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    Napalm
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Napalm" et de son tournage !

    Une brève rencontre

    Claude Lanzmann se rappelle comment il a eu l'idée de faire un film à propos de cette singulière histoire d’amour qu'il a lui-même vécue à Pyongyang en 1958 :

    "Ce fut une brève rencontre. Et, comme dans le film de David Lean, cette histoire d’amour ne fut pas consommée. Pas parce que j’étais un puritain, comme les personnages de Brève Rencontre, mais parce que nous avons été empêchés ! Depuis des années, tout le monde me disait que je devais en faire un film, seulement je ne voyais pas comment c’était possible. N’importe qui d’autre aurait réalisé un film avec des acteurs, tourné n’importe où en Asie, au bord de n’importe quel fleuve puisqu’il est impossible de tourner à Pyongyang. C’est ce que Spielberg aurait fait, sans doute, il aurait même construit la ville, et inventé un fleuve ! Mais moi, même si j’en avais les moyens, je ne saurais pas faire ça. Et comme c’est mon histoire, c’est à moi de la raconter, comme je l’ai fait déjà dans Le Lièvre de Patagonie, et c’est à moi de la filmer, et à personne d’autre. M’est revenu, aussi, le souvenir de l’expérience malheureuse vécue avec Élise ou la vraie vie, le livre de Claire Etcherelli. Claire, je l’avais dénichée, je l’avais aidée, j’avais fait lire son livre à Simone de Beauvoir, il avait eu le Prix Fémina (en 1967), et puis Michel Drach était venu me demander d’écrire une adaptation, en disant qu’il fallait aller vite mais que sitôt qu’il aurait décroché l’avance sur recettes, je pourrais retravailler le scénario. Il a eu l’avance, mais je n’ai pas pu retoucher le scénario, que j’ai refusé de signer, et je me suis brouillé avec Drach : son film n’est pas celui que je voulais, le vrai sujet d’ Élise ou la vraie vie n’est pas la liaison d’une Française avec un Arabe en pleine guerre d’Algérie, mais comment une ouvrière à la chaîne devient un écrivain. Mon histoire à Pyongyang présentait le même risque de passer à côté du sujet. J’ai bien songé un temps, brièvement, à travailler avec des comédiens, j’ai même pensé à un acteur britannique pour jouer le rôle de celui que j’étais en 1958, mais non, je ne pouvais pas faire ça."

    Presque 60 ans plus tard...

    Claude Lanzmann est retourné en Corée sans autorisation de filmer et chaque plan représente une extraordinaire victoire sur le contrôle permanent de la police politique du régime, qui découvrait les vraies raisons de son retour, soixante ans plus tard, dans la péninsule de ce nord extrême.

    Système D

    Claude Lanzmann se rappelle comment il a fait pour filmer à Pyongyang en Corée du Nord :

    "J’y étais déjà retourné en 2004. Lorsqu’il m’avait été demandé alors si j’étais venu dans le pays auparavant, j’avais répondu que non, sinon ils auraient enquêté et je n’aurais peut-être pas eu de visa. En 2004, j’avais obtenu, depuis Pékin, un visa touristique de quatre jours et m’étais trouvé associé à un groupe de disciples de Chomsky, qui voulaient voir le communisme pur et dur. J’ai cru mourir de faim, on nous servait une barbaque immonde, tout contact avec les Coréens était interdit et impossible, on nous disait que le peuple coréen était très hospitalier mais ne souhaitait pas rencontrer des étrangers. Un jour, je me suis fait porter pâle pour éviter de sortir avec le groupe, précisément comme je l’avais fait en 1958, ainsi que je le raconte dans le film. En 2004, j’ai réussi à épuiser mon garde, beaucoup plus jeune que moi, mais qui, comme tous les Coréens, fumait comme un sapeur, et à prendre un taxi avec lui : je voulais voir la ville que j’avais connue plus de quarante-cinq ans avant, je cherchais l’hôtel d’alors, dont le chauffeur m’a appris qu’il avait été détruit par un incendie quatre ans plus tôt. Ensuite, j’ai guidé le taxi jusqu’à l’hôpital de la Croix-Rouge où j’avais emmené Armand Gatti en 1958. J’étais bouleversé, mon garde n’y comprenait rien, je lui ai dit que je connaissais mieux Pyongyang que lui et je lui ai raconté mon histoire avec Kim Kum-sun, « mon » infirmière inoubliable. Aussitôt, il a téléphoné à ses supérieurs, et une demi-heure après mon retour à l’hôtel un officiel s’est présenté à moi, un genre de vice-ministre du tourisme. Nous avons bu des whiskies, nous avons parlé et je lui ai dit que j’aimerais beaucoup faire un film dans son pays. Il m’a donné ses coordonnées, je suis reparti pour Pékin le lendemain, et ensuite je n’ai plus eu envie de revenir, j’avais peur de mourir de faim !"

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