Après trois ans d’absence, le réalisateur adulé Christopher Nolan est enfin de retour pour notre plus grand bonheur ! Après sa trilogie Dark Knight, son thriller d’action mental Inception et sa grande épopée de science-fiction Interstellar, le réalisateur britannique nous revient en 2017 avec un nouveau film très ambitieux (et très attendu) où il pousse encore plus loin ses obsessions et la technicité de sa mise en scène. Ce nouveau film c’est Dunkerque, son premier film guerre et pour marquer le coup, Christopher Nolan a décidé de nous offrir une vraie expérience de cinéma pas comme les autres pour un film abordant la Seconde Guerre mondiale ! Mai 1940. Après avoir subi une débâcle sans précédent sur le sol français, les troupes alliées, principalement britanniques, attendent d’être évacuées de la plage et du port de la ville de Dunkerque. Ce sont en effet près de 400 000 hommes, stationnés sur cette immense plage, qui attendent leur délivrance, acculés sous les feux de l’aviation ennemie, et n’ayant que pour seul objectif de survivre et de fuir au péril de leur vie. Christopher Nolan est probablement le cinéaste le plus marquant des années 2010. A chaque nouveau projet, toujours plus ambitieux que le précédent, le réalisateur britannique est attendu au tournant, aussi bien par ses fans que par ses détracteurs. Ne sortant qu’un film tous les trois ou quatre ans, lorsque le nouveau Christopher Nolan sort en salle il s’agit d’un des évènements de l’année cinéma ! Après nous avoir offert avec Interstellar une épopée de science-fiction majestueuse et puissante qui a su marquer le public du monde entier, le réalisateur nous revient donc avec un film très différent de ce qu’il a pu faire auparavant puisqu’il s’agit de sa première incursion dans le film historique qui traite de la Seconde Guerre mondiale. Promettant un film de guerre pas comme les autres, quasi-expérimental, d’une grande intensité, avec un maximum de prises de vue réelles tournées en grande partie en France, là où s’est déroulée la fameuse évacuation de Dunkerque entre le 26 mai et le 3 juin 1940, Christopher Nolan plaçait la barre très haute. Et force est de constater que Dunkerque est bel et bien un film de guerre différent des canons du genre ! Si certains pourront être surpris par le traitement du réalisateur sur ce récit de l’opération Dynamo, Christopher Nolan a au moins le mérite de proposer, non pas une réinvention du film de guerre, mais une vision et un traitement différent de celle-ci. Si vous cherchez un film avec un scénario complet avec des personnages assez fouillés, Dunkerque n’est peut-être pas fait pour vous. Christopher Nolan a en effet pris pour postulat de départ de livrer un film de guerre totalement immersif, quasiment sans dialogues, où le réalisme a été travaillé comme jamais pour littéralement plonger le spectateur dans l’action et lui faire vivre une tension et un suspense comme rarement il en a vécu dans un film du genre… Et la mission est tout simplement brillamment accomplie ! En optant pour une narration en trois actes qui s’entremêlent et se lient d’une façon bluffante, le réalisateur revient encore à l’une de ses obsessions : le temps. Dunkerque se divise en effet en trois parties : une semaine sur la plage et la jetée avec des soldats cherchant à sauver leur vie, un jour en mer où un bateau civil anglais doit se rendre à Dunkerque pour évacuer les troupes, et une heure dans le cockpit d’un avion de combat anglais qui a pour mission d’empêcher les attaques de l’aviation allemande. Tous ces évènements s’entremêlent donc d’une manière impressionnante pendant les 1h47 du film, complexifiant ainsi la narration et le scénario forcément basique mais voulu par le réalisateur. De plus, Dunkerque est en quelque sorte l’aboutissement quasi-total du travail technique de Nolan sur ses films : le montage, le son, la musique, la photographie, l’image, les prises de vue réelle, l’utilisation de figurants, de matériel militaire,… Ce film est une véritable expérience sensorielle et totalement immersive du début jusqu’à la fin avec des montées de tension terribles, le tout sans aucune surenchère dans les explosions ou la violence, le film reste sobre et modeste ! Par exemple, les scènes avec Tom Hardy dans son avion sont probablement les plus impressionnantes et bluffantes de Dunkerque car offrant enfin au genre de vraies scènes de combat aérien comme on n’en a jamais vu, à savoir sans musique, seulement la respiration du pilote, le bruit du moteur et le ciel et la mer à perte de vue ! Il est également important de noter que Christopher Nolan a fait le choix de ne pas montrer la violence des événements, d’autres l’ont brillamment fait avant lui tel que Steven Spielberg et son Il faut sauver le soldat Ryan, lui aussi véritable expérience physique et éprouvante, mais avec Dunkerque, Nolan préfère ne pas aborder la violence pour plutôt se concentrer sur le suspense, l’angoisse et la peur que ressentent les soldats pour les faire vivre aux spectateurs cloués à leur sièges ! Rien que les scènes où les Stukas allemands larguent leurs bombes sur la plage, le tout accompagné du terrifiant bruit de moteur de l’avion quand il se met en piqué, le réalisateur renforce ainsi encore plus cette sensation de peur, on s’y croit vraiment ! Et il faut dire que la partition du grand compositeur Hans Zimmer (sixième collaboration avec Nolan) y est pour beaucoup car constamment présente, assourdissante, terriblement tendue, voire asphyxiante parfois, s’accompagnant d’un « tic-tac » constant,… le compositeur offre une nouvelle une partition de grande qualité qui amplifie l’immersion voulue par le réalisateur. N’oublions pas de noter un casting de grande qualité que Nolan réunit pour chacun de ses films, que ce soit de jeunes acteurs qui se démarquent très bien, Fionn Whitehead, Tom Glyn-Carney, Jack Lowden et même Harry Styles, le vétéran Mark Rylance, l’impeccable Kenneth Branagh, et deux des acteurs fétiches du réalisateur : Cillian Murphy et Tom Hardy d’une grande sobriété ! Bien sûr nous pouvons évoquer quelques bémols à quelques endroits du film comme par exemple le fait que le personnage de Fionn Whitehead survive à absolument toutes les situations dans lesquelles il se trouve (sacré chanceux quand même !) ou que le personnage de Cillian Murphy apparaisse dans une scène de nuit sur une barque avec des hommes après le naufrage d’un navire et qu’on l’ait trouvé sur une épave en pleine mer plutôt dans le film alors qu’il est censé être revenu sur la plage… Sinon la plage fait un peu trop propre, les photos d’époque montrent bien que la plage était jonchée de véhicules endommagés ou détruits, de déchets, que les bâtiments qui la bordent étaient sans doute en partie détruits et il y avait surement plus de corps et de trous d’obus, le réalisme n’est finalement pas total mais c’est peut-être une question de budget aussi. Quoiqu’il en soit, Dunkerque marquera les esprits comme les derniers films de Nolan, c’est sûr. Il n’est peut-être pas encore un chef-d’œuvre mais nous avons là, et pour ma part, un grand film de guerre des années 2010 traitant de la Seconde Guerre mondiale. Christopher Nolan a réussi à livrer une de ses œuvres les plus impressionnantes et des plus immersives dans une reconstitution globalement très réaliste et bluffante des événements qu’a connus la ville de Dunkerque en 1940. Pour le moment Dunkerque de Christopher Nolan est le meilleur film de cet été, tout comme un des meilleurs de l’année 2017... Foncez le voir de toute urgence !