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    Une vie cachée
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    240 critiques spectateurs

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    Paul Roux
    Paul Roux

    7 abonnés 76 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 janvier 2020
    Lourd, long, pompeux, ennuyeux, déclamatoire, théâtral : je ne trouve que des adjectifs négatifs pour décrire cette « Vie cachée » qui aurait pu le demeurer. J'avais adoré « Les moissons du ciel » et « La ligne rouge », mais Malick fait désormais partie de ma liste noire.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 23 décembre 2019
    Long très long. Lent très lent. Trop long et trop lent.
    Exemple typique de la stratégie de l'immobilisme et de l'inaction qui ne mène nulle part et ne fait avancer aucune cause.
    Sinon c'est beau l'Autriche...
    selenie
    selenie

    5 416 abonnés 6 011 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 décembre 2019
    La première chose est qu'on voit d'emblée la marque de fabrique du cinéaste, des images sublimes, une sensation d'onirisme dans chaque plan. Mais on comprend soudain que la seule et unique raison de son refus reste Hitler lui-même. Juré fidélité à ce monstre, là est tout le courage de Järgerstätter, homme très pieux. Mais alors on se dit qu'il emporte dans son tourment toute sa famille dans une souffrance, et là on ne le comprend plus très bien. Jamais Malick n'arrive à expliquer ou à rendre complètement lisible les tenants et aboutissants entourant Franz Järgerstätter. Mais dans le même temps, Malick impose et pousse le spectateur à s'interroger constamment, ce qui n'est jamais une mauvaise chose.
    Site : Selenie
    traversay1
    traversay1

    3 081 abonnés 4 620 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ceux qui suivent Terrence Malick depuis le début de sa carrière (cela ne nous rajeunit pas) et qui ont été soufflés, notamment, par la beauté des Moissons du ciel, ont pour la plupart autant été autant surpris par son arrêt de réaliser pendant 20 ans que par la succession de films depuis son retour de plus en plus expérimentaux, contemplatifs et surtout "étouffe-chrétiens". Après le très pénible Song to Song, Une vie cachée propose enfin des retrouvailles avec la forme narrative via l'histoire d'un paysan autrichien, objecteur de conscience pendant la deuxième guerre mondiale. C'est vrai qu'il y a des éléments de récit exposés mais, finalement, Malick est bien dans la continuité de ses œuvres précédentes avec une mise en scène à la fois intime et travaillée façon grand angle, son lyrisme panthéiste et une voix off un brin moralisatrice. La durée du film est bien excessive pour une histoire intéressante mais, racontée principalement par son aspect moral et surtout prétexte aux grandes obsessions du cinéaste, en particulier le rapport à Dieu. Il y a de très belles choses dans Une vie cachée, à commencer par la splendeur de la campagne autrichienne, mais aussi le sacrifice de l'épouse du héros et d'autres scènes, isolées, qui consolent un peu d'un maniérisme et formalisme qui agacent quand même un peu quand ils sont aussi systématiques. Le plus étonnant, en définitive, c'est que malgré tous les motifs de regimber, avec un certain manque d'émotion au global, et le côté figé de son acteur principal, l'on sorte d'Une vie cachée plutôt reconnaissant, conscient d'avoir vu un film assez unique et grandiose dans son genre, difficilement comparable à d'autres cinémas. Quoiqu'on puisse penser sur le fond et la forme de ses longs-métrages, Terrence Malick restera sans doute dans l'histoire du 7ème art comme un réalisateur original, sincère et loin de la multitude des faiseurs qui composent le plus gros contingent des metteurs en scène du début du XXe siècle.
    L'Info Tout Court
    L'Info Tout Court

    382 abonnés 1 025 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 mai 2019
    D’habitude, si vous n’appréciez pas le cinéaste, ne vous inquiétez pas, cela ne risque pas de changer. Pour les autres, c’est le retour du roi.
    Humphrey D.
    Humphrey D.

