Attention, cet avis comporte ce genre de
20 ans plus tard, Tyler Durden tabasse du singe de l'espace et se réconcilie le confort moderne, le mobilier ikea et autre plaid.
Allez hop, chef d'oeuvre. C'est cadeau. La bande-annonce semblait promettre un film pénible, la vaine tentative d'un auteur incompris pour rejoindre au firmament des confrères perchés tels que Kubrick ou Tarkovsky. Son film est finalement le contraire d'une esbroufe et s'avère plus personnel et honnête que prévu. Peut-être même trop. Faudrait voir à quel point il se reconnait dans la personnage principal. Quelqu'un connaît son papa? Son psy?
Attention : Ad Astra n'est pas plus un film de SF que Gravity. Les deux films s'attaquent à une même thématique :
se perdre pour se faire face et se trouver
. Et dans l'espace,
on est vite dépaysé
. Point de mysticisme ou de mystère, on reste dans le questionnement de l'humain trop humain. Les deux films se répondent ; l'un étant le négatif de l'autre. Gravity, c'est du grand spectacle vrombissant autant qu'un huis-clos qui empile les situations d'urgence. Sandra Bullock en prend plein la g.... pendant 1h30. A chaque épreuve, elle renforce sa volonté de survivre et sort de la dépression. Ad Astra est un périple beaucoup plus posé et intimiste, parfois hypnotique (lent et mou disent les détracteurs, tssss). Lenteur des mouvements, jeux de reflets ou d'artefacts lumineux, cadrages très précis, décors, tout concourt, à l'harmonie, à une certaine douceur. Même le visage de Brad Pitt, filmé comme une planète (ses reliefs, ses canyons, ses cratères, ses ellipses) semble aussi mouvant que la surface du soleil...en plus expressif. Le personnage froid est filmé tendrement, tout en nuances. Tout le film gravite autour de lui et de ses émotions. S'il arrive même à l'acteur de jouer au ralenti, le réal jalonne à heure fixe son voyage vers les...étoiles, de moments de tension (voire d'action). Ils ne sont pourtant pas anodins. Déjà, ils servent à se souvenir qu'on n'est pas dans un pensum intello-chiant (merci the lost city of Z). Ensuite, à caractériser, à révéler l'intériorité du personnage principal,
héros qui assure par réflexe mais blasé, imperturbable face au danger, sorte d'Achille de l'espace, intérieurement détruit
. Sa mission doit le confronter à un fantôme de son passé: son papounet. Alors oui, on peut trouver ça un peu juste. On peut. Sandra Bullock et le deuil de son enfant, ça sonnait beaucoup plus douloureux. On peut regretter les 2 morales simples (simplistes?) de l'histoire (l'une évidente, l'autre très secondaire mais religieuse). On peut aussi se dire que le film pose beaucoup de questions mais aucune relative à la recherche de la vie extraterrestre. Ainsi:
- où est passée Liv Tyler? J'ai cligné des yeux à un moment et j'ai l'impression d'avoir manqué la moitié de son temps de présence.
- où est le pognon? Parce qu'avec un budget de 90 millions, certains détails frappent par leur cheaperie (
mars et ses murs en carton, inversion de séquence pour faire croire à un atterrissage alors que c'est un décollage, Brad Pitt qui joue au ralenti pour faire croire qu'il est en apesanteur sauf que ça se voit quand un spasme agite son bras
).
- Est-ce qu'on nous prend pour des abrutis? Je pense à certaines incohérences (surtout à la fin :
Achille et son bouclier, le voyage de retour sans sonde
) ou facilités d'écriture parce que bon, c'est pratique quand même et que si on le fait pas, ben...y a pas d'histoire.
On peut aussi faire fi de ces détails et se laisser porter par ce voyage éprouvant et magnifique à la recherche de soi-même.