Avec « Les Muppets, le retour » et « Alice de l’autre côté du miroir » notamment, James Bobin est la caricature d’un yes man, sans trop de saveur, un peu désorienté par les choix de carrière ou de mise en scène. Ce dernier projet ne va pas non plus l’aider à convaincre son entourage, car on pourra noter une sorte de régression dans ce parcours. Lui et ses producteurs se heurtent donc à « Dora l’exploratrice », une série d’animation qui a toutes les bonnes raisons de stimuler les jeunes enfants dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Pour nous autres européens, ce sera tourné vers l’anglais et pour nos voisins de l’autre côté de l’Atlantique, ce sera l’espagnol, à une période où la population hispanique prenait plus de volume. Il est évident que le film n’emprunte pas cette voie, mais préférera se concentrer sur une aventure familiale, sorte de croisement entre « Les Aventuriers de l'Arche perdue » et « Scooby-doo ».
Isabela Moner porte donc l’héroïne avec bon sac à dos en mousse, ainsi que tout un assortiment d’accessoires stériles au récit. Seule sa performance pouvait susciter l’intérêt, après avoir vagabondé sur les frontières américano-mexicaines dans « Sicario 2 ». Malheureusement, si son jeu est touchant par moment, elle est bridée par un personnage peu développé, car la complexité n’a jamais été l’objectif de cette œuvre impersonnelle. Il s’agit de la garder fidèle à l’animation, aussi bien dans la forme que dans le fond. Et c’est sans surprise qu’on retrouve son code vestimentaire, ainsi que son optimisme à toute épreuve, ce qui est en réalité la seule fraîcheur du film. Et le problème viendra sans doute de ce constat. Elle et son groupe d’amis sont mis à l’épreuve, mais ce serait mentir en parlant de réelle confrontation, car il n’y a aucune résistance, ni de danger, à l’image d’un Chipper qu’on enverrait balader après quelques grognements.
L’intrigue cherche donc à retomber sur ses bases et que trouve-t-on au bout ? De l’humour pipi-caca, littéralement. Si on pouvait hésiter sur la crédibilité de l’œuvre auprès du jeune public visé, il y aurait plus subtil, mais surtout plus lyrisme à faire là-dessus. On oscille régulièrement avec le dessin animé, en amenant de temps en temps quelques références, plutôt amusante au premier abord, mais qui devient lassant et irritant par la suite. La galerie de personnages secondaires n’aide pas non plus à rattraper le temps perdu. Les vestiges du teen-movie ne sont jamais très loin, notamment lorsque Diego (Jeffrey Wahlberg) vit mal l’évolution de sa vie en zone urbaine, quand Randy (Nicholas Coombe), le geek de service se montre vulnérable ou encore après une crise mondaine de Sammy (Madeleine Madden).
Facile et oubliable, « Dora et la Cité Perdue » (Dora and the Lost City of Gold) aurait pu se satisfaire d’être une énième adaptation sans valeur ajoutée, mais le résultat est plus désolant que prévu. On atteint rapidement les limites d’écriture, usant de clichés et autres stéréotypes évitables par moment. Il ne suffit plus de soigner l’image, il s’agit de sauver l’image. Bobin est face à lui-même, manquant de créativité dans les interactions qu’il propose, ou bien de force de proposition, ce qui semblerait être plus désastreux. Son avenir proche semble cloisonné, mais reste à voir s’il pourra surprendre malgré les adaptations à rallonge.