    19 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Un film de Malick est toujours la promesse à venir d'un plaisir visuel doublé d'une interrogation métaphysique qui lui confère les qualités d'un plat gastronomique aux saveurs subtiles et délicates, tenant par là plus de l'art que de la technique. Il peut arriver que la sauce manque de liant (À la merveille) ou de sel (Knight of cups), mais toujours demeure la garantie d'une fête gustative de haute volée. Dans Une vie cachée, ce plaisir est immense.
    Malick est un cinéaste des hauteurs, et il le prouve en enracinant son film dans les montagnes autrichiennes dont les sommets touchent le ciel de leurs dentelles effilées. Hauteur de vue, hauteur d'âme, chez Malick tout devient Majuscule. L'anecdotique, l'événement contingent s'évaporent pour se transcender dans l'universel. Chaque geste, chaque attitude, chaque action perdent leur banalité pour se métamorphoser en topique, soit une catégorie générale .Ce glissement permanent de l'image vers le concept est certainement la marque de fabrique du cinéma malickien. Ainsi, le fauchage des blés devient l'idée du Travail, la main qui enfouit une pomme de terre celle de la Terre Nourricière, une paysanne qui se baisse et aide à ramasser les légumes d'une brouette renversée celle de la Solidarité, la vocifération d'un soldat nazi celle de l' Humiliation, et ainsi de suite. Tout le cinéma de Malick est conceptuel alors même qu'il met en jeu une physique des corps. Ici, les corps sont malmenés, qui par la dureté du travail de la terre, qui par les sévices imposés par les soldats allemands. Mais le chant de la terre les annoblit en leur restituant une grandeur et une solennité qui entre en résonance avec celles des paysages.
    Parler de lyrisme est presque un lieu commun chez Malick, tant ses films ressemblent à des symphonies : images magnifiées par l'usage du grand angle, fusion de la Nature et de l'Homme dans un panthéisme généralisé, rapprochement permanent de l'idée de Beauté avec celle de Dieu. Car Malick est un croyant et la Foi un de ses thèmes récurrents. On suit ici le chemin christique de Frantz Jägerstätter, objecteur de conscience sous le nazisme, refusant de pactiser avec le Mal, emblématique agneau de Dieu dans sa volonté sacrificielle d'endosser les péchés du monde. Le mal court, disait Audiberti, et dans le film, il vient percuter l'ordre immuable et quiet de la vie pastorale du village de Sankt Radegund. Sur les prés verts et blonds de ces montagnes autrichiennes viennent s'amonceler les nuages menaçants du nazisme à la façon de métastases venant troubler le corps social et sa relative harmonie. Un refus de souscrire à une quête pour l'armée allemande nazie va initier l'hostilité des villageois à l'égard de la famille de Frantz, alors que lui seul a la vision de la nocivité et de la noirceur du danger à venir. Sa conscience intérieure va le mettre en position de rebelle et l'exclusion sociale va le frapper très vite. Mais à l'inverse d'un Christ prêchant et prosélyte, Frantz va se réfugier dans un mutisme obstiné qui va finir par le mener à sa perte. A-t-il valeur de modèle ? L'entêtement à défendre ses croyances peut-il se faire au détriment de son entourage ? La foi sauve-t-elle ? Où se trouve la ligne de partage entre égoïsme et honnêteté intellectuelle ? La spiritualité est-elle nécessairement synonyme de sacrifice ? Le film pose toutes ces questions sans jamais y répondre. Il suit le chemin de croix de Frantz, jusqu'à sa "crucifixion" finale