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    Jojo Rabbit
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    3,9
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    448 critiques spectateurs

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    Cinememories
    Cinememories

    439 abonnés 1 431 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 octobre 2021
    Le film rappelle en un temps “La Vie Est Belle” de Roberto Benigni, qui a su insuffler le drame dans un sinistre jeu pour la survie. Mais Taika Waititi mise sur un modèle plus délicat, reposant intégralement sur une satire burlesque, comme Chaplin ou Tarantino ont pu passer par là. Un certain regard vers Wes Anderson se fait sentir sur la structure narrative des premières minutes, qui fonctionnent et qui présageait du bon dans un discours engagé, mais distant, vis-à-vis du fanatisme naziste. Les reprises des Beatles ou encore David Bowie en témoignent. Pourtant, le cinéaste s’égare dans des maladresses que l’on distingue, passé un certain recul, car le film nous invite formellement à prendre position et à changer constamment de point de vue. A travers le héros, nous avons une vision minimaliste d’un enfant et de son obéissance aveugle envers sa patrie, ce qui diffère des principes et l’éducation qu’il reçoit à domicile.

    Souvent prenant, l’humour de Waititi touche, mais ne satisfait pas entièrement, car il existe comme un vide. Sans réel fil rouge, le film se heurte à son propre discours, qui s’use dès l’instant où un incident réforme Johannes Betzler ou Jojo (Roman Griffin Davis) à participer à l’effort de guerre de loin. Et c’est dans cet environnement qu’on le fait évoluer, sous la supervision de sa mère Rosie (Scarlett Johansson) et notamment de son référent, le capitaine K. (Sam Rockwell). Entre tendresse et passion désabusée pour la violence cartoonesque, le petit Jojo finit par confronter le système d’endoctrinement, qui arrache la vertu et l’enfance de bien des individus, que l’on oublie un peu, car souvent, on ne regarde pas plus loin que l’uniforme. On recherche ainsi des symboles fort, pour appuyer la divergence morale que Jojo acquiert au fur et à mesure qu’il en apprend sur les Juifs et c’est justement dans un élan poétique et sincère que le cinéaste trébuche et manque de prendre son sujet au sérieux.

    L’ami imaginaire de Jojo est à la fois un guide spirituel et un démon intérieur à terrasser. L’idée est bonne et promettait bien des échanges qui auraient de quoi faire mûrir l’esprit d’ouverture. Waititi, enfile donc l’uniforme du Führer, Adolf Hitler, mais n’embrasse pas le sentiment de terreur derrière le personnage. Ses apparitions sont d’ailleurs minimes et ne sont pas toujours pertinentes, si ce n’est servir l’intérêt comique, dont il faut parfois laisser passer pour enfin entrer dans le vif du sujet. Mais la présence d’un autre idéal rend justement cette hallucination peut efficace et pertinente, car un seul modèle aurait suffi et ce n’est pas celui du moustachu. Elsa (Thomasin McKenzie) est une Juive rescapée, qui rappelle énormément Anne Frank, sorte d’hommage au fardeau d’un peuple martyr. De plus, elle constitue un catalyseur fraternel et romanesque, chose qui manque éperdument à Jojo, solitaire et peu convaincu des bienfaits du nazisme. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est aisé d’en comprendre les nuances et le film semble en réalité s’adresser à un public plus mûr que son protagoniste principal, qui enchaîne les bêtises morales au détriment d’une éducation droite et volée par un Reich rempli de clichés.

    Très loin du prestigieux “The Dictator” de Chaplin, “Jojo Rabbit” se révèle malgré tout être un divertissement habile et intelligent dans ses propos, mais dans la démarche, c’est autre chose. L’émotion est construite selon une narration bien ficelée, mais qui n’aura pas toujours l’impact attendu à l’arrivée. En pensant aux représailles, il faut donc accepter quelques cicatrices pour en apprécier le visage derrière, alors que c’est la conscience le principal sujet. Le récit défile sans doute trop vite par moment ou s’étale sur des représentations que l’on amène afin de combler une transition ou un cahier des charges. Cela se sent et cela a eu des conséquences. Et s’il faut retenir du bon dans ce récit qui éparpillent ses shrapnels, rappelons que c’est l’initiative qui pousse paradoxalement le spectateur à se détacher de l’œuvre et de l’Histoire, afin de trouver les bonnes réponses dans cette guerre qu’il n’a pas connu et dont il n’aimerait pas non plus voir son reflet à la maison. Outre les licornes, les visites SS et la paranoïa décomplexée, le film assume son statut d’observateur alors qu’un acteur se tenait juste là, derrière l’écran, les émotions avec.
    traversay1
    traversay1

