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    L'Usine de rien
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "L'Usine de rien" et de son tournage !

    Genèse du projet

    En 2011, Pedro Pinho a entamé une collaboration avec un metteur en scène portugais, Jorge Silva Mello, qui voulait adapter au cinéma une pièce de théâtre intitulée "L’Usine de rien" et qui est à l’origine une comédie musicale pour enfants. Ils avaient obtenu un financement de l’équivalent portugais du CNC et travaillaient sur le film avec le collectif de réalisateurs auquel Pinho appartient, Terratreme, mais Jorge a dû abandonner le projet pour des raisons personnelles. Le metteur en scène se rappelle :

    "En 2014, nous avons donc décidé de reprendre en main l’écriture du projet à quatre : Luísa Homem, Leonor Noivo, Tiago Hespanha et moi-même. Nous avons conservé quelques idées du projet initial, mais nous l’avons modifié de fond en comble pour nous l’approprier et le faire correspondre à notre univers et à notre façon de travailler. Nous sommes partis dans une région industrielle au nord de Lisbonne à proximité du Tage, où nous avons loué un appartement pour y habiter et réaliser une enquête à base d’entretiens avec des ouvriers en poste, en lutte ou en situation de licenciement. Nous avons ensuite absorbé ces histoires dans l’écriture, qui a été imprégnée par cette région où l’on trouvait notamment de nombreuses usines de ciment ou de carrelage."

    Hasard magique

    L'usine que l'on voit dans le film a été difficile à trouver. Lorsque Pedro Pinho et son équipe présentaient l’idée et le scénario, leurs interlocuteurs répondaient être prêts à accueillir le tournage d'un film, mais pas sur un sujet abordant la prise de contrôle par les ouvriers de leur usine. Le réalisateur explique : 

    "Il s’est alors produit un hasard magique. Alors que j’expliquais une énième fois le projet à l’administrateur d’une usine, j’ai aperçu une lueur dans ses yeux : ce que je lui racontais était « l’histoire de son usine ». L’usine où nous avons tourné a en effet été occupée par ses ouvriers durant la révolution des Œillets de 1974. Elle appartenait au constructeur américain d’ascenseurs OTIS qui a fui pendant le processus révolutionnaire. Les travailleurs ont proposé d’acheter l’usine pour un dollar, ce qui a été accepté. Ils ont alors commencé à travailler en autogestion, avec des assemblées générales réunissant plus de 300 travailleurs. Cela a duré jusque dans les années 1990, avant que l’usine ne doive changer de statut, notamment pour accéder à certains crédits bancaires. Elle a finalement fermé en 2016, donc après la fin de notre tournage."

    Magnétisme avec les ouvriers

    Cette coïncidence a permis à Pedro Pinho et son équipe de faire jouer certains ouvriers de l’usine, d’incorporer des éléments de l’histoire de ce lieu au scénario, et surtout de créer une sorte de magnétisme avec les ouvriers. "Nous sommes parvenus à créer un collectif de personnes sensibilisées à ces questions et à créer une communauté de travail inédite. Que l’usine qui nous a servi de décor ait elle-même fonctionné en autogestion pendant des années constituait la cerise sur le gâteau", précise le cinéaste.

    Improvisation

    La grande majorité des acteurs de L'Usine de rien sont des amateurs, eux- mêmes ouvriers, même s’il y a aussi quelques comédiens professionnels. Le scénario était complètement écrit, y compris les séquences qui fonctionnent comme du documentaire à l’intérieur du film. Pedro Pinho a fait en sorte que l'encadrement des comédiens pendant le tournage laisse une grande place à l'improvisation. Le metteur en scène se souvient :

    "Nous n’avons pas montré le scénario terminé aux acteurs, et avons même entretenu une forme de secret. Nous n’avons pas fait de répétition des dialogues, mais avons été attentifs à tout ce qui se passait sur le plateau, à la fois devant et derrière la caméra. Chaque jour, on présentait aux acteurs la situation qu’on voulait tourner, et les gens devaient réagir, avec leur mémoire personnelle et émotionnelle, y compris la mémoire de leur corps. Les dialogues sont finalement largement improvisés. La plupart du temps, nous avions toutefois quelques lignes de dialogues qu’on tentait d’implanter au milieu de l’action, en les murmurant à l’un des acteurs, et en laissant les autres réagir. Tout se passait comme s’il s’agissait d’insuffler discrètement du sens à une forme de chaos organisé pour aboutir à un résultat proche du scénario imaginé."

    Pas un film sur usine qui ferme

    Si l'héritage de la révolution des Œillets est présente dans L'Usine de rienPedro Pinho ne voulait pas faire un film qui aurait été le récit d’une usine qui ferme. Il a davantage cherché à s'insérer, en compagnie de son équipe, dans une histoire plus longue, et produire une réflexion par rapport à cette déflagration économique et sociale qui laisse les gens impuissants et perdus. Il confie :

    "Pour pallier le manque de discours opératoire et pour comprendre la situation que nous étions en train de vivre, nous avons voulu faire appel à une histoire des idées, des luttes et des relations entre l’action politique et la possibilité de transformer la réalité. Quand on a commencé à penser et filmer les rapports de force entre le capitalisme et le monde qui s’est mis en place après la fin de ce processus révolutionnaire, on a invité des personnes de cette génération, des amis de mes parents, à discuter de l’actualisation possible de cette période révolutionnaire."

    Tournage en 16 mm

    Pedro Pinho a filmé L'Usine de rien en pellicule 16mm. Selon lui, la matérialité du cinéma passe par la pellicule. Il développe : "Le 16mm est la pellicule la moins onéreuse. Nous avons utilisé environ 200 boîtes de 16mm, c’est-à-dire à peu près 10-11 minutes de rushs par boîte. Si le film n’était pas le résultat d’un travail collectif, si nous n’étions pas les producteurs de ce film, cela n’aurait jamais été possible. Les conditions matérielles de production sont cruciales pour la forme et l’esthétique que l’on veut donner à son objet. L’économie est une variable esthétique fondamentale. Or, le montage d’un tel film est un procédé très long, qui a commencé en mai 2015 pour se terminer en avril 2017, même s’il y a eu des interruptions. Aucun producteur au monde ne m’aurait laissé ce temps-là pour monter un film comme celui-ci, qui a coûté 600 000 euros, ce qui représente un budget conséquent pour un film au Portugal."

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