dans ce Golgotha figuré par cette porte s'ouvrant sur le noir absolu d'une pièce où se dresse la guillotine. Dans cet itinéraire vers la mort, l'on trouve de la sorte une multitude d 'analogies bibliques : ainsi Bruno Ganz dans le rôle de Ponce Pilate, procureur en proie au doute mais condamnant à mort par une sentence lapidaire et sans appel; symbolique des 2 larrons dans cette cour de la décapitation où l'un d'eux posant sa tête contre l'épaule de Frantz et réclamant sa part de compassion et un reste d'humanité semble dire "Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume" ; distribution du pain aux pauvres dans une scène de la Cène où Frantz donne son quignon à un prisonnier compulsivement affamé ; amour indéfectible de Fani, la femme de Frantz, sorte de Marie-Madeleine à l'engagement total et sincère.
    C'est néanmoins dans l'énoncé des convictions de Frantz que le film joue sa partie la plus faible. Le mutisme qu'il oppose à tous ceux qui veulent lui faire abjurer sa foi et sa détermination , que ce soient les villageois qui cherchent à le convaincre de la traîtrise de sa position ou bien les geôliers nazis qui le torturent en voulant lui arracher sa part d'humanité, échappe à tout argumentaire et empêche le spectateur de s'identifier totalement à ce personnage qui jamais n'oppose une raison critique à ses détracteurs. Seule entend-on une voix off figurant sa conscience intime à s'interroger sur les malheurs du monde («Qu’est-il arrivé à notre pays ? À cette terre que nous aimons ? »). Cette désolidarisation de la parole et de l'action, qui est une des signatures de Malick, est à la fois une force et une faiblesse. Force car elle débouche sur la métaphysique, faiblesse car elle gelatifie l'action et les personnages en les désincarnant.
    Reste la flamboyance de son cinéma qui, au-delà de ses tics bien connus (utilisation d'objectifs anamorphiques et grands angulaires, amour de la contre-plongée, voix off plutôt que dialogues), est un ravissement visuel de tous les instants. Chaque plan est un tableau, et on avance dans le film comme on déambulerait dans une galerie de peintures, à reconnaître l'angélus de Millet, ou les compositions pastorales de Claude Lorrain ou de Nicolas Poussin, quand ce n'est pas le clair-obscur de la peinture hollandaise (voir le très beau plan de la veillée funèbre éclairée par une bougie). En somme, du très grand art où le cinéma regagne ses lettres de noblesse par la magnificence de ses images et le rapt qu'il fait du spectateur en lui proposant un imaginaire que lui seul peut susciter. Que Malick en soit remercié.
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    146 abonnés 1 014 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 11 décembre 2019
    Depuis son chef d'œuvre absolu, The Tree Of Life, le cinéaste panthéiste et secret me déçoit même s'il n'a jamais autant sorti de films que ces dix dernières années. Dans celui-ci on retrouve ses thèmes favoris mises en scène comme à son habitude de manière splendide et inégalée mais je suis resté de marbre devant cette histoire d'héroïsme anonyme et sans gloire. Si le choix du personnage principal est jusqu'au-boutiste et salutaire, mourir plutôt que porter allégeance à l'infâme, la manière de le raconter est trop empâtée et trop longue. On apprécie comme il se doit la lumière des Alpes autrichiennes en opposition à l'obscurité du nazisme (fascinante scène finale), l'Angéluse se confrontant à l'Anschluss mais globalement on s'ennuie.
    cinono1
    cinono1

