Avis : Énorme - Page 2

Énorme réussit l’exploit de constamment raccorder son comique farcesque à la fragilité humaine saisie dans ce qu’elle peut avoir de plus brutale, une blague sur les règles des éléphants s’invitant au moment précis où Claire accouche sous les sons inquiétants des appareils médicaux. Sophie Letourneur compose une œuvre totale, de la même manière que la pianiste accepte de se décentrer pour permettre à l’orchestre de participer et ainsi jouer ensemble, par la polyphonie et l’harmonie de voix séparées, lors de la Nuit Prodigieuse. Le film devient ainsi un récit d’apprentissage, celui de la maternité qui apparaît ici non comme une évidence mais comme une construction équitablement ouverte aux parents. Car c’est Frédéric, dont le prénom mixte contribue à sa féminisation, qui assume l’éthos de la mère, au point de soumettre son propre corps aux évolutions physiques et hormonales : il vit la maternité comme s’il portait le bébé en lui, ressent chaque mouvement tel un acte langagier qu’il interprète pour Claire, il redouble la gestation et souhaite, par divers procédés dont un sein artificiel, allaiter l’enfant au terme de la grossesse. Tout cela s’avère hilarant, tout cela dit quelque chose de ce que signifie attendre un enfant dans notre société contemporaine. L’orchestre constitue une métaphore du couple : Frédéric indique à son épouse, au moment où celle-ci répète son morceau, que « le flutiste n’a plus d’air », derrière lequel il se place, la flûte faisant signe vers un sexe qu’il dévoile avec fugacité et dont les élans sont brimés par la pause pipi et la routine mécanique. Letourneur renverse donc à la fois la répartition des tâches qui incombent à l’homme et à la femme, mais également leurs modalités de représentation à l’écran, la femme n’apparaissant jamais dans son intimité, au contraire de l’homme, ce qui s’avère rare – et donc précieux – au cinéma. Même la séquence d’accouchement est perçue depuis le regard du père, ce dernier tendant son portable à la sage-femme pour immortaliser la naissance. C’est dire que les jeux de mots savoureux, que l’humour ravageur, que le talent burlesque des acteurs ne constituent pas la finalité du long métrage. Énorme est moins une comédie qu’une comédie humaine, entendue comme la somme, saisie et exagérée par la fiction, des maux que rencontrent la société et l’individu selon des critères professionnels, sociaux, sexuels, culturels voire religieux – la surcharge affective de Frédéric n’est-elle pas à relier aux plats préparés par sa mère lorsqu’il lui rend visite, selon une tradition juive ici malicieusement amplifiée ? Voilà donc une œuvre éminemment politique qui aborde des thèmes aujourd’hui brûlants, tels que la place d’un enfant dans un couple qui travaille ainsi que sa place dans la vie d’une femme qui vit de sa passion en s’y consacrant quotidiennement, l’IVG, la responsabilité et la propriété du bébé porté ; surtout, elle redéfinit la maternité/paternité en transgressant les frontières sexuelles et en mêlant les genres et les tons. Une immense comédie, l’une des meilleures de l’année 2020.

Sans trahir sa petite musique, Sophie Letourneur livre son film le plus raisonnable, le plus dramatiquement construit, le plus abouti. Juste dans chaque registre, la comédie y ayant sa part principale. Jonathan s'y épanouit pleinement (cette rentrée ciné lui doit beaucoup). Marina est impeccable, parfaite pour le rôle.Et chacun autour est juste dans sa plus modeste partie.

Je ne m’attarderai pas sur la polémique ridicule qui a accompagné ce film à sa sortie. Elle n’a probablement pas fait du bien à sa fréquentation en salle, mais il faut bien reconnaître que sa qualité non plus. Je ne vais pas tourner autour du pot: j’ai détesté. D’emblée j’ai eu du mal avec les personnages de Marina Foïs et de Jonathan Cohen deux acteurs que j’apprécie en temps normal et dont le talent comique n’est ici pas exploité. Car il faut bien le dire ça n’est jamais drôle. Que ce soit au niveau du comique de situation, des dialogues, même du malaise rien ne fonctionne. Contrairement à ce qu’on pourrait penser j’ai trouvé que le film ne faisait réfléchir sur aucun des sujets qu’il n’évoque car au niveau de l’écriture rien ne fonctionne. Et puis il faut aussi reconnaître que c’est d’une laideur sans nom, le cadre carré même s’il est un vrai choix pour illustrer son histoire est déplaisant, la photo aurait même déprimé une salle de cinéma dans l’Allemagne de l’Est des années 70. C’est sans rythme, ennuyant dès le début pour finir par être insupportable.

