The Lesson : les secrets du tournage

Les deux réalisateurs, Kristina Grozeva et Petar Valchanov, travaillent ensemble depuis 2010. Ils ont coréalisé un documentaire et deux courts-métrages avant d’écrire The Lesson, leur premier long-métrage.

Le film a pour origine un fait divers que les deux réalisateurs ont voulu transformer en une "parabole sociale contemporaine".

Les deux réalisateurs ont insisté sur leur volonté de dénoncer la corruption généralisée qui sévit en Bulgarie, "jusqu’à devenir un modèle, essentiel à la survie de tout un chacun bien qu’allant à l’encontre de principes moraux fondamentaux". Dans le film, les figures menaçantes sont souvent des hommes, car "nous vivons encore avec le poids d’une société qui véhicule une figure masculine brute et primitive", précisent-ils.

La professeure (Margita Gosheva), alors qu’elle est confrontée à de graves problèmes financiers, semble terriblement isolée voire abandonnée, même par son propre père. Selon les deux réalisateurs, cette solitude fait écho à la situation actuelle en Bulgarie, où la société aurait "délaissé la solidarité pour l’argent".

Kristina Grozeva et Petar Valchanov sont très attachés à la liberté d’interprétation du spectateur, à tel point qu’ils cherchent à évacuer tout élément qui pourrait l’influencer d’une quelconque manière. Il s’agit pour eux d’éviter de tomber dans le mélodrame, ce qui implique par exemple d’alléger l’ambiance en ajoutant quelques touches d’humour ici et là et en supprimant les grands mouvements de caméra. La musique est également presque bannie du film, car selon eux, elle guide le spectateur et lui dicte les émotions qu’il doit ressentir : "Nous voulions raconter une histoire comme un éclat de vie porté par les émotions de l’héroïne, porté par ses actions, ses décisions sans donner trop d’indices au spectateur. Ce sont ses choix qui déclenchent toutes les émotions."

Nadia, jouée par Margita Gosheva, est presque toujours filmée en gros plan, alors que les personnages secondaires sont plutôt montrés dans des plans plus larges, pour que le spectateur ait l’impression de les voir à travers les yeux de Nadia, qui est la narratrice de l’histoire.

L’actrice principale, Margita Gosheva, avait déjà travaillé pour les deux réalisateurs : elle figurait dans l’un des courts-métrages de Kristina Grozeva, et avait été choisie pour jouer dans une minisérie qu’ils avaient réalisée.

The Lesson a très vite été comparé aux travaux des frères Dardenne par les critiques. Kristina Grozeva et Petar Valchanov ont confirmé cette inspiration. Ils ont aussi évoqué le cinéma néoréaliste italien représenté par Visconti ou Vittorio De Sica et la nouvelle vague roumaine parmi leurs références.

Les réalisateurs disent se sentir proches du cinéma bulgare. Leur idéal, dont The Lesson est porteur, serait de relancer la production et la réalisation de films en Bulgarie, après des années difficiles dues au contexte politique. "Nous espérons vivement fédérer un mouvement du jeune cinéma bulgare qui se serre les coudes pour faire émerger un cinéma contemporain de qualité et qui ne se bat pas pour obtenir des subventions ou qui perdrait son âme sur l’autel du box-office."