Difficile de croire que Clint Eastwood est à l'origine de cette grosse déception. Lui qui aime tant défendre les valeurs héroïques de son pays dans ses derniers films ("American Sniper", "Sully"), "Le 15h17 pour Paris" ne compte pas parmi ses réussites, et au vu de son grand âge, on peut pas vraiment parler d'erreur de parcours... Pourtant, j'aurai tellement aimé adoré ce film dont la bande-annonce me donnait des frissons mais la déception est bien là. Le film s'inscrit dans une ère sensible et pesante où les attaques terroristes s'inscrivent presque dans notre quotidien et Clint Eastwood vient poser son regard sur l'attentat qui aurait pu être le plus dévastateur de ces dernières années, déjoué par trois jeunes américains qui ont empêché le pire. Biopic de ces trois héros, on revient sur leur enfance marquée par une éducation catholique mais enjouée par leur amitié forte. De leur jeu de "guerre" naitra une réelle ambition d'aider les autres et de défendre leur pays et deux d'entre eux iront jusqu'à s'embrigader dans l'armée. On suit ce cheminement et leur évolution avec distance, sans trop d'engouement face à l'histoire racontée et au jeu simpliste des protagonistes. Les rôles secondaires, d'abord, sont totalement mis de côté, bâclés et sans interêts (les mères par exemple ou les rencontres de leur voyage,...) tandis que les trois jeunes, même si ce sont eux qui ont vécu le réel attentat ne dégagent pas grand chose et manquent clairement de présence. Certes, ce sont des non-professionnels et ils revivent une étape charnière de leur vie mais mis à part un côté documentaire, ça n'apporte pas grand chose... Certaines scènes faisaient même repenser aux reconstitutions dans les émissions d'enquête criminelles, c'est pour dire. Après un retour dans leur enfance pas très exceptionnelle et une formation dans l'armée peu réjouissante, Eastwood s'efface totalement derrière une série d'anecdotes lors de leur voyage en Europe : bières à Berlin, tourisme à Venise, virée en boite de nuit à Amsterdam... Tout ça ponctué d'avant-bouches pour nous préparer à la scène finale, celle de l'attentat, qui, certes, est intense mais en même temps très simple dans son traitement, montrant comment sont nés des héros ordinaires. La fin présente la scène qu'on a tous vu, celle de la remise des Légions d'Honneur à l'Elysée. Il y a quelque chose de très anodin dans "Le 15h17 pour Paris", comme si la mise en scène avait été mise de côté pour ne rapporter que les faits, juste les faits tels qu'ils ont eu lieu. Pas de suspense, pas de musique, pas d'émotions non plus, ce dernier Clint Eastwood nous laisse très perplexe même si, en soit, l'ampleur de l'évènement devrait suffire pour nous captiver !