    3 088 abonnés 4 622 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 janvier 2020
    Pour un membre des jeunesses shitlériennes (sic), qu'y avait-il d'étrange à avoir le Führer lui-même comme ami imaginaire ? Postulat de départ de Jojo Rabbit, au demeurant aussi allumé que son titre, notamment dans sa première partie, mais qui va bien au-delà du sens de l'absurde et du burlesque pour une évocation hors normes et parfois hénaurme de l'Allemagne nazie. Le film est à conseiller au jeune public, en particulier, mais pas seulement, car sa qualité d'écriture, ses dialogues cinglants et sa mise en scène imaginative en font aussi un film d'auteur dans une veine proche de Lubitsch et Chaplin pour ses thèmes et de Wes Anderson parfois, pour sa forme. Mais si certaines parties font penser à ces influences, globalement, le film est inclassable et traverse une palette complète, de l'humour noir à l'émotion pure, en passant par toutes les étapes intermédiaires. Évidemment, Jojo Rabbit rappelle avant tout une évidence toujours utile en des temps troubles comme les nôtres : l'ignorance est mère d'intolérance. Point de didactisme pourtant dans le film qui avec ses allures de conte de Grimm, y compris dans son aspect visuel, ose beaucoup dans le délire sans perdre de vue un côté réaliste. Et sur le sujet même, il est sans doute nécessaire de se souvenir que le cinéaste néo-zélandais Taika Waititi (Boy, Vampires en toute intimité) possède une double ascendance, maorie et juive, qui explique que les notions de tyrannie et de génocide lui sont familières. Pourtant, parler de spectacle jubilatoire avec le sujet que traite Jojo Rabbit peut sembler incongru, voire déplacé, mais ces a priori-là, le film les balaie dès ses premières minutes qui donnent le ton sans que jamais on ne pense à de la provocation ou à du mauvais goût. Waititi joue lui-même le rôle d'Hitler avec une incroyable faconde, au côté d'un jeune acteur prodigieux, Roman Griffin Davis. Le reste de l'interprétation est tout aussi excellent : Scarlett Johansson, Sam Rockwell et Thomasin McKenzie, entre autres. Dans tous les festivals où il a été montré, Jojo Rabbit a été élu meilleur film par le public, notamment à Toronto. Cela signifie que le film touche juste et fort et que, peut-être, les votants aux Oscars seront du même avis. Une statuette, au moins, serait amplement mérité.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 janvier 2020
    Je ne m'attendais pas à une telle qualité dans la réalisation et l'image, l'histoire est touchante et ne vous laissera pas de marbre, un de mes coups de coeur de fin 2019
    BIBI07
    BIBI07

    77 abonnés 41 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 janvier 2020
    Vu au ciné "JOJO RABBIT" de Taika Waititi, comédie dramatique et satirique: en 1945 en Allemagne, fin de la guerre, un jeune garçon de 10 ans est enrôlé dans les jeunesses Hitlériennes, avec comme ami imaginaire... Adolf Hitler himself (interprété par le réalisateur), qui le guide et l'accompagne dans son enrôlement aveugle (apparitions le représentant en bouffon grottesque), le garçon vivant seul avec sa mère (son père parti à la guerre).La découverte surprenante d'une fille juive cachée sous son propre toit par sa mère va bouleverser quelque peu ses acquis et les certitudes qu'on lui a inculquées, il va devoir se libérer de cette emprise "nazie", à travers son "démon", cet Hitler devenu menacant, jusqu'à un terrible drame intime et personnel assez inattendu qui va faire basculer le film: en même temps Jojo réalise l'ampleur de son endoctrinement et perd peu à peu son innocence. Autant le dire de suite ce film ne ressemble à aucun autre de par son traitement à la fois burlesque, satirique, parodique dans un premier temps puis plus touchant et même très émouvant dans une deuxième partie certes plus classique mais pas pour autant moins passionnante, un mélange de genres casse-gueule surtout sur un tel sujet mais qui fonctionne à condition qu'on y adhere, restant simple à la lecture: ici tout est vu à hauteur d'enfant, là où l'innocence et la crédulité sont les plus faciles à détourner, le réalisateur n'occulte pas non plus l'horreur et l'absurdité de la guerre (pendaisons, bombardements, descente de Gestapo...) mais en gardant toujours un ton décapant et un humour décalé qui permet de désamorcer le sujet, prônant au final la tolérance et dénonçant un antisémitisme absurde. Tous les acteurs sont formidables: Sam Rockwell épatant en nazi, Scarlett Johansson vraiment bien en mère, et surtout les deux jeunes, et plus particulièrement l'interprète de Jojo, Roman Griffin Davis, qui porte vraiment le film sur ses frêles épaules, il est impressionnant de charisme et de justesse, regard et vraie bouille mêlés d'innocence et de malice, une vraie révélation dans cette fable humaniste à la fois film d'auteur et film grand public, très sympa!
    Alain D.
    Alain D.

