Deadpool 1 était un bras d'honneur aux films de super-héros ; il en prenait les codes pour les tourner en dérision, et le faisait de façon drôle, efficace et très débridée. Deadpool 2, c'est un peu la même chose, mais en moins inspiré. C'est l'exemple-type de la suite qui reprend la recette miracle de son prédécesseur et qui, ne sachant pas trop quoi faire, lui applique un coefficient deux. Résultat, on a une suite inégale : survoltée, et parfois impressionnante, mais souvent rattrapée par son manque d'inspiration. On aurait mauvaise grâce de la condamner, eu égard à ses 2-3 scènes mémorables en milieu de film, mais sans écriture aboutie et surtout sans dosage, elle n'en reste pas moins bancale du début à la fin. Dès la première demi-heure, les digressions fusent à n'en plus pouvoir et dans la seconde, les arcs narratifs sont introduits dans le désordre le plus complet. Qu'il s'agisse de Deadpool, Cable, Colossus ou le gamin, chaque apparition tombe comme un cheveu sur la soupe, ce qui donne à cette suite un rendu chaotique, qui porte préjudice à son rythme d'ensemble. Ceci étant dit, peut-être n'est-ce pas gênant, car Deadpool 2 est avant tout une comédie noire, et lui reprocher ce dont il se fiche ne présente qu'un intérêt limité. Alors d'accord, voyons Deadpool 2 comme une comédie "noire", parce que justement, c'est ici que les choses coincent le plus. Et pour cause, avec l'arrivée de cette suite, le personnage de Deadpool perd sa force transgressive. Larmes et idéaux, contre lesquels il était opposé dans le passé, font maintenant partie de son quotidien. Autant dire qu'il n'est plus le Deadpool cynique d'autrefois, qui savait se montrer surprenant dans ses accès de folie. A présent, Deadpool est cynique, mais d'une autre façon. Son humour se réduit à des blagues de lycéens et sa violence à 2-3 broutilles en périphérie. En termes de comédie "noire", Deadpool 1 faisait beaucoup mieux, ce qui ne serait pas arrivé si le scénario de cette suite avait été travaillé 2-3 mois supplémentaire. Comme quoi, même quand on s'appelle Deadpool et qu'on ne suit aucun ordre, rien ne vaut un scénario construit pour réussir son film. En tout cas, ça aide...