape supplémentaire dans la carrière de l'actrice qui s'est imposée ces dernières années comme l'un des nouveaux visages du renouveau du cinéma israélien.

Tsili est né de l'envie d'Amos Gitaï d'adapter le célèbre romancier israélien Aharon Appelfeld, comme il l'explique : "Aharon Appelfeld est un auteur que je respecte infiniment, d'abord parce qu'il n'instrumentalise pas la Shoah. Il n'utilise pas des choses extérieures à son expérience, il y a un minimalisme dans son écriture que je trouve essentiel, profondément juste et émouvant. Adapter ce texte pour moi me permettait de mettre de la distance, de ne pas être illustratif. J'avais envie de faire un film de tendresse au milieu de cet enfer. C'est ce contraste-là qui m'intéressait. Appelfeld tisse ses récits avec de minuscules détails."

Amos Gitaï a déjà adapté des oeuvres littéraires au cinéma à l'image de Roses à crédit tiré du roman du même nom d'Elsa Triolet en 2010. Pour Tsili, il a souhaité rester fidèle à sa démarche dès lors qu'il s'attelle à ce genre d'exercice, à savoir ne pas faire une simple illustration puisqu'il considère que les grands textes littéraires n'en ont pas besoin. En outre, le travail d'adaptation que le cinéaste a fourni est également le fruit de longs échanges avec Aharon Appelfeld qui a été très présent tout au long du tournage du film.

Amos Gitaï a souhaité faire de Tsili un film inscrit dans un registre qui soit minimaliste et à l'inverse de ce que le cinéma contemporain peut proposer : "Pour moi, le cinéma actuel ne prend pas la bonne direction, avec cette tentative de faire des films de plus en plus violents et spectaculaires. Il faut revenir à la simplicité. A la litote. A des éléments très simples, dès le début, et travailler avec cela. C'est sans doute pour cette raison que j'aime beaucoup Rohmer, qui arrive à faire un cinéma si touchant avec très peu d'éléments. Ou Philippe Garrel", déclare-t-il.

Le cinéaste a effectué plusieurs repérages pour les besoins de son film, aussi bien en Roumanie, en Ukraine qu'en Russie. Finalement, Amos Gitaï a posé ses caméras en Galilée sur le Mont Carmel en souhaitant miser sur l'aspect minimaliste et non territorial du film, partant du principe qu'il n'est pas important de savoir exactement où se passe cette histoire.

Amos Gitaï a tourné son film en yiddish alors qu'Aharon Appelfeld écrit en hébreu. Le choix d'opter pour cette langue quasiment morte provient du fait que le réalisateur souhaitait faire entendre la langue que parlaient les communautés juives d'Europe de l'Est. Pour ce faire, il a demandé à ses acteurs d'apprendre leurs dialogues phonétiquement. Chacun des comédiens a travaillé à sa manière en allant puiser dans ses racines, à l'image d'Adam Tsekhman, d'origine ukrainienne qui s'est rendu chez sa grand-mère.