    492 abonnés 3 204 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 avril 2020
    Un film peu commun au genre difficilement classable par la diversité de ses scènes. Des images alternant humour et gravité, des scènes de guerre, de jolis instants d'émotion et des séquences fantastiques avec un Adolph Hitler joué par un étonnant Taika Waititi qui est aussi le réalisateur de cette parabole historique.
    Outre la BO résolument moderne, la réussite de cette réalisation tient aussi à son superbe casting avec une magnifique Scarlett Johansson (la mère de Jojo) que l'on voit hélas trop peu. Bien soutenu par la jolie et émouvante Thomasin McKenzie, la vedette revient au surprenant Roman Griffin Davis. Il provoque beaucoup de sensations dans le rôle multi facettes du petit garçon.
    Manu Frakes
    Manu Frakes

    20 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 février 2020
    Je mets très rarement 5 étoiles à un film mais celui-ci les mérite amplement.
    Pourtant, je n'ai pas accroché tout de suite, ne comprenant pas bien le début du film.
    Puis je me suis laissé embarquer dans cette histoire grave, ou le nazisme est vu au travers les yeux d'un allemand de 10 ans, endoctriné par le régime...

    Alors ce film n'est pas une comédie comme je le pensais au départ, mais un sujet sérieux abordé avec un humour décalé et la prestation exceptionnelle des comédiens (mention spéciale à Roman Griffin Davis et Scarlett Johansson).

    Excellente surprise pour ce très beau film, même si je pense qu'il ne plaira pas à tous le monde.
    Mirobole Pancrate
    Mirobole Pancrate

    19 abonnés 211 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 1 mars 2020
    Quelque part entre "The Dictator", "La vie est belle" et l’histoire d'Ann Franck naquit cette fable burlesque prometteuse... Et patatras! Le film échoue à peu près sur toute la ligne malgré quelques bonnes scènes (notamment celle de la Gestapo). Le plus embarrassant concerne l'aspect humoristique totalement raté car balourd au point d'en devenir parfois gênant. Typiquement, les gesticulations de Taika Waititi en Hitler pathétique consternent. Dommage car ce même réalisateur avait trouvé bien plus de justesse comique dans son "Vampires en toute intimité". On pouvait donc légitimement s’attendre à une loufoquerie subversive, mais on tombe finalement sur un petit feel good movie puéril et maladroit.
    Fabien D
    Fabien D

    167 abonnés 1 102 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 janvier 2020
    Première déception de l'année, Jojo Rabbit, malgré son idée de base drôle et original, manque cruellement de folie. Lorgnant fortement du côté de Wes Anderson, Waititi survole son sujet pour nous offrir une fable à peine loufoque mais très mièvre, surtout dans sa dernière partie. On retiendra quelques passages et dialogues savoureux notamment dans leur manière de ridiculiser les croyances antisémites mais le film en lorgnant du côté sentimentale le plus niais loupe son coche. C'est mignon mais artificiel figé dans une esthétique pop déjà vu et incarné sans conviction par des acteurs que l'on a connu meilleurs (Scarlett Johansson et Sam Rockwell). Dommage.
    Naughty Dog
    Naughty Dog

    796 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 janvier 2020
    Après un détour chez Marvel pour Thor Ragnarok, Taika Waititi revient à un film aux ambitions toutes autres. En effet, Jojo Rabbit est une production Fox Searchlight tout à fait singulière. Une fable se déroulant dans l'Allemagne nazie, où le réalisateur retrouve son univers décalé.


    Jojo Rabbit se présente comme une comédie satirique. On y suit Johannes "Jojo" Betlzer, un jeune endoctriné des jeunesses Hitlériennes, ayant pour ami imaginaire le Führer en personne. Avec son père disparu au combat, sa sœur décédée et ayant pour seule famille sa mère Rosie, il va très vite découvrir une juive cachée chez lui.

