Rares aujourd'hui sont les films assumant aussi clairement de ne pas être commercial tout en gardant une intégrité artistique intacte. « The Party » cache quasiment toutes les cases dans cette perspective : durée très courte, noir et blanc (remarquable, d'ailleurs), lieu unique, casting quatre étoiles mais sans aucun nom réellement « bankable » : on ne peut que saluer les producteurs et Sally Potter pour s'être lancé dans une telle entreprise. Une fois écrit cela, il y a quand même un film : un peu trop écrit, un peu trop enfermé dans des conventions théâtrales (alors qu'il s'agit d'un scénario original!), mais surtout une férocité rare, un ton tranchant, un regard sans concession sur la nature humaine et une sorte de vraie-fausse « lutte des classes » sur le monde politique et ceux qui l'incarnent. C'est à la fois excessif et subtil (oui, c'est possible), peuplé de personnages marquants et moyennement fréquentables, parfois capables d'éclair de lucidité troublants. Brillante interprétation : tous sont à saluer mais s'il ne devait en rester qu'une, ce serait Patricia Clarkson. Elle est exceptionnelle de bout en bout, transformant presque chaque réplique en poison pour ses interlocuteurs. Au final, peut-être nécessite t-elle un peu d'exigence (et encore, rien d'insurmontable!), mais l'expérience, forte, cinglante, à l'image de son dénouement, légèrement attendu mais redoutablement efficace, mérite d'être vécue.