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    L'étreinte du serpent
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    82 critiques spectateurs

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    Sildenafil
    Sildenafil

    63 abonnés 1 028 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 5 mars 2022
    Si le film est indiscutablement bon dans le forme (images léchées, ambiance mystique, jeu d'acteur irréprochable, bon rythme - bien qu'un peu long sur la fin), on peut regretter un manque cruel d'audace dans le fond : remplissant le cahier des charges de la modernité, le film s'articule sur la culpabilisation de l'homme blanc matérialiste oppresseur et un panégyrique de la nature.
    Mathilde Russo
    Mathilde Russo

    24 abonnés 53 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 juin 2017
    Abrazo del Serpente est un film unique, rare, envoutant et perturbant. La photo est sublime ...sur un noir et blanc très très courageux sur un film sur la foret. L'histoire qui nous est contee glace le sang et on a peine à croire que cette zone de la Colombie au bord de l'anéantissement complet existe. Les acteurs sont bouleversant de vérité. Je repense souvent à ce film étrange qui me revient par flash etranges. à voir absolument.
    FaRem
    FaRem

    7 421 abonnés 8 816 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 13 mai 2016
    Je ne suis pas aussi "excité" que la plupart des gens par ce film, mais ce paisible voyage sur l'Amazone et à travers l'Amazonie se laisse regarder sans déplaisir. On suit deux histoires en parallèle qui ont 40 ans d'intervalle et qui sont assez similaires donc pas forcément utile surtout pour la deuxième qui occupe peu l'écran et dont je me serai bien passé hormis pour le passage où ils vont là où il y avait les curés et les enfants, c'est une scène troublante avec une ambiance étrange, c'est comme si on était au royaume des fous, c'est dommage que ça ne dure pas plus longtemps. Pour le reste, c'est plus ou moins toujours la même chose, il y a quelques longueurs sans que ça devienne ennuyeux, la photographie est soignée même si j'ai été troublé par le noir et blanc au début et l'histoire ne m'a pas passionné des masses, mais j'ai regardé ça avec attention et sans déplaisir.
    cylon86
    cylon86

    2 259 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 avril 2016
    Avec ce film Ciro Guerra nous embarque pour un voyage de deux heures en pleine Amazonie, un voyage où les temporalités se confondent et où les repères se heurtent à l'immensité de la forêt vierge. "L'étreinte du serpent" nous conte deux histoires parallèles mettant en scène Karamakate, un chaman amazonien vivant isolé depuis l'extermination de sa tribu. Dans une histoire, se déroulant en 1909, on suit Karamakate aider l'explorateur allemand Theodor Koch-Grünberg à trouver la yakruna, une plante légendaire qui aiderait Theodor à guérir de la malaria. Dans l'autre histoire se déroulant en 1940, on retrouve un Karamakate plus âgé aider Richard Evans Schultes, botaniste américain, à se remettre sur la piste de cette même plante. Koch-Grünberg et Evans Schultes ont bien évidemment existé et c'est d'après les journaux et travaux de ces derniers que le réalisateur Ciro Guerra construit son film. Un film qui se voit aussi bien comme une sorte de documentaire tant il dépeint avec réalisme l'Amazonie de l'époque qu'un film d'aventure, une quête initiatique qui n'est pas sans faire penser aux œuvres de Werner Herzog ou de Joseph Conrad. On se retrouve plongés dans un monde qui semble hors du temps et sans limites, un monde où l'homme blanc ne peut asseoir son emprise et il doit mettre de côté tout son savoir et tous ses préjugés s'il veut survivre. D'emblée ce qui frappe avec "L'étreinte du serpent", c'est qu'il se refuse la couleur. Le choix est d'autant plus étrange que l'on imagine parfaitement combien le vert des forêts luxuriantes est magnifique. Mais Guerra préfère tourner en noir et blanc, utilisant chacun de ses décors pour soigner la profondeur de champ ou mettre en exergue une beauté encore plus fascinante une fois dépouillée de sa couleur. Visuellement c'est magnifique et le film force à l'admiration. Scénaristiquement, c'est plus bancal. Car le film se vit vraiment comme une quête initiatique, celle que les personnages occidentaux vivent auprès de Karamakate. Dès lors, malgré la fascination qui s'impose, on a bien du mal à entrer complètement au sein de cette œuvre, un peu hermétique. A défaut de vivre la grande aventure des personnages, on ne peut pas vraiment la ressentir. Il en résulte un sentiment de frustration, comme si Guerra en personne voulait nous empêcher d'entrer complètement dans le film. Peut-être nous invite-t-il à venir voir l'Amazonie en personne pour en découvrir tous les charmes et mystères dont il se fait le porte-parole. Une chose est sûre, c'est qu'après les images sublimes dont il nous a gâtés, l'envie ne nous en manque pas.
    Acidus
    Acidus

