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    Sauver ou périr
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Sauver ou périr" et de son tournage !

    Quête d'identité

    Le cinéma qui anime le réalisateur Frédéric Tellier est un cinéma de transmission, plus que de distraction pure. "Dans les récits qui m’attirent, il faut qu’il y ait une histoire et un sujet : depuis très longtemps, j’avais envie de parler de la quête de l'identité, du sens de la souffrance, et de la permanente (re)construction des êtres. J’ai lu et relu au moins dix fois le livre de Job pendant l’écriture du scénario et je reste obnubilé par la force de la vie et par le questionnement de savoir comment vivre avec le mal au sens de la souffrance, de l’épreuve de vie. C’est une question universelle : chaque être peut voir sa vie basculer irrémédiablement par un accident ou une perte brutale et devoir surmonter l’épreuve, le traumatisme, se réinventer et vivre. Et puis, la quête de l’identité est aussi une question centrale dans ma vie : qui est-on vraiment quand on est dénudé de toute enveloppe sociale, éducative, professionnelle, l’enveloppe des hasards de la vie, du conditionnement de la vie ? Enfin, j'avais aussi envie de raconter une histoire d'amour. C’est tout cela mis bout à bout qui a produit les premières étincelles de ce récit."

    Univers des pompiers de Paris

    Frédéric Tellier revient sur l'idée de raconter une histoire dans l’univers des sapeurs-pompiers de Paris, puis des grands brûlés. "J’ai eu connaissance de « faits divers », et j’ai été profondément marqué par les histoires très fortes de sapeurs-pompiers auxquels il était arrivé de graves accidents. Jusqu’ici, le plus souvent, j’étais entré dans mes projets de films par l’histoire dont la dramaturgie était déjà là : pour Sauver ou périr, j’avais le fond, le sujet, les étincelles de départ. Mais pas immédiatement l’histoire. Les tragédies vécues par ces pompiers anonymes ou les différents grands brûlés que j’ai pu rencontrer par la suite m’ont apporté le contexte. J’ai trouvé des articulations et des repères dramaturgiques en projetant un personnage, un pompier, au service des autres qui aurait tout, et qui se retrouverait grand brûlé, miraculé, mais qui perdrait tout, et qui devrait réapprendre à vivre. L’intérêt de cette histoire qui commence au coeur des pompiers est qu’elle place les curseurs au maximum : avec le personnage, on est d’emblée dans l’excellence, l’exigence, l’altruisme, la solidarité et, quand tout bascule, on passe dans la douleur physique et morale la plus brutale. Cette double polarité prépare de façon très intéressante la résolution de l’histoire. J’aime proposer des histoires qui englobent le spectateur, le mettent à l’épreuve, et le projettent dans le destin de mes personnages."

    Priorité à la psychologie

    Pour Frédéric Tellier, la priorité a été la psychologie : "J’ai d’abord passé beaucoup de temps avec des médecins, lu de nombreux documents et fait beaucoup de recherches sur Internet. Très vite, j'ai été en contact avec des psychologues, des psychiatres, des centres spécialisés de grands brûlés : l’hôpital Saint-Louis à Paris, le centre hospitalier spécialisé Montperrin à Aix-en-Provence, et le centre de réadaptation Coubert en banlieue parisienne où nous avons d’ailleurs tourné plusieurs scènes de la partie centrale du film. J’ai discuté avec des chefs de service, des médecins, des personnels soignants, des accidentés, et avec le Professeur Mimoun du service des grands brûlés de Saint- Louis.

