Le film se déroule dans une ville Française d’avant-guerre, avec son ambiance et ses rites, mais par son « Une petite ville, ici ou ailleurs » apparaissant sur le premier plan du film, Clouzot indique que les comportements qui seront montrés, sont eux, universels. Premier plan qui se termine sur le cimetière, affirmant d’emblée la présence constante de la mort dans le film, qui s’ouvre sur celle d’un nouveau-né et se clôt sur celle d’un vieillard. Entre temps, le réalisateur, à partir d’une situation inspirée d’un fait divers authentique, aura montré les tourments et turpitudes du genre humain. Le regard de Clouzot est lucide, désabusé, presque cynique, à l’image de son personnage central Germain, ce qui produit un grand film noir. Mais il est en même temps compréhensif et nuancé, apportant relativité, complexité et intelligence. La narration est impeccable, et plusieurs scènes restent dans les mémoires, par leur puissance narrative ou symbolique (la scène de la procession funéraire qui enjambe la lettre anonyme, la scène de la lettre tombant dans l‘église, contredisant le sermon en cours, la scène -mythique- de l’ampoule qui se balance, oscillation entre ombre et lumière, entre vérité et mensonge, entre bien et mal). Un immense film du cinéma français, auquel ne manque qu’une once d’émotion.