    621 abonnés 3 650 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 janvier 2016
    Avec "L'étreinte du serpent", Ciro Guerra nous convie à une véritable plongée au coeur de la forêt amazonienne, à la rencontre des autochtones et de soi-même. Car, en plus d'avoir des airs de "Road-movie" (ou devrait-on dire "River-movie"), "L'étreinte du serpent" est un voyage spirituel; voyage des personnages principaux mais égakement du spectateur qui vit le film comme une authentique expèrience cinématographique. Dans cette intrigue où se mêle mysticisme et folie, il y a un peu de "Aguirre, la folie de Dieu" de Werner Herzog. Point fort de ce long métrage colombien: la réalisation et une photographie sublime que vient renforcer l'utilisation d'une image en noir et blanc. Il suffit de se laisser porter par la trame narrative et sa poésie, prendre les choses telles qu'elles sont même si on ne les comprend pas toujours. Une oeuvre rare et magnifique.
    ferdinand75
    ferdinand75

    453 abonnés 3 640 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 mai 2018
    Un film très intéressant et original. Cette remontée aux sources de l' Amazone et cette recherche de la plante sacrée. On assiste aux pratiques chamaniques, il y a un côté documentaire sur les Indiens d' Amazonie et leurs pratiques ancestrales . Mais cela est aussi très actuel, car nous ramène , à toute l'actualité autour du New Age, du Chamanisme et du Zen..Le Noir et Blanc amène une esthétique élégante et donne de la porfondeur au sujet.
    Hastur64
    Hastur64

    191 abonnés 2 289 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 septembre 2016
    C’est vraiment par le plus grand des hasards que je suis tombé sur ce film et, ne sachant même pas de quoi il pouvait bien parler, je me suis donc mis à le regarder sans le moindre a priori. Ni déçu, ni conquis, j’ai cependant passé un bon moment devant un long-métrage qui sort un peu de l’ordinaire. D’abord, par son sujet un voyage spirituel et humain dans la partie colombienne de la forêt amazonienne. Ensuite par le traitement de l’image, le réalisateur colombien Ciro Guerra ayant tourné son film en noir et blanc, un peu dommageable à mon avis car cela fait perdre les nuances infinies de vert de cette forêt-monde, mais ce qui intemporalise bien les événements. Enfin par le casting (international : belge, américain et colombien) qui met en avant des inconnus avec beaucoup d’acteurs d’origine indienne, dont le personnage principal Karamakate, joué par Niblio Torres et Antonio Bolivar. (Au fait Allociné ce sont les vraies têtes d’affiche du film et non les deux acteurs européens, merci donc de les faire paraître en premier dans la distribution. À tout seigneur, tout honneur !). Après, l’histoire - qui s’étend sur plus de deux heures - n’est pas, il faut l'admettre des plus passionnantes, mais elle reste quand même intéressante dans la mise en parallèle de ces deux histoires d’explorateurs européens venus chercher une plante rare et qui doivent se laisser guider par Karamakate, un Indien qui ayant vu son peuple massacré par les planteurs de caoutchouc, méprisent les blancs. Il faut accepter les digressions métaphysiques et spirituelles qui parsèment le film et qui mettent en confrontation la vision amazonienne du monde et celle de l’Occident. Un film original qui mérite donc le coup d’oeil, même s’il déconcertera plus d’un spectateur. À voir.
    BeatJunky
    BeatJunky

