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    La Douleur
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Douleur" et de son tournage !

    Désir d'adaptation

    Cette adaptation de "La Douleur" de Marguerite Duras vient à l'origine d’Elsa Zylberstein et de David Gauquié qui ont proposé à Emmanuel Finkiel d'en écrire le scénario. Ce dernier avait par ailleurs été bouleversé par la lecture de ce roman quand il avait 19 ans. Le metteur en scène explique :

    "Cette femme qui attend le retour de son mari des camps de concentration et, alors que tout le monde revient, lui ne revient pas... Ce personnage faisait écho à la figure même de mon père, qui était quelqu’un qui attendait toujours, me semble-t-il. Même après qu’il ait eu la certitude que la vie de ses parents et de son frère s’était terminée à Auschwitz. Pour ces gens qui n’avaient pas de dépouille, l’absence était toujours présente. Et ce n’était pas une idée intellectuelle, c’était très concret. La présence de l’absence... De mon point de vue, c’était ce que racontait La Douleur : être face à cette présence. Replié sur soi- même, un voyage intérieur."

    Pas un biopic

    La Douleur n'est pas un portrait de Marguerite Duras et Emmanuel Finkiel ne voulait pas en faire un biopic. Le réalsiateur confie à ce sujet : "Le cahier des charges au cinéma, par le fait même que tu incarnes, t’oblige à te positionner, à présupposer des choses. Mais je l’ai fait plutôt en amenant Marguerite au niveau de ce qu’est un être humain et qui réagit comme un être humain, pas comme un écrivain. Moi, je ne connais pas d’écrivain, je connais des gens qui écrivent. Le personnage de l’écrivain est un concept et je voulais d’emblée évacuer la figure de Duras - son récit lui-même me l’autorisait puisqu’on ne peut pas dire que c’est une véritable autobiographie."

    Le choix Mélanie Thierry

    Etant donné que, dans son récit, Marguerite Duras prend de la liberté avec ce qui est réellement arrivé, son personnage est en partie fictif. Ainsi, Emmanuel Finkiel a pu se libérer de l’impératif de la ressemblance en ce qui concerne le choix de la comédienne principale. Le cinéaste a alors cherché une actrice qui ait l’épaisseur nécessaire et qui puisse porter à la fois les traces de la jeunesse de Duras à l’époque et les traces de sa maturité ultérieure. Il se rappelle :

    "Je ne pensais pas du tout à Mélanie Thierry au départ. J’ai commencé à faire passer des essais à plusieurs actrices et c’est elle qui m’a dit : "Moi aussi, j’en passerais bien !" J’ai accepté presque par politesse. Et aussi avec une pointe de curiosité car ces essais étaient très difficiles. Marguerite évolue énormément et je voulais qu’ils soient significatifs de cette capacité à embrasser cette évolution. Les essais de Mélanie ont été un miracle en soi. La voir s’asseoir et attendre être à l’affût de chaque bruit, sur le palier, à la fenêtre."

    Références et esthétique

    Côté références, mis à part certains documentaires, Emmanuel Finkiel a revu Monsieur Klein, pour son travail sur la reconstitution. Il raconte : "Pour donner en exemple à mon équipe la très belle séquence où Monsieur Klein, sur les traces de l’épouse de l’autre Monsieur Klein, se rend dans une usine pour interroger des femmes. La mise en scène de Losey est très moderne, il se moque des canons de l’époque en matière de coiffure, maquillage et costumes. On voit avant tout des femmes, des ouvrières qui pourraient tout aussi bien être des années 50."

    Pour la scène de la prison, il a visionné en boucle et montré à Alexis Kavyrchine (directeur de la photographie) et à Mélanie Thierry la scène de fin de Rome, ville ouverte, avec Anna Magnani qui court derrière le camion et se fait tuer.

    "Avec mon chef opérateur, on a également beaucoup regardé les photos d’André Zucca, ces photos en couleur de l’Occupation, faites avec une pellicule peu sensible qui donne des couleurs très contrastées et saturées, avec des noirs et des rouges très marqués. Tout en se disant que le stylisme du film ne devait pas suivre celui des photos de Zucca, très reconstituées, avec le souci, je pense, de montrer une certaine bourgeoisie parisienne qui s’entend bien avec l’Occupant. Mais l’essentiel est plutôt d’évacuer tous les clichés qu’on a en tête et de faire comme si on n’avait rien vu", précise Emmanuel Finkiel.

    Filmer Paris

    Emmanuel Finkiel ne voulait pas montrer à quoi ressemblait la rue Saint Benoît en 1944, avec au milieu un personnage, vu de l’extérieur. Le metteur en scène a davantage cherché à la représenter filtrée par le point de vue de Marguerite (ses soucis, ce qu’elle en connaît et y projette, ce qu’elle entend). "L’utilisation de la longue focale m’a permis de ne pas être dans la reconstitution classique et aussi de rendre Paris autant que possible tel qu’il était à l’époque, c’est-à-dire anthracite, presque noir. On a utilisé plein de micro astuces, de la captation avec ces longues focales à l’utilisation du numérique, en passant par le travail sur les décors pour y parvenir. Ça a été un chantier terrible mais j’ai tenu bon, aussi parce que c’était le Paris de mon enfance – le Paris ravalé est assez récent", précise-t-il.

    Une réalité recouverte

    En filmant la Libération de Paris du point de vue de cette femme soumise à une insoutenable attente, Emmanuel Finkiel met en évidence la violence avec laquelle la réalité des camps de concentration a été immédiatement recouverte et que la frontière est mince entre la volonté légitime de se remettre à vivre et le déni. Le réalisateur développe :

    "Aujourd’hui, le crédo est : on parle trop de la Shoah. Mais il ne faut pas oublier que durant ces années-là, c’est exactement le contraire qui s’est passé. Il y a eu un enfumage de l’Etat et des états, renforcé par le fait que les survivants qui revenaient ne parlaient pas. C’était important de montrer que s’est rajouté à la douleur de Marguerite le fait qu’elle n’était pas reconnue par les autres. Ce silence à l’échelle de l’ État était déjà au cœur du récit de Duras, mais là encore, sans doute y ai-je mis quelque chose de mon histoire personnelle, de ce que mon père m’a raconté de ce déni qui a eu lieu en 1945, pratiquement jusqu’à la fin des années 60, par rapport à cette grande affaire de l’extermination des Juifs. Qu’est-ce qui se passe pour Antelme ? Il aurait dû devenir prisonnier de guerre en tant que résistant mais il se trouve que le destin lui a fait épouser le sort des Juifs. L’évocation de la chose juive qui se lit entre les lignes chez Duras est soulignée dans le film."

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