    Un sujet épineux donc et pas franchement joyeux. Mais pourtant Waititi arrive à jongler à merveille entre le comique pur (on pensera au Dictateur de Chaplin évidemment ou aux films de Lubitsch) ainsi que l'évocation des horreurs de l'époque tout en conservant un point de vue enfantin (La Vita è Bella de Roberto Benigni n'est également pas très loin). En faisant rire et en prenant le point de vue d'un enfant, le réalisateur baisse la garde du spectateur et distille des doses de drame avec un vrai poids. Une recette imparable qui fonctionne du tonnerre !


    Surprenant à plein d'égards, Jojo Rabbit bénéficie d'un humour incisif et fin qui fait mouche. Il suffit de voir les scènes burlesques avec Sam Rockwell et Rebel Wilson en formateurs de la cause aryenne (les aficionados de Wolfenstein seront ravis), le passage avec un Stephen Merchant de la Gestapo absolument savoureux, et bien sûr un Taika Waititi qui se prend un plaisir monstre à jouer un Adolf Hitler diablotin et grand-guignolesque.

    Tout ceci aurait pu rester au rang de blague, mais Jojo Rabbit possède une durée parfaite, ainsi qu'une maîtrise totale de son propos ainsi que de sa narration. En effet, le récit se renouvelle vite dans ses enjeux et dans son humour. Une écriture de très bon acabit au service d'une histoire touchante et pertinente.

    Original, pinçant et délicieux


    A mesure que le film avance, le récit ne stagne donc jamais : scène d'horreur méta avec l'introduction de Thomasin McKenzie (géniale), tendresse bienvenue avec une Scarlett Johansson épatante en mère combative prête à tout pour sauver l'innocence de son fils, séquences où la violence de la guerre est suggérée plus ou moins frontalement…Jojo Rabbit prend le genre à bras le corps mais nous ramène toujours au drame en filigrane pour en exorciser les démons et amener l'émotion.


    A ce titre, la relation entre Jojo (un impressionnant Roman Griffin Davis qui apporte un jeu candide savoureux tout en portant le film) et Elsa est une autre réussite notable. Au-delà d'une ode au "vivre-ensemble", Jojo Rabbit intime à tout le monde de communiquer sans jamais renier sa singularité, en dépit des conventions obsolètes.

    Visuellement le film est également une réussite, dotée d'une production design faisant penser aux films de Wes Anderson. Une direction artistique colorée retranscrivant la mode de l'époque et en adéquation avec le mode de pensée dans lequel évolue le personnage éponyme. L'OST de Michael Giacchino (Coco, Zootopie, Rogue One) amène l'émotion ou la jovialité comme il faut, via un usage de sons de fanfare ou d'autres ballades plus lyriques absolument délicieuses.

    En définitive, Taika Waititi nous conte un autre film absolument délectable dans sa filmographie. Jojo Rabbit est une très bonne pioche mariant les genres à merveille, et avec une vraie singularité qui amène automatiquement l'adhésion. On en ressort conquis !
    CH1218
    CH1218