Ce film est un OFNI, je ne saurais dire s'il s'agit d'une comédie ou pas.
Je pourrais commencer en disant que je comprends que les avis soient tellement tranchés tant ce film est un parti pris jusqu’au-boutiste ... mais non finalement, j'ai tellement aimé que je ne veux comprendre.
Pendant pratiquement tout le film nous sommes face à ce numéro d'équilibriste entre ce personnage immonde dans la vraie vie de pervers manipulateur qui fait vivre sa femme sous emprise et à l'écran ce personnage dont la caricature si bien portée par le grand Jonathan Cohen. Un dosage toujours fin pour ne pas faire tomber dans le malaise.
Bien sûr, Marina Foïs est impeccable. Nous avons ce plaisir si particulier de redécouvrir les actrices avec un vrai teint de vraie peau avec une vraie lumière sans que ce ne soit jamais mal filmé. Une mention toute spéciale à tous les professionnels qui ont joué leurs vrais rôles. Nous en venons à regretter de ne pas avoir été une mouche, tout tombe tellement juste que l'on se dit que le moment a dû être magique pour les acteurs aussi.
Et dernier chapitre à mon enthousiasme, jamais je n'avais vu des scènes d'accouchement, le moment de la découverte aussi bien filmés. J'ai été bouleversée de ses moments dont je ne savais plus s'ils étaient des moments de cinéma ou des condensés de vraie vie.
à voir, et revoir pour soutenir le cinéma alternatif.

La grossesse avec ses affres a toujours été un filon au cinéma, permettant d’énormes variations, le plus souvent dans un registre humoristique. C’est aussi le parti-pris de départ de ce film. Une (future) mère primipare à la grossesse non désirée, résultat d’un stratagème de son charmant époux en mal d’enfant et qui virera d’ailleurs lui-même à la couvade. La femme complètement nunuche, continuant à planer hors de son état pathologique. L’homme, impliqué au-delà de toute attente pour fabriquer « son » bébé. Chaque membre du couple est à dessein caricatural. Le ton est badin. L’ensemble est caustique. Et puis, peu à peu, le film glisse vers le quasi-documentaire, un peu comme « Voir le jour », actuellement à l’affiche. Un changement de registre qui ne peut que surprendre et que la bande-annonce n’a pas du tout laissé pressentir. Reste à comprendre le cheminement de la réalisatrice, assez personnel à vrai dire (cf. secrets de tournage), pour l’écriture de ce scénario. Libre à chacun d’adhérer ou pas, mais ce n’est certainement pas mauvais et ce film trouvera son public.

Une comédie déjantée sur la maternité portée par deux comédiens géniaux. C'est difficile à caractériser, entre la comédie de couple et le documentaire sur la grossesse, cela peut surprendre, peut parfois déranger, mais c'est hors norme et très stimulant !

Encore une mauvaise comédie boursouflée made in France. Quel film atterrant, execrable, quelle banalité, que de lourdeurs réunies en un seul film. Scenario inexistant, indigent. Acteurs absents. Marina Fois déprimante et ridicule. Un plantage total et lamentable de Sophie Letourneur qui ferait mieux de changer de metier.

Quand le désir d'enfant vient à Frédéric (Jonathan Cohen, excellent), en abordant la quarantaine, ce faire-valoir et factotum (logistique et repos de la guerrière compris), qui ne vit que par et pour sa musicienne d'épouse, Claire, sait d'instinct qu'il va devoir lui imposer la maternité - qui n'est pas du tout dans son plan de carrière à elle, par la ruse ! Sophie Letourneur aborde d'abord la gestation sur le ton de l'"Enorme" (presque de l'"hénaurme"), de manière décalée et drolatique (le mari est en pleine "couvade"), mais le mode cocasse s'infléchira dans un deuxième temps, quand l'échéance approche, vers nettement moins léger. De nullipare à primipare tardive, Claire passe un cap, mais professionnel - du récital à l'orchestre symphonique (alors que Frédéric va s'accomplir sans doute en "père au foyer").
Une vision "féministe" des rapports de couple, forte et originale - qui s'achève sur le 2e Mouvement du Concerto en sol majeur de Ravel, créé en 1932 par sa dédicataire, Marguerite Long, joué par Claire (Marina Foïs), tout juste accouchée, de toute son âme...

