Avec « Vice », film sur le vice-président des Etats-Unis Dick Cheney, ce n’est certes pas un biopic classique que propose Adam Mac Kay, mais un film d’une originalité remarquable. Une œuvre protéiforme, dans laquelle sont utilisés la fiction, des images d’archives, des fausses images d’archives, des moments de télévision, des photos, des dessins symboliques, des panneaux textuels, etc… L’autre caractéristique de ce film est son rythme, très soutenu mais sans excès, et son montage, surprenant et attractif, non dicté par la chronologie, mais par le propos du cinéaste. C’est également d’une grande richesse d’inventions (les fausses fins), de recoupements et correspondances, et c’est passionnant de bout en bout. Adam Mac Kay a réalisé là, au-delà d’un glaçant portrait, une démonstration et une dénonciation des arcanes des pouvoirs politique et économique aux Etats-Unis. Pour atteindre un nombreux public, il a fait appel à une star et à un style « spectaculaire » (Serait-ce un clin d’œil à ces choix que ces plans d’hameçons du générique final ?). Pour aussi rappeler à ce public de citoyens sa part de responsabilité (voir la fin du discours de Cheney en regardant la caméra) et son désintérêt coupable de la réflexion et du discours politique (la dernière phrase du film).