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    Kings
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Kings" et de son tournage !

    Après "Mustang"...

    En 2015, le premier film de Deniz Gamze Ergüven, Mustang, avait créé la surprise, récoltant dans la foulée le Golden Globe du Meilleur Film en langue étrangère, quatre César et une nomination à l'Oscar du Meilleur film en langue étrangère. Trois ans après, elle est de retour avec Kings, un projet sur lequel elle a travaillé depuis de longues années et qu'elle avait mis entre parenthèses pour se consacrer à Mustang.

    Naissance du film

    Deniz Gamze Ergüven a commencé à réfléchir à Kings en 2005 et plus précisément lors des émeutes qui se sont déroulées en France. A ce moment, elle a été interpellée par ce qui était en train de se passer et avait le sentiment de comprendre ce qui se matérialisait à travers ces mouvements. La réalisatrice se rappelle : "Je ressentais un malaise très fort à l’époque en France. Je suis arrivée à Paris à l’âge de six mois, j’y ai vécu presque toute ma vie. Or je n’étais toujours pas française, on venait de me refuser pour la deuxième fois la nationalité. Et je ne savais pas si j’allais pouvoir rester en France. Je devais aller fréquemment à la Préfecture, j’avais peur à chaque fois que je passais le contrôle des passeports à la frontière. Je ressentais ainsi un sentiment étrange de fragilité dans ma relation au pays que je considérais comme le mien. Dans ces émeutes, je pouvais reconnaître quelque chose que je ne connaissais que trop bien. Ce sentiment d’être rejeté par un pays qu’on aime profondément, même si ce qui passait alors, courses poursuites, affrontements avec la police, ce n’est pas comme cela que je manifesterais mes émotions."

    Retrouvailles

    Deniz Gamze Ergüven a travaillé avec la même équipe technique que sur Mustang. Ainsi, elle collabore une nouvelle fois avec le directeur de la photographie David Chizallet qu'elle connait depuis très longtemps, la monteuse Mathilde Van de Moortel, le mixeur Olivier Goinard, la coach des comédiens Suzanne Marrot ou encore les compositeurs Warren Ellis et Nick Cave.

    Un moment honteux de l'histoire

    Ce n'est pas la première fois que le cinéma s'empare des émeutes de L.A. En 2003, Dark Blue, écrit à partir d'une histoire signée James Ellroy, avait déjà raconté les lourdes conséquences de l'affaire Rodney King. Deniz Gamze Ergüven explique pourquoi le cinéma a si peu abordé cet épisode honteux de l'histoire des Etats-unis : "D’une certaine manière, ce qui concerne les questions raciales aux Etats-Unis reste sous une sorte de chape de plomb. On ne parle pas dans la vie de tous les jours l’héritage encore traumatisant de l’esclavage, de la ségrégation. En outre ce n’est l’heure de gloire de personne les émeutes de 1992, ni de la LAPD qui s’est comportée en toute lâcheté, ni des gens qui sont allés piller dans des grands magasins. Beaucoup d’enfants qui sont nés après ces émeutes ne savent pas ce qu’il s’est passé. Leurs parents ne leur en ont jamais parlé. C’est un moment honteux pour tout le monde. Tout d’un coup cette fameuse chape de plomb se lève, on voit à quel point c’est dégoûtant, puis on referme, ça redevient tabou et on n’en parle plus. Au début des émeutes il y eut un moment d’indignation, tout le monde était d’accord, une injustice énorme avait été commise. Mais ça a très vite vrillé dans une culmination de violence dont personne n’a envie de se souvenir."