    253 abonnés 1 981 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    "je ne peux pas faire ce que je crois mauvais" Tout le film de Malick tient dans cette phrase. Dans cette ode à la grace et à l'idéalisme. L'histoire est ici beaucoup plus incarné que dans ses derniers films, tout au moins dans sa première partie. Et cela fait du bien de revoir un Malick plus impliqué dans la narration, avec des personnages qu'on finit par connaitre, dans leur quotidien et leur géographie. C'est rempli de plans marquants, magnifiques. Le film se perd parfois dans la deuxième partie, encombrés de quelques bondieuseries parfois balourdes mais aussi inspirés. Mais le cinéma, ce sont aussi les images et celles de Malick sont si magnifiques et quand le propos est incarnée comme ici...
    Cinévore24
    Cinévore24

    299 abonnés 590 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 décembre 2019
    Après plusieurs années d'errance esthétique et onirique sans véritable fond, on retrouve enfin un peu du Terrence Malick de "La Ligne Rouge", en réinjectant dans ce nouveau film un récit plus concret, plus linéaire : celui d'une famille de paysans autrichiens prise en étau dans les tourments de la 2ndeGM.

    Un plaidoyer humaniste réussi dans son ensemble, malgré quelques effets narratifs un peu répétitifs et certaines longueurs sur 2h53 de film.
    Fabien D
    Fabien D

    167 abonnés 1 101 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 décembre 2019
    Malick est un cinéaste majeur. Son cinéma singulier, tendant à l'abstraction, fascine autant qu'il rebute. Moins expérimental que ses deux précédents films, une vie cachée se présente comme une œuvre somme. On y retrouve toutes les obsessions du cinéaste à l'intérieur d'un film qui réussit parfaitement à mêler romanesque et lyrisme philosophique. A travers ses personnages de martyrs, Malick interroge la foi mais aussi l'idée même d'existence. C'est puissant, souvent bouleversant et d'une indéniable virtuosité de mise en scène. Les acteurs sont parfaits, au diapason du récit conté par le cinéaste. A la fois film historique et mélodrame, une vie cachée est un aussi un film sur la nature dans lequel tout est appelé à renaître, où la souffrance est supplanté par la beauté et la contemplation. Un très beau film, un grand Malick.
    andika
    andika

    93 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    Terrence Malick est de retour. Et son dernier film fleuve de près de 3 heures s'intéresse à l'histoire vraie de Franz Jägerstätter, un fermier autrichien, objecteur de conscience, qui refusa de répondre à l'appel de l'armée du IIIème Reich en 1943 car il ne voulait pas jurer fidélité à Adolf Hitler. A l'époque, chaque appelé devait se résoudre à effectuer cette formalité, même s'il était amené par la suite dans un poste à l'arrière, comme par exemple dans un hôpital.

    De nos jours, cela semble évident que la bonne chose à faire dans pareille circonstance est de refuser de prêter serment à Hitler. Mais tel n'est pas le cas dans l'Autriche du début des années 1940 où de plus en plus de personnes sont séduites par le national socialisme, même dans un petit village reculé des alpes autrichiennes comme Radegund. Mais même à cette époque, des personnes clairvoyantes ont su se lever contre ce mal absolu et le refuser. Un Elser par exemple a pu tente d'assassiner Hitler. Franz ici, offrira une résistance intérieure, avec sa haute force morale et sa foi chrétienne inébranlable.

    Et c'est ici que l'on tombe dans l'une des obsessions de Malick. Le rapport de l'Homme à Dieu et à la divinité en général. Dans de nombreux plans, un crucifix apparaît à l'écran. Sa façon de filmer les personnages fait également très souvent apparaître les alliances qu'ils portent dans le cadre. Afin de montrer leur engagement dans le sacrement du mariage, sous l'égide de Dieu. Et plus largement, au fur et à mesure que le film avance, on se rend compte à quel point l'itinéraire de Franz est christique. Toutes les épreuves et humiliations qu'il traverse alors qu'il lui suffirait de se soumettre pour être libéré.

    Et ces enjeux d'une gravité extrême contrastent tellement avec la quiétude de l'ambiance. La plupart du temps, Malick magnifie la montagne autrichienne, la vie dans les champs, le travail du sol, avec les semences, le labourage. Il nous montre les cours d'eau, les fleuves, les arbres, le ciel, la terre. Rien dans cette campagne autrichienne ne laisse deviner l'horreur du nazisme hormis ces croix gammées portées discrètement par certains notables, ou plus insidieusement la présence d'uniformes et de bottes.

    C'est également une superbe histoire d'amour entre Franz, joué avec beaucoup d’intériorité par August Diehl, et sa femme Franziska interprétée par une intense Valérie Pachner. La présence de la voix off, notamment pour dépeindre leur relation épistolaire, fait naître peu à peu une grande intimité entre le spectateur et leur histoire, et décuple les émotions proposées. On regrettera toutefois que le film ait été tourné en anglais, bien que lorsque les dialogues ne sont pas au centre d'une scène, ils sont bel et bien en allemand, en fond sonore.

    Malick, le philosophe, parvient à rendre son discours qu'autant plus puissant en fusionnant les questionnements d'ordre moral et existentiel. Et plus que les questions, il apporte des réponses. Pourtant, en matière de moral, les réponses sont incertaines mais accessibles. Mais face au nazisme, il parvient non sans mal à démontrer la certitude du comportement à adopter, même si la publicité de celui-ci peut s'avérer restreinte. En ce qui concerne le questionnement d'ordre existentiel, aux réponses certaines mais inaccessibles, en dépeignant un monde aussi beau, il nous donne presque accès à l'au-delà...