    Mon coscénariste connaissait une psychiatre avec qui nous avons beaucoup travaillé : elle avait accompagné un pompier grand brûlé, et a été pour nous une formidable source d'informations. Dans un second temps, avec la production, nous nous sommes rapprochés de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris pour toute la partie logistique des pompiers. Mais l’histoire de ce film est avant tout celle d'un grand blessé de la vie qui se relève, qu'il soit pompier ou pas. Pendant le préfinancement du film, j’insistais et j’expliquais ce que je fais dire à mon personnage principal : tout le monde connaît un effondrement personnel, finit par avoir un accident de la route, un cancer, une maladie, ou par perdre quelqu’un… Nous sommes ou serons tous, à un moment, des grands blessés, des naufragés de la vie ; explorer nos malheurs nous fait prendre conscience de nos bonheurs. Comment définiriez-vous le personnage de Franck ?"

    Travail de préparation

    Frédéric Tellier revient sur ses exigences en matière de préparation pour Pierre Niney. "J'ai plein d'exigences en tant que metteur en scène, et pour moi la base du contrat est de proposer un univers impeccable et honnête. Mon obsession dans mes films est le réalisme : il faut que ça sente le vrai. Quand Pierre monte à la corde ou qu'il monte la planche, il le fait vraiment. Quand il est ému, il l’était vraiment, sincèrement, purement. Il est allé en immersion chez les pompiers et chez les grands brûlés et il a cette grande qualité de s’investir entièrement dans son personnage et l’histoire : il est incroyable de possibilités et en même temps de grande sensibilité, de capacité à ressentir les sentiments, à les vivre. En fait, il était Franck !"

    La méthode Tellier

    Frédéric Tellier a les mêmes exigences pour lui que pour ses acteurs : "Je les observe longtemps, je cherche à les connaître, à savoir comment ils fonctionnent, ce qui les nourrit, d’où ils viennent, ce qui les meut. J’essaye de faire en sorte que nous nous adaptions l’un à l’autre. Et ensuite je cherche ce fameux or du temps avec eux : le moment de rupture où les artifices cessent et où naît réellement le travail de création, la vérité de la proposition, des sentiments. Ma pire crainte quand je travaille est de perdre l’émotion. Je veux toujours conserver le sentiment fort de ce que j'ai écrit au moment où je l’ai fait, seul. Alors, je fais tout pour me concentrer sur ce sentiment, l’avoir en tête, et le vivre pleinement pour me rapprocher de lui avec les acteurs. Je suis dans le désir vis-àvis des acteurs. Ils et elles me nourrissent, me comblent, me fascinent, me rendent heureux. C’est comme, enfant, lorsqu’on joue avec d’autres enfants. Les choses sont honnêtes, pures. Les acteurs sont capables de tout. Ils et elles sont mes héros. Je les aime et les admire inconditionnellement."

    Mise en scène

    Frédéric Tellier se fixe généralement des objectifs généraux de mise en scène, qu'il réajuste en fonction des acteurs. "Je fais toujours une mise en place avec les acteurs et j'essaie de tout ajuster ou rectifier en fonction de leurs propositions. Pour Sauver ou périr, je n'avais pas les mêmes idées préconçues que sur mon précédent film L'Affaire SK1. Ici, il y a plus de mouvements. Pour Sauver ou périr, la proposition visuelle et sensorielle pour le spectateur n’est pas d'être un personnage parmi les personnages, à la place du flic ou de l’avocat. Là, je voulais que la proposition soit d'accompagner le couple pendant les trois ans que dure le film, d’être complice du couple et de son histoire. D’être témoin. Il en découlait la possibilité d'exprimer des mouvements de caméra plus amples, moins secs. Je cherchais à être en harmonie avec la séquence.