    121 abonnés 1 930 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 16 août 2018
    Une belle surprise! Je pensais trouver des longueurs et des passages ennuyeux et finalement, le film grâce à une mise en scène délicate et un rythme très tranquille mais à moitié envoûtant (qui a dit "ennuyeux" ?!?! :-D ) je me suis laissé embarquer dans le trip de cet explorateur qui espère trouver une plante mystérieuse... Mais quelles sont vraiment ses intentions que pense t'il en faire de cette plante.... L'indien qui accepte de l' accompagner dans sa quête a t'il raison de s'en méfier ? C'est en partie l'histoire de ce film unique bien plus accrocheur que ce à quoi je m'attendais. Le noir et blanc est magnifique et apporte vraiment beaucoup à l'esthétique générale du film qui mérite le coup d'oeil rien que pour ses magnifiques images... Scénario original et accrocheur. Mise en scène toute en finesse, photo magnifique excellente interprétation .... Le film n'a pas de gros défauts et se regarde facilement - sans ennui contrairement à ce qu'on pourrait croire... Un film où il faut se laisser porter pour bien 'apprécier
    brunocinoche
    brunocinoche

    69 abonnés 1 072 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 mai 2016
    Film sud américain totalement hypnotique, de très belles images de la nature en noir et blanc, un récit initiatique très lent et très beau, mélangeant réflexions philosophiques et impressions surnaturelles et passant habilement d'une époque à une autre. On pense au Charles Laughton de "La nuit du chasseur", au Jim Jarmush de "Dead man", un peu au début aux films de Werner Herzog mais pas trop finalement tant l'hystérie est peu présente dans ce film, on pense même à la fin au Kubrick de "2001" avec des images finales inattendues et surprenantes. Fort de toutes ces références, "L'étreinte du serpent" est finalement un film unique et étonnant, à condition d'accepter la lenteur du récit.
    elriad
    elriad

    381 abonnés 1 784 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 juin 2016
    dans les paysages aussi inquiétants que fascinants de l’Amazonie, le jeune réalisateur colombien Ciro Guerra signe un film hypnotique dans un superbe noir et blanc, soignant chaque plan dans un kaléidoscope ou végétation et rivière se confondent et se fondent. Parcours initiatique, parabole poétique parfois abscons, le film entraîne le spectateur dans une réflexion sur la civilisation encore intacte, "l'eden" à à préserver, le savoir contre l'innocence. un film qui fascine et parfois agace, mais toujours honnête dans sa démarche.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    90 abonnés 2 038 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 février 2020
    → BOUGER LE MONDE
    1909. Quand Theodor Koch-Grünberg rencontre Karamakate, le chaman, au détour d’un méandre amazonien, il lui demande s’il est le bouge-mondes, comme une inspiration pour le spectateur à poser la même question à Ciro Guerra, le réalisateur : sa jungle en noir et blanc est-elle le chemin révérentiel vers une Amazonie perdue ? Un monde ”bougé” pour en révéler un autre, déplacé d’une époque vers une autre afin d’être dévoilé à ceux qui n’en furent pas témoins ? L’idée en tout cas de ces mondes superposés sera récurrente.

    En se plongeant dans un passé qu’il s’amuse à rendre commun aux deux rives de l’Atlantique, Guerra avait pour projet de raviver le souvenir de tous les peuples qu’on a oublié avoir oubliés, mais il a fait tellement plus que cela.

    → LUXURIANCE MONOCHROME
    Le choix du noir et blanc n’est pas qu’une ouverture ou un symbole : c’est une vraie transposition du paysage dans une acception surréelle où l’on a l’impression de découvrir totalement la forêt derrière des clichés enfoncés depuis longtemps dans notre esprit par le genre documentaire duquel Guerra se détache entièrement : hommage ou non, il veut qu’on puisse résonner à l’unisson de son œuvre, et tant pis si ça doit prendre des airs de vulgarisation visuelle.