    Sans oublier enfin la musique qui participe grandement à certaines scènes clefs. Notamment la Passion selon Saint Matthieu de Bach qui enclenche le départ sans retour vers sa croix du héros, ou plus puissant encore, l'Agnus Dei de Wojciech Kilar. L'agneau de Dieu que l'on sacrifie pour prouver sa foi. Et plus largement, entendre du Schnittke ou du Pärt au cinéma, cela vaut le déplacement.

    Ce film ne conviendra pas forcément à tout le monde, mais si on se sent disponible pour ce genre de proposition, on aurait tort de se priver de si belles images, de si beaux sons, de si belles personnes. Malick, en revenant à une structure de scénario un peu plus traditionnelle ne perd pour autant pas l'essence des expérimentations qu'il a menées dans ses derniers films. Bien au contraire, il opère une synthèse salvatrice qui permet d'exsuder des émotions multiples, d'une profondeur et d'une puissance inégalées. Inutile d'y revenir plusieurs fois pour en être marqué à vie.
    Fanadri123
    Fanadri123

    18 abonnés 113 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 décembre 2019
    Après trois films de plus en plus mystérieux (À La Merveille, Knights Of Cup et Song To Song), Terrence Malick revient à un lyrisme panthéiste d’une beauté époustouflante et à une narration beaucoup plus classique. 

    Une Vie Cachée, présenté à Cannes cette année, raconte l’histoire de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui a refusé de prêter allégeance à Hitler. Palme d’Or en 2011 pour The Tree Of Life, son nouveau film repartira malheureusement bredouille.

    Le réalisateur s’inspire d’une histoire vraie et s'appuie sur la correspondance de Franz Jägerstätter avec sa femme Franziska. C'est grâce aux recherches du pacifiste américain Gordon Zahn que cette histoire sortira de l’oubli. Tourné en huit semaines lors de l’été 2016, la production a pu tourner sur les lieux mêmes de l’histoire de Jägerstätter, à commencer par sa maison, devenu lieu de pèlerinage au fil des années ainsi que dans le village de St Radegund où vivait le paysan et sa famille. Le cinéaste a aussi posé ses caméras dans des églises et cathédrales, d’authentiques fermes d’élevage, de véritables prisons, dont celle de Hoheneck, l’établissement pénitentiaire de la Stasi, et le Kammergericht, palais de justice où de nombreux opposants au régime nazi furent condamnés à mort. Tourné en lumière naturelle « Le soleil est notre éclairagiste » disait Malick, le film s’affirme donc par l’authenticité de chacun de ses plans, une authenticité si chère au réalisateur (on la retrouve d’ailleurs dans toute sa filmographie). Le film dégage une émotion si touchante qu’elle en devient palpable et ce grâce à un casting talentueux.

    L’acteur allemand August Diehl incarne avec conviction cet opposant au régime hitlérien. Le parcours de ce héros est christique, le film suit son chemin de croix et Terrence Malick filme en toute pudeur et sans ostentation l’itinéraire de cet homme devenu un martyr. L’homme se questionne, il est en proie au doute, le chemin est long mais il semble guidé par quelque chose de plus grand, de plus intime. Il est impassible et pleinement conscient face à son destin qui s’annonce funeste. Il rencontre des interlocuteurs l’incitant à changer d’avis pour qu’il rejoigne les rangs de l’armée mais Jägerstätter demeure imperturbable et en totale compréhension avec son acte malgré la douleur qui s’inscrit sur son propre visage, celui de sa femme et ceux de ses trois enfants. Rien ne peut le corrompre, Franz ne tournera jamais le dos à ses convictions.

    Terrence Malick renoue avec une narration plus accessible que ses précédentes réalisations qui tenaient plus du cinéma expérimental et de la poésie (magnifiques au demeurant). Les paysages et l’environnement dans lesquels évoluent les personnages ont toujours une place prépondérante dans l’histoire et sont sublimés par la caméra envoutante du réalisateur. L’ensemble est porté par la majestueuse bande originale de James Newton Howard qui signe une partition magnétique et dans laquelle il a incorporé à la demande du cinéaste des sons enregistrés au cours du tournage comme les cloches des églises, les bruits de la scierie et de la prison ou encore les faux dans les champs, donnant ainsi un aspect organique à la composition.

