Naviguant sur la vague idéale pour les récompenses "officieuses", "The Post", énième film de Spielberg, débute dans la boue et le sang, juste rappel en mémoire du seul film de guerre potable dans la filmographie du metteur en scène, qui n'est bien-sûr rien d'autre que "Saving Private Ryan". Des rêves, Spielberg en a offert, usant de techniques nouvelles pour rendre cultes bon nombre de séquences. Pour cela, chacun de ses nouveaux films méritent d'être vus. Et ce malgré la qualité toujours en baisse de ces dits films. Car ce n'est pas en faisant péter un Mark Rylance géant dans "The BFG" qu'il saura satisfaire une foule de spectateurs qui attendent de son cinéma un peu plus qu'une adaptation d'un best-seller ou qu'un cours d'histoire tristement ennuyeux. Voici donc "The Post", "traduit" en "Pentagon Papers", qui débarque au cinéma armé de son casting d'exception (qui refuserait la possibilité de rajouter sur sa cheminée quelques statuettes... Nous y reviendrons plus tard) et d'un scénario tellement sans saveur qu'il semble avoir été écrit par Spielberg lui-même, quelques minutes avant le début du tournage. La mise en scène n'aide en rien : certes, nous sommes dans un film qui relate des faits historiques. Au début du mois, nous avions eu le même genre de film, "The Darkest Hours", qui lui a su proposer bien plus en ce qui concerne sa réalisation : c'est-à-dire une réalisation millimétrée, travaillée, qui ne se contentait pas seulement de donner à ses spectateurs des séquences tristement barbantes, mais qui savait aussi offrir une bonne place aux acteurs, qui pouvaient nous émouvoir. Ici, Spielberg est très formel : du champ-contre-champ en veux-tu-en-voilà, bingo, des répliques pompeuses, bingo, une Meryl Streep passant son temps en robe de chambre et chialant, à laquelle on lui rajoute des scènes "tendres" auprès de sa "fille" pour tenter d'insuffler une once d'émotion pour faire chavirer le cœur des vieilles ménagères... Triple bingo ! Tout est bien contrôlé, rien ne déborde, rien n'étonne dès lors qu'on connaît l'histoire officielle. Comment, à ce stade, ne pas en avoir marre, de ce grand réalisateur au talent reconnu qui, depuis qu'il fait des films historiques, met en scène desprojets de moins en moins passionnants ? Comment écrire une critique un minimum originale sur un film vu mille fois ? Que faire quand l'affiche du film est plus active que le film lui-même ? Certaines situations sont certes drôles... Mais est-ce l'un des seuls compliments que l'on veut faire à un film historique ?! Ceci n'est pas un bon film, malgré l'excellent Bob Odenkirk qui sauve parfois la mise (
et qui se fait oublier à la fin, l'air de rien
) et un bon travail en ce qui concerne costumes et décors. Ce n'est rien de plus qu'un film qu'on a oublié derrière les étiquettes "film à casting" et "film historique". Rien de plus.