Avis sur Une Histoire d'amour

Pour son dernier film, l'excellent Louis Jouvet se retrouve une fois encore dans la peau d'un flic. Et une fois encore il y apporte tout son flegme et tout son charisme. Le film quant à lui est un drame (social) bien écrit et je pense, toujours d'actualité.

Lefranc dirige Jouvet dans une belle tragédie avec des dialogues signés Audiard.

Excellent polar/drame, noir/blanc, très subtil, avec un Jouvet excellent tout comme les autres acteurs très convaincants. Beaucoup aimé ce film. Scénario excellent, dialogues subtils et tout en finesse. On ne s'ennuie pas du début à la fin....

J'étais bien curieux de découvrir ce film avec Louis Jouvet, son dernier malheureusement, avec un scénario et des dialogues écrit par Michel Audiard et je trouve ça pas mal dans le jeu des comédiens dire les paroles de l'auteur et ça marche !!
"Une histoire d'amour" est un polar pas tout à fait comme les autres, pas de revolver, pas de violence à l'écran, juste une intrigue d'un policier sur la découverte de deux jeunes adultes trouvés morts. L'enquête se passe sur le présent mais aussi avec des flashbacks d'un coup de foudre entre une jeune femme de bonne famille et un jeune homme issu de milieu moins riche à travers des regards malveillants autour. La mise en scène de Guy Lefranc est bien faite et vieillit bien depuis sa sortie en 1951. Louis Jouvet est remarquable dans la peau de l'inspecteur de police aidé par les dialogues de Michel Audiard et Dany Robin (qui a un visage angélique collant bien à son rôle) et Daniel Gélin sont excellents. Les comédiens secondaires sont impeccables aussi. A découvrir.

Assis dans la carcasse d'un bus perdu au milieu de nulle part, un jeune couple d'amoureux serré l'un contre l'autre, se remémore les trop beaux, mais trop fugaces instants qu'ils auront passés ensemble. Ils se tiennent ainsi afin de profiter de leurs derniers instants de bonheur en commun, mais surtout afin de se donner mutuellement courage pour le Grand Voyage qu'il s'apprêtent à faire. Un départ sans retour, puisque leur belle et première histoire d'amour, est définitivement contrariée et refusée par leurs familles respectives.
Quelques instants plus tard, deux "hirondelles" vont passer à vélo et trouver le jeune couple endormi pour l'éternité.
Commencent alors de multiples flash-backs qui vont structurer tout le film et nous révéler ainsi les tenants et les aboutissants de ce drame. De la genèse de ces premières amours à cette inéluctable fin.
En 1951, en serions-nous toujours aux Montaigu et aux Capulets ?
L'enquête sur le suicide de ces jeunes va permettre au film de se muer alors en un virulent pamphlet, en un réquisitoire d'une férocité rarement vue à l'écran sur l'inhumanité, le cynisme, l'égoïsme, la duplicité de certains parents pour qui les apparences, leurs intérêts et les distances à maintenir entre les classes sociales, sont les pierres angulaires passant avant le bonheur de leur progéniture. Gare à cette dernière qui souhaiterait s'émanciper de ces règles ! (Comme va tenter de le faire le jeune couple amoureux du film, joué de façon sobre, émouvante et déterminée par Dany Robin et Daniel Gélin...)
Les Adultes et leurs enjeux mesquins vont d'abord s'occuper de leur cas, la Mort le faisant ensuite bien assez tôt.
Un inspecteur de police, (Fabuleux Louis Jouvet dans son dernier rôle, aussi retors qu'obstiné !) va chercher les causes, mais surtout les "coupables" de cet insupportable gâchis qu'est le suicide de deux jeunes qui s'aimaient, tout simplement.
Rien ni personne ne sera épargné, et aucune des deux familles ne sortira exemptée de ses manquements et de ses responsabilités réciproques, pas plus que de ses démissions et de ses lâchetés respectives.
Ni les parents de la jeune fille, riches industriels corsetés dans leurs principes moraux et pourtant englués dans la dissimulation, le mensonge et les compromissions douteuses, uniquement préoccupés qu'ils sont de leur statut et du scandale qui pourrait ébranler leur monde, ni ceux du garçon, couple apparemment bohème et fantasque, mais baignant dans la plus sordide médiocrité et la rouerie la plus crasse, n'échapperont à l'implacable jugement de l'inspecteur Jouvet.
Bien que la "Nouvelle Vague" ne soit pas encore née et que l'histoire soit filmée de manière "traditionnelle", sans effets forcés de caméra ou de travellings étourdissants, exception faite d'une narration à rebours, on retiendra en plus de l'excellence des acteurs, une charge aussi courageuse qu'inattendue, écornant à la fois toute une société, mais surtout désignant sans détours des parents coupables de la mort de leurs enfants. (Il est même étonnant que la censure et la critique de l'époque n'aient pas été plus sévères à la sortie du film, tant la force du propos et le procès sans fards du comportement de certains parents, semblent être en avance sur leur temps...)
"Une Histoire d'Amour" : voilà comment cacher sous le boisseau grâce au choix trompeur d'un titre en apparence simpliste, un film magnifique contre l'intolérance, le refus égoïste et irresponsable du bonheur d'autrui, et la permanence acharnée de la bêtise humaine.

L'inspecteur Ernest Plonche enquête à propos d'un jeune couple d'amoureux dont on vient de découvrir le suicide dans un terrain vague.
Louis Jouvet visite les parents des jeunes gens et il ne fait pas de doute que la médiocrité plébéienne des uns et les turpitudes bourgeoises des autres, tous atterrés par une possible mésalliance, ont provoqué le geste tragique. L'intrigue, sur le mode classique d'un Roméo et Juliette, se déroule à coups de flasback. L'anar Michel Audiard signe le scénario et les dialogues et renvoie, comme il se doit, les deux familles dos à dos, responsables mais pas coupables...

Même si les dialogues sont inspirés, le film s'appuie un peu trop sur le cliché, le mythe romantique des jeunes amants sacrifiés. Dany Robin et Daniel Gélin sont bons mais le couple qu'ils forment, en victimes expiatoires préférant la mort à la séparation, est une convention romanesque éculée. De même, les parents de la jeune fille fille sont des bourgeois caricaturaux.
Ces réserves émises sur le film, il reste à savourer la composition de Jouvet en flic qui en a vu d'autres, le regard perçant et le commentaire ironique face à des témoins qu'il méprise courtoisement. Son rôle, ses interrogatoires n'ont rien d'original sur le fond mais Jouvet et son charisme inspirent chaque séquence.

Une enquête policière menée par l’immense Jouvet, émaillée de flash-back sur fond de critique sociale.
Un seul point accroche dans ce très bon film : l’amour entre Jean et Catherine.
Les ellipses rendent en effet difficilement crédible une idylle née déjà de façon un peu étrange lors du bal chez les Mareuil (on comprend mal le côté rebelle de Catherine qui a échappé au formatage de son milieu grand bourgeois et s’amourache instantanément du comptable de son père). Une plus lente progression dans la construction de leur amour aurait permis de mieux faire sentir la tension entre leur relation et ceux qui tentent de l’empêcher.
Pour le reste, c’est parfait.
Côté jeu d’acteurs, les deux pères sont particulièrement bons, crispants à souhait… Question dialogues, on se rend compte qu’Audiard pouvait être à l’aise dans les propos amoureux comme dans les sorties comiques