    Si le cinéma était né en couleurs, il aurait inventé le noir et blanc juste pour mettre en exergue son équivalence avec le bleu et vert d’une Amazonie imperturbable. Une équivalence imparfaite mais qui permet à une photographie déjà sensationnelle de nous faire douter de tous les contrastes : parfois ils semblent lissés, d’autres fois accentués, et l’on ne tardera pas à se rendre compte que le scénario produit le même effet. Superposition.

    → SILENCE, LE MONDE TOURNE
    1940. Quand Richard Evans Schultes rencontre Karamakate, il lui dit qu’il consacre sa vie aux plantes, et l’autre de lui répondre que c’est la chose la plus sensée qu’il ait jamais entendu d’un Blanc. Le chaman est le même : il est plus âgé, moins amer et plus sage, mais il a aussi perdu la mémoire d’un temps où les Blancs se préoccupaient plus que les autochtones de préserver leur culture – si si ! du moins quand la religion amenée par des prêtres à l’accent toujours très castillan n’interdisait pas aux disciples, des locaux, d’utiliser leurs noms et langues maternels.

    La question se pose de qui lui a vraiment fait perdre son identité culturelle : est-ce le Blanc, l’envahisseur ayant imposé ses mœurs, où sont-ce les indigènes – non pas les caboclos ou ceux que l’on accuse de se comporter comme tels, mais au contraire ceux qui furent aveuglés à la nécessité d’un compromis par leur propre hostilité insensée ?

    C’est une vision neuve où les responsabilités sont réparties à parts égales et qui semble pour cette raison très vulnérable aux détracteurs anti-révisionnistes contemporains : L’Étreinte du Serpent a tous les traits d’une œuvre toute en interprétation douce où la moindre liberté artistique peut devenir stigmate.

    Aucune prise n’est toutefois tendue au moindre puriste car Guerra s’emploie à nous enfermer dans l’inéluctabilité multiple des dissensions culturelles : tous les changements de direction du scénario ont leur place. Souvent la spiritualité sert d’échappatoire magnifique au reste des blocages, évitant de susciter un exotisme piètre ou des mouvements scénaristiques abscons.

    Guerra évite d’autres écueils en n’établissant pas la duplicité à l’échelle humaine, mais au-dessus de lui, comme si l’humanité était liée et soumise aux principes qui la font se mouvoir au même titre que indigènes sont liés et soumis à leurs croyances. Superposition. Une sensationnelle manière de partir de zéro et de laisser le symbolisme se substituer à la fiction – comme dans mon film préféré de Herzog, Le Pays où rêvent les fourmis vertes, qui est le seul où il arrive, à l’instar de Guerra, à ne prendre parti ni pour son sujet ni pour ce qu’il lui évoque.

    → POUMON VERT, MÉMOIRE VERTE
    Trente ans ont passé entre Koch-Grünberg et Schultes. Commencé avant une grande guerre, le film se clot sur une autre, décidément bien mondiale : l’industrie du caoutchouc est en souffrance, cela se ressent jusqu’au fond du Pérou où Guerra vient faire vibrer les cordes de cette mémoire malmenée qu’il transmet tout en gestes, ressuscitant des rapports humains qui ne sont possibles que sur l’intime ligne de crête entre les grandes périodes des civilisations, dont les témoins sont de rares privilégiés oubliés par le monde même qui prétend les ramener à la vie avec ses caméras.

    Je ne peux m’empêcher (déformation semi-professionnelle) d’y voir la justification poétique à ce que certaines langues amazoniennes sont dépourvues de temps grammaticaux ⁽¹⁾ : quelle utilité quand on ne sent pas le monde tourner ? Son mouvement n’est nulle part plus discret que dans l’homogène désordre végétal de la jungle.