    Une Vie Cachée est une puissante et sublime fresque sur le destin d’un homme porté par une foi inébranlable en ses convictions. Terrence Malick donne une voix aux humbles, aux inconnus et aux héros oubliés à travers une oeuvre majestueuse et pleine de sens. 
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    220 abonnés 1 596 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2020
    C'est probablement le meilleur film de Terrence Malick depuis un bon bout de temps. Le plus lisible. Le moins "mystique à tous crins", même si Dieu et la foi sont questionnés tout au long du film, même si le clocher du village apparaît le plus souvent possible dans le champ de la caméra... D'autres dimensions, humanistes et historiques, entrent heureusement en concurrence dans ce scénario qui trouve un meilleur équilibre entre la terre et le ciel, entre l'humain et le divin. Il y est question de justice, de conscience, de droiture morale, de liberté, de conformisme... Tout cela par le biais de l'histoire (réelle) d'un paysan plutôt taiseux, qui s'arc-boute contre les vents dominants, sans grand discours philosophico-politique, arguant simplement d'une intime conviction. Posture à la fois héroïque, égoïste et fatale, que Malick, en citant George Eliot en conclusion de son récit, célèbre comme l'acte non historique d'une vie cachée dont dépend finalement le bien du monde. Et son salut, d'une certaine manière. Le réalisateur s'engouffre dans le silence buté de son héros et dans les grands espaces autrichiens avec son lyrisme habituel... auquel on ne s'habitue quand même jamais tout à fait, tant il est traversé de fulgurances poétiques, de sensations inouïes, de compositions incroyablement picturales. La caresse du vent dans les blés, un banc de brume sur une vallée, les travaux des champs, un enfant qui court, une lumière qui filtre par la lucarne d'une prison et éclaire une nature morte… On touche parfois au sublime ; la réalisation et la photo sont à tomber par terre. Les espaces apparaissent comme "habités", illustrant un panthéisme de toujours. Et le temps, étiré, est comme "dolorisé", lent chemin de croix méditatif, qui ne cesse heureusement de tutoyer la beauté du monde à mesure que le héros marche vers sa fin. Alors, bien sûr, le film est trop long, un peu répétitif, lourd parfois. Mais il dégage une impression de magnificence et une force émotionnelle (à laquelle contribuent beaucoup les deux acteurs principaux) qui imprègnent durablement l'esprit et la chair. Et qui invitent, cette fois-ci, à une certaine indulgence quant aux travers emphatiques du maître…
    Alexandre Cacheux
    Alexandre Cacheux

