Visages , villages, un film qui fait du bien, tout empreint de légèreté, poésie et humour…les spectateurs ne s’y trompent pas puisque aux Sept Parnassiens, ils ont applaudi à la fin de la projection…entre la photographe, cinéaste , compagne de Jacques Demy, figure de la Nouvelle Vague, et JR, photographe qui se qualifie lui-même « d’artiviste » urbain, malgré la trentaine de centimètres et les 55 ans qui les séparent, le courant est passé…ils ont parcouru la France en long et en large dans leur drôle de camion , moitié photomaton, moitié laboratoire de tirages en grandes dimensions qu’ils affichent sur toutes sortes de supports…certains critiques parlent de film « bout d’ficelle… » en référence à cette figure de style que l’on appelle le dorica castra où chaque nouveau mot commence par la syllabe qui finit le précédant…et là comme dans un jeu de piste, ils nous entrainent d’un lieu à l’autre sans toujours de cohérence, mais toujours surprenant…pas vraiment de scénario, encore que les rencontres peuvent ressurgir de la mémoire d’Agnès comme cet éphémère collage inspiré d’une photo qu’elle avait faite du photographe Guy Bourdin adolescent , agrandie par JR , dont la position du corps épouse la forme d’un blockhaus tombé sur la plage et qui ne vivra que l’espace d’une marée…au fil des rencontres, des visages, des figures comme Vincent Gils, le carillonneur de Bonnieux, Pony-air-sauvage-nature « artiste » brut de Reillanne …Patricia Mercier la chevrière de Goult qui ne veut pas scier les cornes de ses chèvres …les habitants de Pirou sur Mer qui redonnent vie au village fantôme, survivance d’un programme immobilier dont l’échec a abandonné les ruines aux graffeurs, l’espace d’un pique nique convivial…leurs portraits s’affichent sur les ruines, et hommes , femmes, enfants semblent magnifiés par le cliché….sans oublier ces visages de l’industrie, ces salariés d’Arkéma réunis sur le même mur et qui se tendent la main dans un geste de fraternité…et ces dockers du Havre dont les femmes ont accepté de poser et de se voir afficher sur une montagne de containers…la photo redonne vie à un vieux wagon rouillé…une porte de grange, un coron promis à la démolition…Une heure et demie de tendresse, mais aussi de rire et d’émotion…on se laisse bercer et on n’en ressort heureux pour le reste de la journée…