    152 abonnés 2 754 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 décembre 2020
    Original et politiquement incorrect, il fallait oser une satire burlesque sur l’Allemagne nazie. Entre humour et émotion, Taika Waititi aurait même pu être un peu plus acide encore. Un film bien interprété, notamment par le jeune Roman Griffin Davis.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    579 abonnés 2 748 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 février 2020
    Pris entre le Quentin Tarantino d’Inglourious Basterds et le Wes Anderson de Moonrise Kingdom, Jojo Rabbit offre au cinéma une nouvelle farce autour de l’Allemagne nazie avec, en vedette, un Hitler en coach imaginaire soucieux de maintenir sa domination sur l’esprit du jeune Jojo. Et nous ne pouvons que nous réjouir de voir le dictateur une fois de plus ridiculisé : il apparaît et disparaît comme par magie, passe par la fenêtre en un éclair, saute et s’agite dans des ralentis grotesques. Taika Waititi en fait un anti-héros bouffon à la Marvel, une figure que l’on tire de son sommeil mythologique pour la décliner à la sauce héroïque. Qu’Hitler paraisse sympathique en est la directe conséquence, ce qui ne doit pas heurter le spectateur contemporain mais davantage l’inciter à la prudence en lui faisant comprendre la puissance fascinatoire que pouvait représenter le dictateur. Car ce que nous dit, en creux, le réalisateur, c’est que le spectaculaire des super-héros actuels vaut celui d’un personnage aussi terriblement charismatique qu’Adolf Hitler il y quelques décennies. Et que le pouvoir est avant toute chose une question de représentation et de communion d’une masse autour d’images, de rituels et de valeurs. Ne voit-on pas d’ailleurs le jeune protagoniste principal quitter l’entraînement et se rendre au quartier général des surhommes – en l’occurrence, une bande de bras cassés à la ramasse et fascinés par les armes – puis dessiner des croquis sur un carnet, donc constituer jour après jour son propre comic book où se reflètent de façon déformée l’idéologie à laquelle il adhère sans réfléchir ? Dès lors, c’est l’entièreté du long métrage qui se présente comme une succession de scènes à l’épique volontairement forcé, comme une mise en garde à l’encontre des pouvoirs de la fiction et de l’héroïsme bon marché. Il faudra à Jojo se confronter à la dureté du réel, à son horreur même, pour prendre le recul nécessaire à la contestation et à la renaissance de soi. Loin d’être gratuit, le parodique revêt ici un sens culturel, il se propose de construire une passerelle entre deux univers idéologiques différents mais reliés l’un à l’autre par un même aveuglement devant l’homme de pouvoir, l’homme doté de pouvoirs en apparence magiques mais qui ne sont, en réalité, que poudre aux yeux. À la fois drôle, inventif et émouvant, Jojo Rabbit est donc une bonne surprise, plus intelligent qu’il en a l’air.
    FlecheDeFer ..
    FlecheDeFer ..

    38 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 29 janvier 2020
    Voilà un bien mauvais film, fade, et surtout au très très fort goût de déjà-vu. Franchement, déjà je crois que sur ce sujet tout a été dit et fait, il y a déjà eu bon nombre de grands films d'ailleurs, et il serait temps de laisser l'histoire là où elle est et de passer à autre chose. Mais surtout, ici, le réalisateur cherche commme d'autres avant lui à se lancer dans la fable qui sous couvert d'humour assène de grandes vérités et une grande leçon de vie, sauf qu'il ferait mieux de rester sur son créneau (celui du gros comique qui tache) que de chercher trop visiblement à se donner une respectabilité avec un film qui semble aligner les poncifs du film "qui fait bien" (quoi qu'il ait déjà réussi son pari puisque son film est nommé à l'Oscar, tiens donc...) en visant le créneau du "film qui fait rire mais qui en réalité cache un profondeur et une humanité formidable". Le souci ici est que tout ceci est plus que rabâché: le scénario est absolument et totalement prévisible, l'émotion est absolument et parfaitement calculée, les scènes sont toutes absolument et parfaitement vues mille fois, même les acteurs sont dans un jeu d'un classicisme à toute épreuve (Johannson nommée à l'Oscar, sérieux?? Seul Rockwell, comme toujours, sort du lot). Franchement, on s'ennuie car on voit tout venir une heure avant spoiler: ("oh, comment Diable va évoluer le jeune garçon nazillon quand il va rencontrer la charmante jeune fille juive cachée par sa mère? Je me le demande vraiment...")
    , et on voit beaucoup trop les intentions bien-pensantes et la volonté affichée de tenter de "faire un grand film": on peut littéralement compter les mécanismes à tel point que tout est vraiment forcé et en devient réellement agaçant.
    Yves G.
    Yves G.

    1 278 abonnés 3 288 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 janvier 2020
    Allemagne. 1945. La Seconde guerre mondiale est sur le point de se terminer. Jojo (Roman Griffin Davis) a dix ans et pour lui tout est jeu. Il adore porter l'uniforme de la "Deutsches Jungvolk" qui fait subir à la jeunesse allemande un lavage de cerveau afin de l'enrégimenter dans l'effort de guerre. Et il n'a qu'une seule angoisse : ne pas être intégré à cette chaleureuse fraternité dirigée par un capitaine borgne de la Wehrmacht (Sam Rockwell). Pour le rasséréner, Jojo peut compter sur l'amour indéfectible de sa mère (Scarlett Johansson) et sur son ami imaginaire, Adolf Hitler (Taika Waititi).