    Potasser le sujet des émeutes de 1992

    Deniz Gamze Ergüven a d'abord entamé des recherches à Paris, en épluchant tous les livres et les archives auxquels elle pouvait avoir accès. La cinéaste a alors très vite eu l'intuition du film qu'elle voulait faire. Elle s'est ensuite rendue à Los Angeles pendant un mois fin août 2006 et y a parcouru South Central ainsi que les quartiers qui avaient été le ground zero des émeutes de 1992. Elle se rappelle :

    "J’ai continué aussi à parcourir toutes les archives auxquelles je pouvais avoir accès, de radio, de presse, de télévision... J’avais dans un premier temps besoin de m’approprier ces événements comme des faits d’Histoire, puis de tout oublier pour faire un film. Chaque pas, chaque échange durant ce premier voyage ont confirmés l’intuition initiale. Et cela a été trois ans où j’allais à Los Angeles le plus souvent possible. J’ai passé beaucoup de temps au sein des différentes communautés impliquées d’une manière ou d’une autre dans ces émeutes. Je partageais le quotidien d’officiers de police, de membres de gangs, d’habitants de South Central. J’avais besoin de comprendre le regard de chacun, les différentes manières de penser. Il s’agissait de comprendre des dynamiques qui m’étaient étrangères."

    Retour à South Central

    Lorsqu'elle était à South Central, Deniz Gamze Ergüven a cherché à connaître la mentalité de membres de gangs, de policiers de Los Angeles et de gens qui habitent dans tel ou tel quartier spécifique. Elle raconte : "Comment fonctionnent les lignes invisibles que les habitants de cette ville ne franchissent pas. South Central est comme une île coupée du reste de la ville. Les blancs n’y mettent quasi jamais les pieds. Ses différentes communautés ont des relations compliquées. Il fallait que j’y passe du temps pour en comprendre les fonctionnements. Toutes les scènes, même les plus invraisemblables de Kings, sont adossées à quelque chose de réel."

    La vraie Millie

    Les personnages du film sont tous inspirés de personnes réelles, à commencer par Millie que Deniz Gamze Ergüven a rencontrée lorsqu'elle était en route vers une église. La réalisatrice se rappelle : "Je m’étais perdue et j’ai demandé mon chemin à cette femme. Elle m’a dit « viens plutôt dans mon église ! ». Je l’ai suivie, et une amitié est née. Millie est une espèce de totem, cette foster mum qui prend en charge les enfants d’absolument tout le monde."

    Une rencontre

    C'est pendant la campagne des oscars de Mustang que Deniz Gamze Ergüven a rencontré Halle Berry. La cinéaste se rappelle : "Je trouvais qu’elle avait beaucoup d’humour et cette grâce féminine, qui correspondait à l’énergie de Millie. Mais ce n’était pas du tout prévu : la rencontre a été organisée par des agents et managers sans que j’imagine une seconde que j’allais lui parler de Kings. A l’époque je ne pensais plus à Kings, pourtant je lui en ai parlé. Ça a été l’étincelle de départ, qui a permis au film de se faire après toutes ces années."

    Pourquoi si longtemps ?

    Kings a mis tant de temps à se faire parce qu'il s'agit d'un projet à rebrousse-poil des routes classiques de production. De plus, lorsqu'elle a commencé à penser au film en 2005, Deniz Gamze Ergüven était une apprentie-cinéaste qui sortait de l’école et n'avait aucun réseau outre-Atlantique. "Et en France, presque tous les guichets sont faits pour résister à Hollywood. On ne finance pas de film en langue anglaise, on ne finance pas de film tourné aux Etats-Unis. J’étais donc à contre-courant de tout. Et puis Kings n’est pas un tout petit film pour un premier long métrage", précise-t-elle.

    Images d'archives

    Il y a dans le film des images d’archives des deux faits divers à l’origine des émeutes de Los Angeles en 1992 (le tabassage de Rodney King et la mort de Lataha Harlins), qui viennent de façon récurrente rythmer la narration. En optant pour ce choix, Deniz Gamze Ergüven a voulu raconter comment des individus pouvaient être affectés par des histoires concernant des gens qu’ils ne connaissent pas du tout mais dans lesquels ils se reconnaissaient. "Et comment ces histoires peuvent avoir un impact sur l’inconscient d’une ville. C’est tout un quartier qui se reconnaît dans un fait divers, et commence à ne plus tourner rond à cause d’histoires comme celles-ci. Ces images d’archives disent toujours cela aujourd’hui, ce moment particulier de notre culture visuelle où des micro faits-divers, filmés par une caméra-amateur, commencèrent à avoir un impact sur la vie de tout un chacun", explique la cinéaste.

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