    Ces trois décennies sont les plus étranges que j’aie pu voir passer au cinéma, car rien ne distingue ses extrémités que Koch-Grünberg et Schultes, les étrangers venus du monde occidental et pour qui tout a changé entre 1909 et 1940. On est ramené à la scène de La Machine à explorer le temps, de George Pal, lorsqu’on voyage de 1917 à 1940 et que George (le personnage, pas Pal) s’étonne de voir que la guerre ”dure toujours”.

    Là encore, Guerra vient jouer son rôle de bouge-mondes comme il met en branle des univers énormes : des peuples, l’âme d’une forêt qui s’étend à perte de vue, ainsi que la planète recouverte par le voile invisible de la Seconde Guerre mondiale. Cette ombre belliqueuse est une pollution amenée par les Blancs, ni environnementale ni culturelle ou politique, mais mystique, comme elle sépare le fleuve de son écho céleste et en prive les Hommes.

    → LA FORÊT RÊVE
    Fidèle à la ”chanson” des peuples auxquels elle rend hommage, l’œuvre ajoute ses propres notes légèrement trompeuses : le chullachaqui, démon de la mythologie péruvienne, devient cet alter ego qu’il est joliment métaphorique de faire reconnaître à un indigène dans une photographie de lui-même. Évidemment, le parallèle était trop beau. Déjà maître de son image, Guerra peut être compris et excusé pour cet accès de mélomanie artistique qui l’amena à vouloir faire d’une suggestion planante et perpétuelle l’évidence d’un instant.

    Quand il ne se laisse pas aller à ces piques amusantes ni n’explore de délires ésotériques, le film se base sur les carnets de voyage des deux vrais scientifiques qu’il fait interpréter par des polyglottes : Jan Bijvoet est belge et Brionne Davis a grandi à Paris, Texas (!), chacun parlant au moins trois langues, dont une langue autochtone, et ce n’est pas de trop pour mettre en marche le courant empirique qui s’ajoute au courant spirituel, ce fleuve dans le ciel qui est le miroir du fleuve réel.

    Un des deux personnages, Schultes, est même un Aguirre véritable : il est guidé dans l’hostilité des Hommes et de l’environnement par un tourne-disque, seul objet qu’il refusera d’abandonner et auquel il confie la tâche de porter la chanson de son propre peuple, les Bostoniens.

    Ce n’est pas (non plus ?) un hasard si je tirais l’expression de ”chemin révérentiel” de The Fountain d’Arronofsky. Les deux films ont cette façon de traiter l’âme de la forêt tropicale presque comme un fluide, peut-être parce qu’on la cherche dans l’ayahuasca (le caapi) et qu’elle coule dans le fleuve sous sa forme serpentine, mais surtout parce que TOUT devient symbole : la canopée se fait filtre et une pensée ne peut être vraie que si elle est rêvée à travers elle. Culture, religion, guerre, trente ans qui ont passé : tout se transforme en rêve à son tour et rêve pour le spectateur.

    → EXPLICITE
    De vocation à la fois pure, belle et sobre, l’œuvre ne laissait pas présager de plans oniriques, ces formes qui, près de la conclusion, soudain font exploser la couleur et des formes énigmatiques comme un écho aux croyances chamaniques.

    Rien n’aurait pu mieux me parler que ce jaillissement concret de rêve presque palpable venant compléter une ethnocosmogonie déjà frappante de sa créativité respectueuse. Je n’exagère d’ailleurs pas en disant que j’espérais sans y croire, en le visionnant, que le film en vienne exactement là : à ce passage malick-éen (je pense à The Tree of Life) voulant attribuer une forme à l’abstrait le plus limpide.

    Il n’y a pas d’acteurs. Je ne dis pas ça seulement au sujet des locaux sans vocation qui crèvent l’écran malgré eux et maîtrisent absurdement bien les pauses dans les dialogues, mais bien de Bijvoet et Davis, qui ne pouvaient être que les vrais scientifiques, vraiment polyglottes, vraiment emportés par leur devoir mêlé de passion, comme le chullachaqui l’un de l’autre, qui se parlent à travers le temps comme si les mots du chaman étaient devenus vrais : hier, 40 ans, des millions d’années, ça ne fait aucune différence sous les yeux du jaguar ou dans l’étreinte du serpent.