Marina Foïs et Jonathan Cohen sont chef-d'œuvreaux. C'est un film super bien écrit et filmé
On passe par toutes les émotions et qu'est-ce qu'on rigole!
Faites peter les entrées :))

Merci pour ce film ! Grâce à lui, je sais parfaitement définir les mots "nul", "plat", "long" et "interminable".

Le premier quart d'heure est top. J.Cohen et M.Foïs jouent des rôles qu'ils maitrisent bien, posent un cadre qui s'annonce comique, dans lequel on sent que le gag peut tomber à tout moment.
Et puis arrive la suite du film. Et là, catastrophe. Les 2 personnages tombent dans l'excès, et on assiste alors à un mauvais documentaire sur la grossesse et l'accouchement, en explorant les situations aussi peu crédibles les unes que les autres.

En bref, j'y suis allé avec ma compagne pour passer un agréable moment de cinéma, je suis ressorti avec une femme qui ne veux plus d'enfant.

En 2013, Sophie Letourneur présentait “Les Coquillettes”, un projet brouillon et trop spontané pour intéresser. La réalisatrice s’entoure cette fois de comédiens professionnels Marina Foïs et Jonathan Cohen pour une comédie prénatale. Frédéric veut un bébé alors que Claire non. Pourtant Frédéric va commettre l’impardonnable et transformer sa femme en baleine. “Énorme” est une petite comédie niaise qui aurait pu satisfaire s’il elle était plus assumée et moins filandreuse. En effet, la première partie est risible et les séquences forcent à sourire avec des répliques telles que “Tu veux qu’on fasse l’amour pour ton anniversaire ?” “Non, t’as pas envie de moi, c’est juste pour te détendre et je ne suis pas un spa”. Très vite, la comédie tombe dans des situations grotesques à l’humour douteux et on commence à se demander ce que Marina Foïs fait là. A l’opposé, le final à la maternité est réaliste et touchant. Alors que penser de “Énorme”. Les idées sont bien là, mais la réussite trop inégale.
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Une bande annonce et des acteurs plutôt drôles, tout l’inverse du film, décousu, gênant, des dialogues ridicules, lourds, qui veut sortir du lot mais complètement invraisemblable, quand on veut faire un film qui sort du commun il faut le présenter comme tel dès vraiment l’impression d’être devant baby boom, il n’y a aucune différence...

Film quasiment ''documentaire'' sur la grossesse.
Marina Foïs et Jonathan Cohen sont épatants dans leur rôle respectif.
Quelques répliques font mouche.
Globalement séduite par ce film

Parle plus aux femmes qu'aux hommes. Il faut aussi prendre la mesure que ce sont des vraies infirmières, médecins, pompiers etc qui interviennent dans le film sans scrib pré défini. Cela peut donner une impression de mauvais jeu d'acteur , alors que c'est excellent comme idée !

Elle est une pianiste internationalement renommée, lui est son mari, son agent, son imprésario, son bodyguard...
En résumé, il s'occupe de tout, même de lui donner sa pilule tous les soirs à heure fixe. En effet, ils sont d'accord : il n'y a pas de place pour un enfant dans cette vie à deux faite de voyages à travers le monde.
Pourtant, Frédéric (Jonathan Cohen) décide un beau jour d'être père sans le consentement de Claire (Marina Foïs) : c'est le début pour lui d'un long délit (entrave à interruption volontaire de grossesse) et pour elle d'un long déni...
Amusant par instants dans la première demi-heure, cette comédie glisse lentement dans un humour absurde et répétitif lié à la gestation humaine en nous proposant un accouchement final (au sens littéral) d'une lourdeur sans nom.
A la limite de l'indigeste !
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