Avis sur Vénéneuses

Un bon Policier écrit et réalisé par Jean-Pierre Mocky. Son scénario bien ficelé nous livre une histoire mouvementée dans laquelle il se révèle très crédible dans le rôle de Dick, le "papi flingueur". Il est bien entouré avec la belle présence de Lola Marois-Bigard dans le role de Doris, la danseuse du Flamenco. Au casting également, les toujours excellents Richard Bohringer en patron d'auberge. et Philippe Rebbot en étonnant curé.
Avec beaucoup d'humour, de l'action musclée, et des dialogues corrosifs, l'intrigue tient parfaitement la route ; elle nous tient en haleine et nous surprend par ses retournements de situations.

Mocky s'essaie au film de gangsters. Dick Grant s'évade de prison pour régler son compte à sa maitresse, une jolie stripteaseuse qui a rompu son serment de ne pas le tromper pendant sa détention (7 ans quand même...). Le problème, c'est que c'est Mocky, 80 balais, qui tient le rôle de Dick Grant; l'autre problème est que c'est aussi Mocky qui a écrit le scénario de "Vénéneuses".
Mocky se fait un plaisir d'acteur peut-être en jouant au dur, spoiler: au tueur de sang froid.
Malheureusement il y a quelque chose de pathétique dans la façon qu'il a de se mettre en scène en vieillard toujours viril et capable de séduire de jeunes beautés. Ce n'est pas la première fois d'ailleurs qu'on le surprend à se considérer plus jeune et beau qu'il n'est dans ses derniers films. On le voit aussi courir en deux ou trois séquences comme s'il voulait conjurer la vieillesse. Son personnage sans épaisseur et sans psychologie caractérise déjà l'impasse qu'emprunte son film.
Au-delà, son sujet et ses personnages sont grotesques (Philippe Rebbot décroche le pompon avec son rôle de bistrotier et curé défroqué!) Déjà, l'évasion de prison de Dick Grant peut figurer dans les moins réalistes du genre...Mocky accumule les clichés et les perles, ce qui n'est pas sans nous procurer un plaisir coupable. Il s'offre des coquetteries de réalisateur en usant de surprenants gros plans en champ-contrechamp, qui ne sont pas précisémént son style. Ce film, comme beaucoup d'autres de leur auteur, traduit une volonté de tourner pour tourner, sans les moyens de faire un bon film.