Et bien il n'est pas évident à critiquer, ce « Désobéissance ». Il m'a fait passer par plusieurs sentiments, parfois contradictoires, tout en le trouvant riche d'enseignements quasiment du début à la fin. J'ai beau le trouver un peu abstrait voire légèrement confus dans son propos, il y a une élégance, une douceur, une retenue permettant de rendre cette histoire d'amour complexe aussi belle que touchante. Le regard sur le milieu juif orthodoxe a beau être critique, il reste respectueux, jamais caricatural, préférant interroger que dénoncer. Sebastián Lelio se montre parfois sévère sans être injuste, nous permettant une immersion crédible et pertinente d'un cadre peu connu du grand public, avec ses codes, ses rituels... Le réalisateur évite habilement pas mal de scènes courues d'avance pour narrer cette relation (presque) impossible entre deux femmes éprises de liberté que l'une peut s'offrir, l'autre pas. Pour que l'on y croie, il fallait des actrices de talent : le duo de Rachel (Weisz/McAdams) est excellent, bien secondé par un formidable Alessandro Nivola dans l'un des « seconds rôles » les plus complexes et réussis de cette année 2018. Dommage que l'émotion ne soit pas aussi présente que prévu, Lelio étant presque trop dans la distance, la retenue lorsqu'il filme ce récit. Quant au dénouement, j'avoue être partagé. D'un côté, il est inattendu tout en restant relativement crédible, ce qui est éminemment positif. De l'autre, je ne le trouve pas vraiment dans le ton et la logique de l'œuvre, ce qui est un peu plus gênant. Maintenant, alors que ça aurait pu carrément tomber dans le ridicule, c'est loin d'être le cas, le scénario ayant pris soin de « préparer le terrain » afin que l'on y croie un minimum, grâce, là encore, au personnage de Dovid. En tout cas, une histoire d'amour pas comme les autres filmée pas comme les autres dans un milieu pas comme les autres mérite forcément notre attention : en cela, « Désobéissance » apparaît comme l'un des titres importants de cette année cinéma. Une réussite.