    En fait, j'ai l’impression que je voulais que ma mise en scène soit plus évocatrice que sur l'Affaire SK1 où je laissais davantage le spectateur faire ses propres choix. Par exemple, quand Franck retrouve son épouse devant la maternelle, je voulais plusieurs notes de mise en scène dans la même séquence, à l’image des différents sentiments par lesquels le personnage passe : d’abord un plan large et des champs-contrechamps, puis quand Cécile remet Franck à sa place, la caméra passe derrière la grille de l’école, s’éloigne d’eux, se retrouve entravée, interdite. La séquence de l’accident au feu, elle, devait être impressionnante et inoubliable car elle symbolise le combat livré et perdu, le sacrifice de soi. Nous avons utilisé une technique mixte : des effets pyrotechniques au moment du tournage et des effets spéciaux numériques en post production. Et la caméra là, est embarquée, très subjective. Le récit se décompose en trois parties, et la mise en scène d’un point de vue général cherche à témoigner des moments, mais avec, à chaque partie, un traitement légèrement différent pour tenter de parfaitement coller à la nature même de l’histoire."

    La place de la musique

    Frédéric Tellier a procédé comme pour L'Affaire SK1 : il a coécrit la musique avec Christophe La Pinta qu'il connait depuis longtemps… "C’est lui qui ensuite a fait tous les magnifiques arrangements. Je voulais une musique très simple, un piano arrangé. Une musique dépouillée et naturaliste presque. Intimiste. Mais une musique avec une mélodie. Je voulais qu’elle soit presqu’à fleur de peau, qu’elle frôle les personnages et le coeur des séquences, puis s’estompe. Je la voulais délicate et fragile. J'ai composé plusieurs partitions avec des accords très simples, très mélodiques. Une musique que je souhaitais, comment dire, presque minérale.

    Un piano en avant, mais discret, moderne dans sa sonorité, et derrière des cordes frottées pas trop appuyées mais très précises, avec une prise de son très proche des cordes, pour qu’on en sente la vibration, le frotté de l’archet, le travail du musicien. Une musique qu’on pourrait appeler musique modale – une musique de l'âme, très sobre, qui ne vient pas couvrir mais accompagner les séquences. Habituellement, je prévois une thématique musicale que j’ai élaborée très précisément, et que je garde pendant toute l’écriture du film, puis le tournage. Et même parfois le début du montage. Et au moment du montage en soi, tout valse ! Je change complètement mon fusil d’épaule. Je jette tout ce que j’avais préparé, et dans l’angoisse la plus totale, je recommence tout en changeant radicalement de direction, pour être plus en harmonie avec l’image et les séquences. Là, pour la première fois, j'ai gardé la musique que j'avais prévue au départ !"

    La méthode Pierre Niney

    La préparation physique a été très importante pour Pierre Niney : "Je voulais m’étoffer, changer de silhouette et faire ce que fait vraiment un pompier de Paris. Pour y parvenir, il n’y avait rien de mieux que de vivre avec eux à la caserne et d’être en immersion totale à la brigade des sapeurs-pompiers ! J’ai donc participé à la fameuse montée de planches, aux montées de cordes, au port du matériel, à l’entraînement quotidien… J’ai aussi travaillé avec un coach sportif et une nutritionniste : j’ai pris près de 9kg en muscles pour la première partie du film. Que je devais ensuite perdre le plus vite possible pour incarner l’après-accident. C’était un réel challenge physique. Je devais stopper nette la musculation et je ne buvais plus que des jus, pendant un mois et demi !

    Mais pour les deux parties du film je voulais faire ces transformations : changer mon corps, ma démarche, ma manière de porter les vêtements… pour être au plus près du personnage. J’ai aussi passé du temps avec les pompiers en interventions et je les ai accompagnés de nuit dans le camion. Au cours de ces interventions, j’ai été confronté à beaucoup de choses et de situations qui m’ont profondément marqué… et que ces pompiers affrontent depuis qu’ils ont 18 ans (voire moins) : un dépressif qui menace de se jeter de son balcon, une overdose, un accidenté de la route etc. Je devais appréhender tous ces événements graves qui sont leur quotidien. Mais j’ai été fasciné par leur lucidité sur ce qui prime dans la vie, et par ce contraste saisissant, dont nous parlons dans le film, entre leur grande jeunesse et cette réelle maturité", confie le comédien.

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