    "Jojo Rabbit" nous montre la Seconde guerre mondiale, sa violence, son idéologie dévoyée, son antisémitisme idiot à travers les yeux d'un enfant. La perspective n'est pas nouvelle. On ne compte pas les films ou les livres qui ont embrassé le même point de vue, percutant l'innocence de l'enfance au chaos meurtrier de la guerre : "Le Journal d'Anne Franck", "Un sac de billes", "L'Oiseau bariolé", "Requiem pour un massacre", "La Voleuse de livres"… Mais, dans toutes ces oeuvres, le ton était grave, sinon tragique. "Jojo Rabbit" prend le parti de la comédie voire de la farce.

    Traiter la Seconde guerre mondiale par l'ironie n'est pas non plus nouveau. De grands réalisateurs l'ont déjà fait : Chaplin, Lubitsch, Brooks, Tarantino… "La vie est belle" de Roberto Benigni est la référence qui vient la plus spontanément à l'esprit. L'histoire de ce gamin déporté dans un camp de concentration, qui y survit grâce à la loufoquerie déployée par son père, fut un immense succès critique (Grand prix du jury à Cannes, Oscar du meilleur acteur et du meilleur film étranger, César du meilleur film étranger…) et public (plus de dix millions d'entrées en Italie, près de cinq en France…)

    "La vie est belle" réussissait à faire le grand écart entre le rire et les larmes. "Jojo Rabbit" y réussit aussi. Je comprends les critiques qui estiment que, une fois le pitch exposé, le film fait un peu du surplace. Mais la découverte dans la maison de Jojo d'une jeune fille juive hébergée en cachette par sa mère (formidable Thomasin MacKenzie découverte dans "Leave No Trace" et à laquelle on souhaite une brillante carrière) le relance au bon moment.
    Did
    Did

    12 abonnés 70 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 1 février 2020
    Une franche déception.
    Je m'attendais à une comédie un peu grinçante et au final le film n'arrive pas à se trouver une réelle identité.
    On passe de la comédie pour ados au drame en passant par la comédie romantique mais tout cela par alternance.
    J'aurais aimé que le film se concentre beaucoup plus sur les nazis en les ridiculisant au maximum mais, même si il y a quelques moments allant dans cette direction, ils sont hélas trop rare.
    On ne peut bien sûr qu'être touché lorsque le film se dirige sur le terrain de l'horreur qu'a été cette guerre, mais d'autres oeuvres l'ont déjà abordé de façon beaucoup plus réussie.
    Dommage.
    ConFucAmuS
    ConFucAmuS

    472 abonnés 920 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 janvier 2020
    Comme numéro d'équilibriste, on peut difficilement faire plus risqué que ce Jojo Rabbit. Le réalisateur Taika Waititi a beau être aventureux (cf. Vampires en toute intimité, Thor Ragnarok), faire cohabiter humour et Adolf Hitler s'apparente à jongler avec de la nitroglycérine.
    Ce n'est donc pas le but visé ici. Bien que le film soit souvent drôle, il se révèle bien plus sensible et intelligent que prévu. Derrière le conte azimuté du gamin qui s'est choisi le Führer comme copain imaginaire, c'est toute l'horreur d'un système totalitaire que Waititi dénonce. Dans ses pratiques les plus insidieuses : endoctrinement des plus petits, lavage de cerveau et culte de la personnalité,... L'émissaire utilise peut-être la satire mais le message est on ne peut plus clair. En aucune façon Jojo Rabbit ne minimise la tragédie de cette jeunesse broyée par la machine à haine. Elle est rendue d'autant plus cruelle que notre jeune héros à l'esprit formaté va littéralement planter à mesure que ses illusions vont être mises à l'épreuve du réel. Dans tout ce qu'il a pu générer comme horreurs.
    C'est une œuvre difficilement classable, de par son registre qui oscille entre le burlesque et le drame pur. Mais aussi par son discours, plus profond qu'attendu. Il s'exprime aussi bien par le personnage du capitaine Klenzendorf (génial Sam Rockwell) que celui du petit Jojo. J'aimerais d'ailleurs féliciter le jeune comédien Roman Griffin Davis, merveilleux de bout en bout. Tout comme je ne peux oublier les prestations magnifiques de Thomasin McKenzie et Scarlett Johansson.
    Déluré mais jamais déplacé, le film traverse les minutes avec cette insolente humanité qu'il tient avant tout à préserver. Face à la haine, le plus grand champ de bataille reste l'esprit. Waititi livre combat avec humour et sensibilité.
    Pourvu qu'il gagne.
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