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Brol le chat
8 abonnés
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4,5
Publiée le 11 juin 2022
Tourné essentiellement dans l'appartement bruxellois de sa mère mais entrecoupé de longs plans-séquences de route (dans le désert israélien?) comme dans De l'autre côté, le film semble ne parler de rien, mais raconte sa mère, qui s'affaiblit jour après jour, et leur famille, toujours en longs plans-séquence souvent fixes. Et c'est dans ce rien qu'il y a tout.
Le dernier film de la cinéaste est effectivement un home movie mais aussi une installation, le cinéma est depuis longtemps le média qui transcende le mieux l'héritage de Duchamp dans sa manière de transcender le réel ordinaire en le projetant comme une oeuvre d'art. Le film se fait véritable proposition de cinéma, car c'est l'aura de la cinéaste qui donne à ce home movie une valeur artistique mais surtout c'est la connaissance qu'a le spectateur de ce qui s'est passé après ce film qui rend captivant les images de cette vieille femme arpentant les larges espaces de son appartement où l'extérieur semble comme se forcer une place. C'est le contexte morbide derrière le film qui fait vibrer la vie dans l'image plus que jamais à partir d'une simple fredonnement timide. C'est lui aussi qui donne la charge symbolique et émotionnelle des scènes, avec une sorte d'ironie dramatique comme dans la scène où la cinéaste cherche à tenir sa mère malade éveillée le plus longtemps possible. Finalement, on ne s'est jamais sentit aussi voyeur.
Le dernier film de Chantal Akerman, sort cette semaine. Film particulier forcément, puisqu'il est posthume. Elle s’est suicidée à l'âge de 65 ans, le 5 octobre dernier. Avec No Home Movie, la cinéaste belge nous livre un documentaire sur sa mère dans son appartement bruxellois. Forcément à première vue, c'est au bonheur des freudiens, un suicide, la mort, l'enfance. Même si le film n'est pas exempt de cette grille de lecture là, on oublie cette histoire morbide assez vite. Happé par la singularité de sa mère. Le film s'attaque à un sujet peu traité au cinéma et oublié dans nos sociétés en général, le troisième âge.Âge où tout se réduit, la taille, la pigmentation des yeux, la respiration et l'espace de vie. Et c'est bien ça qu'elle filme, cet appartement. Celui-là même qu'elle ne quitte plus, que sa fille l'incite à délaisser un peu, pour faire une balade. C'est comme le plus petit atome de l'espace de vie. Il y a une certaine finitude du monde à la voir lire un magazine sur son fauteuil.
"Habité par la forme" Chantal Akerman a toujours été une cinéaste qui a réinventé le cinéma. Elle ne se contente pas de porter un regard attendrissant sur sa mère...
Un documentaire bouleversant sur une relation mère-fille fusionnelle et aussi le désir de voler des instants à la mort, ne serait-ce que par la banalité du quotidien.