    → https://septiemeartetdemi.com/
    ATON2512
    ATON2512

    51 abonnés 1 098 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 janvier 2016
    Un retour aux sources, du moins dans son pays. Pour son troisième film Ciro GUERRA signe un film ambigu entre film initiatique et mysticisme . De très belles images, une très belle photo et un noir et blanc sublimé par des éléments autant naturels qu'émanant comme une présence fantastique : L' eau, le fleuve, le vent. Issus de carnets d'un explorateur, le film nous donne à voir et essayer de capter la réalité à mille lieues de la nôtre, de peuples isolés du monde vivant encore au rytme de la nature et des esprits de la terre et du ciel. Presqu'initiatique par moments, le film parfois se perd entre folie et mysticisme inquiétant.
    Un beau film à voir magnifié par un magnifique noir et blanc, très sensoriel pour autant que vous vous perdiez pas dans ce mysticisme un peu fou.
    Domnique T
    Domnique T

    55 abonnés 227 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 janvier 2016
    L'histoire de la dérive de deux aventuriers à 40 ans d'écart le long du même fleuve amazonien ; l'histoire de la confrontation du matérialisme du colon et la spiritualité de l'indigène ; l'histoire de la dérive du prosélytisme.
    Le film débute par une - même deux - quêtes initiatiques, tournées vers le pouvoir du chamanisme, une recherche absolue du message de la nature intacte. Au fil du fleuve, le discours devient de plus en plus politique, de plus en plus critique de l'homme blanc. Le paroxysme est atteint à la découverte d'une mission en totale dérive (on pourrait y voir une critique acerbe de toute dérive extrémiste dans les religions ...) ... et c'est alors que le récit se délite quelque peu dans des arcanes peu maitrisées. Reste une oeuvre attachante grâce à une totale maitrise de la forme, des décors naturels somptueux ... mais sans le souffle épique de Aguirre. Le voyage vers un ésotérisme échevelé reste timide et peu enthousiasmant.
    Christophe L
    Christophe L

    22 abonnés 30 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 3 février 2016
    Un film à la beauté plastique sidérante (pour une fois le mot n’est pas exagéré), qui nous emmène au cœur de l’Amazonie, filmée ici comme un organisme vivant. Bien que blessée par les saignées que lui imposent les Occidentaux, avides d’or blanc (le caoutchouc), elle se défend, s’oppose, hypnotise l’imprudent qui s’aventure dans ses méandres, le faisant basculer dans une folie qui n’est pas sans évoquer celle du colonel Kurtz dans Apocalypse now. Ce poumon vert étouffe celui qui n’est qu’un corps vide, un chullachaqui, selon l’expression de Karamakate, le chaman solitaire du film. Il faut une âme pour vivre en connexion avec cette nature primordiale. Ce que n’ont plus les deux explorateurs Blancs du film qui, à notre image, se montrent infatués de leur technologie (la boussole de Théo), de leur savoir, tout en ne sachant rien…

    Ce voyage initiatique nous entraîne Au cœur des ténèbres, aux limites du fantastique, en particulier lorsque nous croisons la route d’un Messie régnant sur une poignée d’adeptes, d’anciens enfants élevés par un prêtre sadique quarante ans plus tôt, adeptes auxquels il offre littéralement son corps, en une eucharistie cannibale.

    Une belle année pour le cinéma d’Amérique
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    74 abonnés 1 737 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 août 2018
    Dans un magnifique noir et blanc, le cinéaste colombien Ciro Guerra nous plonge au cœur de la jungle amazonienne au cours de deux périodes distinctes de la première moitié du XXème siècle. Il nous embarque avec poésie et talent dans la culture, les rites et les mystères des populations autochtones. Le film dénonce aussi avec véhémence les ravages de la colonisation opérée notamment par les missions chrétiennes.
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