Bienvenue au Gondwana : les secrets du tournage

Le Gondwana est un pays imaginaire africain créé par le réalisateur Mamane quand il faisait une satire de l’actualité africaine sous forme de chronique quotidienne sur RFI (Radio France Internationale) :

"La radio étant écoutée sur tout le continent, je ne pouvais pas me limiter à un seul pays. Alors j’en ai imaginé un qui concentre toutes les tares des nations africaines : la corruption, la mal-gouvernance, le manque de démocratie, de santé, d’éducation. Aujourd’hui en Afrique, le Gondwana est devenu une référence de ce qu’il ne faut pas faire. Il arrive que des opposants apostrophent les dirigeants ainsi : On ne peut pas accepter ça, on n’est pas au Gondwana", s'amuse Mamane.

Mamane, de son vrai nom Mohamed Moustafa Moctari, est à la base humoriste. Originaire du Niger, l'artiste souhaitait adapter au cinéma sa chronique quotidienne sur l'actualité africaine qu'il tenait sur RFI. Par l'intermédiaire d'une amie, il a rencontré Vincent Maraval, big boss de Wild Bunch ; ce dernier l'a présenté aux producteurs Eric et Nicolas Altmayer, qui ont été séduit par l'idée et ont financé le projet.

Au départ, Mamane souhaitait centrer sa comédie sur les des deux hommes de main du président interprétés par Gohou et Digbeu. Mais le film étant également destiné au public français, il était capital d’intégrer un héros auquel il puisse s’identifier. Le cinéaste a donc créé le personnage de Julien, incarné par Antoine Gouy :

"Le film suit donc ce jeune homme un peu candide qui découvre l’Afrique, s’immerge et en tombe amoureux. Pour autant, ce n’est pas un énième film sur le continent avec pour unique regard celui d’un occidental. On conserve le point de vue africain", confie le metteur en scène.

Mamane évoque la phase de casting de Bienvenue au Gondwana :

"Pour ce qui concerne Gohou et Digbeu, je les avais en tête dès l’écriture. Comme le film parle de l’Afrique et pas d’un seul pays, j’ai choisi des acteurs maliens, sénégalais, ivoiriens… Même l’équipe technique est panafricaine. Et j’ai confié la musique à Ray Lema qui est congolais. Pour le rôle de Julien, on ne voulait pas d’un comédien trop connu qui aurait phagocyté le personnage. Comme Julien qu’il interprète, Antoine Gouy, on le découvre, on apprend à le connaître. Dès le casting, on s’est amusé. Il a le sens de la comédie, tout comme Antoine Duléry qui est par ailleurs un homme simple, toujours positif."

Mamane a choisi la Côte d'Ivoire pour tourner son film, censé se situer dans la république imaginaire du Gondwana. Le cinéaste y a passé une partie de son enfance. Abidjan la capitale est un lieu de brassage culturel. Elle accueille les populations de l’Afrique centrale, de l’ouest, mélange les cultures - musulmans, chrétiens - parfois au sein d’une même famille : "De plus, elle a cet humour qui renforce la résilience", explique le réalisateur.