    35 abonnés 498 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 janvier 2020
    Aller voir un film de Terrence Malick est toujours une expérience de cinéma. Ce réalisateur américain atypique s'intéresse cette fois à l'histoire vraie d'un paysan autrichien durant la période nazie qui refuse de prêter allégeance à Hitler, dont les décisions heurtent profondément ses convictions religieuses. Prés de 3 heures de réflexion sur les valeurs humaines, les convictions, le prix à payer pour les défendre, s'opposer au groupe, la force du religieux dans l'épreuve...Malick tire le spectateur vers le haut en le forçant à se questionner, à réfléchir. C'est âpre, c'est conceptuel, souvent long mais surtout magistral. Une interprétation habitée, des images somptueuses. A tenter. A vos risques et périls.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    578 abonnés 2 743 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Que le titre tire ses trois mots du roman Middlemarch de George Eliot ne relève pas de la coquetterie littéraire ; non, ça dit tout. L’article indéfini situe d’emblée les destins que nous allons suivre sous le signe de l’anonymat grandiose, ce même anonymat qui apparaît comme la condition sine qua non du faithfully dans lequel résonne la foi véritable. Car ce que met en tension Une Vie Cachée, c’est avant tout deux modes de croyance définis par leur antinomie : d’une part, le protestantisme vécu à échelle familiale et dégagé de ses lourdeurs théoriques – incarnées en partie par le personnage de Tobias Moretti –, soit une foi qui se ressent à mesure que les pieds foulent la terre ou sont picotés par les blés, que les corps s’enlacent et se baisent, que les mains réunies se lèvent vers le ciel ; d’autre part, le nazisme qui s’enracine dans une violence protocolaire déshumanisante et qui a besoin d’objets matériels pour s’exprimer : drapeaux, saluts, costumes et insignes militaires. Et s’il oppose sur le plan physique et visuel ces deux réseaux de croyance, Terrence Malick va plus loin, construit par sa mise en scène un rapport à l’espace nettement différencié, traduction par l’image et le mouvement de la Weltanschauung propre à chaque camp. Franz Jägerstätter et sa famille sont en communion avec le ciel et la terre, leur rapport au monde se manifeste par sa verticalité, si bien que l’époux disparu se réincarne dans les montagnes ; il reste à jamais, pour les siens, un roc. En revanche, les officiers nazis organisent l’espace selon un découpage horizontal et chiffré : des condamnés à mort sont alignés sur un banc, deux étages d’une prison se superposent, puis ce sont leurs portes ornées d’un numéro. Le salut hitlérien regarde devant soi, les mains du croyant contemplent l’au-delà. La campagne autrichienne ne connaît pas le nombre, elle sème par poignées, elle cueille elle ramasse elle épluche elle décortique. La ville, quant à elle, on y entre en donnant son nom à un soldat qui l’inscrit minutieusement sur sa feuille. Et la paperasse ne fera que croître, jusqu’au tribunal. Légèreté des corps dans un décor de rêve, pesanteur de l’enchaînement. S’il est une fresque historique où s’affrontent liberté intérieure et soumission extérieure, Une Vie Cachée est avant tout un drame climatique et mystique qui plonge son personnage principal dans les tourments d’une foi qu’il n’a pas choisie et dont il ne peut se soustraire. Les agissements de Franz, nous les saisissons sans véritablement parvenir à les comprendre : pourquoi s’accrocher ainsi à ses convictions de justice et d’équité alors qu’il suffit de feindre, de rentrer dans le rang ? Cette interrogation en dit long sur notre aliénation, du moins sur notre propension à courber l’échine devant la contrainte afin de ne pas en subir les conséquences. Aussi l’entêtement de Franz traduit-il la démarche artistique du cinéaste qui trouve ici l’occasion d’affirmer l’engagement de son geste. Filmer les champs, les forêts dans le brouillard, l’onde, ce n’est pas de la paresse. Ou un tic qui signerait la toile du maître. Non. C’est un acte de foi, un cri de révolte lancé à l’encontre des asservissements et des servitudes. Malick pense le retrait non pas comme le conservatoire d’une lâcheté, mais au contraire comme le lieu d’une retraite où méditer sur le monde, où transmettre et ainsi sauvegarder un art de croire et de vivre en accord avec la nature et les besoins de chacun. Cette retraite, ou « vie cachée », n’a pas d’endroit strictement délimité : la campagne se mue rapidement en champ de bataille sur lequel l’épouse et sa famille subissent les assauts répétés de la rumeur, la ville vit au rythme des sirènes et des bombardements. La seule nécessité de la retraite réside dans l’amour porté à son prochain, dans ce baiser entre un mari et une femme ou entre deux condamnés à mort attendant leur exécution. Plus largement, la « vie cachée » perdure aussi longtemps que les corps se touchent, se réconfortent, s’unissent en somme, cessant alors d’être des automates. Le montage privilégie des plans brefs et coupés avec suffisamment de netteté pour créer un rythme saccadé : des poussières d’instants existentiels germent sous nos yeux, ne prétendent guère épuiser la vitalité de ceux qui les soufflent. Rares sont les œuvres à réussir l’illusion d’autonomie de leurs protagonistes, cette impression que la caméra n’a su saisir que des bribes d’une vie qui continue encore là maintenant. Entre les coupes, entre les fondus au noir, du temps humain. Avec Une Vie Cachée, Terrence Malick raccorde la foi à ce qu’elle a de plus solitaire et paradoxalement de plus communautaire, rappelle que la vie ne vaut que par le sens qu’on veut bien lui donner puis défendre, au prix fort s’il le faut. La sublime partition que compose James Newton Howard emporte vers les sommets une œuvre suffisamment majestueuse et virtuose pour saisir les reflets d’au-delà dans les paysages qu’il capte, dans les figures qu’il embrasse, dans le mouvement avec lequel il communie.
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