Un film parfois bouleversant, d'où l'on peut sortir très triste même si c'est une ode au courage, et même si on trouve que Andrew Haigh charge un peu la barque; on frôle le mélo, et on se dit qu'il est bien peu probable que le jeune héros ait pu vivre toutes ces tribulations sans se faire rattraper (quoique aux US certaines procédures sont caduques quand on change d'Etat).
Charley (le formidable Charlie Plummer) est un ado de quinze ans, courageux, honnête, et qui au fond, n'a qu'un souhait: avoir une famille. Sa mère l'a planté là quand il était bébé, alors il vit avec un père totalement immature, Ray, (Travis Fimmel) -il y a beaucoup d'amour entre eux d'ailleurs- qui change souvent de copine, éventuellement mariée, ce qui risque fort de mal finir un jour. Il a bien une tante Margit, qui s'est occupé tendrement de lui dans son enfance, mais le frère et la soeur se sont brouillés.... et Ray refuse de donner à son fils le numéro de téléphone de Margit.
Charley a trouvé un travail dans un hippodrome, auprès d'un entraîneur minable, Del, Steve Buscemi (moins drôle qu'en Krouchtchev....) et de sa meilleure jockey, Bonnie (Chloë Sevigny). Ce ne sont pas des courses prestigieuses; on court à l'occasion de foires de village, sur de mauvaises pistes. Ce sont des épreuves de Quarter horses, des sprints sur quelques centaines de mètres (quarter = un quart de mile) où les chevaux sont poussés à leurs extrêmes limites. Comme Del est perpétuellement fauché, il fait courir les malheureux animaux trop souvent,à coup d'excitants, et quand le cheval n'en peut plus, on le vend au Mexique. Pourquoi au Mexique? Parce qu'au Mexique on bouffe les chevaux, pardi, ce que les anglo-saxons se refusent à faire. Comme Bonnie le dit à Charley: t'attache pas, c'est pas un chien. C'est un cheval. C'est un outil de travail. Mais Charley s'est attaché à Lean on Pete, qui a cinq ans -vieux dans le métier donc, et promis au Mexique. Si je peux faire un a parte personnel, ayant un peu connu le milieu du trot, c'est tout aussi terrible. Ces futures vedettes choyées dans des écuries somptueuses, si à deux ans elles n'ont pas montré de performances, zou, c'est l'horreur de l'abattoir. Non, faut pas s'attacher dans le milieu des courses....
Quand Charley se retrouve seul, il n'a plus qu'une idée: retrouver cette tante Margit, qui sans doute se prénomme Margaret, Margaret qui? Elle s'est mariée. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle habite de Wyoming. Retrouver une Margaret dans le Wyoming.... Pas évident. Mais Charley part, de Portland jusqu'au Wyoming, et avec lui il emmène, pour le sauver, Lean on Pete.... Avec le van, tant qu'il y a de l'essence. Puis à pieds.Et dans cette odyssée pathétique, il va rencontrer toute l'Amérique paumée, marginale...
Le visage de Charley, à la fois perdu et résolu, vous trottera longtemps dans la tête. C'est un beau film. A voir.