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    Le Traître
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    traversay1
    traversay1

    3 090 abonnés 4 623 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Ce qui est étonnant avec un cinéaste aussi chevronné que Marco Bellocchio (80 ans en novembre, 54 années d'activité et 26 longs-métrages), c'est que le meilleur de sa filmographie se trouve dans la période la plus récente, avec notamment Vincere et Fais de beaux rêves. Et Le traître n'est pas loin de les valoir, alors qu'il s'agit d'un énième portrait d'un mafioso, en l'occurrence, palermitain. Le film, entre Rosi et Scorsese, est une évocation magnifique d'un "homme d'honneur", du moins se définissait-il comme tel, qui ne se considéra jamais comme un repenti malgré ses révélations au célèbre juge Falcone. Sa vie a été on ne peut plus romanesque, tout au long d'un parcours où, en bon sicilien, il s'évertua à protéger sa famille et à essayer de mourir paisiblement dans son lit. Au-delà des épisodes violents, et il y en a de nombreux dans Le traître, qui appartiennent au registre de la tragédie, ce sont les scènes de procès qui impressionnent le plus par leur théâtralité baroque, à ranger dans la catégorie Comedia dell'arte. Ces moments d'affrontement verbaux entre parrains du crime organisé sont filmés de manière limpide et fluide, donnant lieu à des échanges de haute volée, riches en ironie et en humour. Bellocchio ne perd jamais de vue son sens de l'équilibre entre l'intime, le politique et le social, accélérant quand c'est nécessaire à l'action, ralentissant le reste du temps, nous immergeant totalement dans l'existence tumultueuse de son personnage principal. Directeur d'acteur hors pair, le cinéaste trouve en Pierfrancesco Favino l'interprète idéal, sobre mais expressif, capable de rendre toutes les ambigüités d'un individu complexe, rusé comme un renard, sans chercher à le rendre sympathique ou antipathique mais simplement humain.
    Caine78
    Caine78

    6 009 abonnés 7 396 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 18 novembre 2019
    Sincèrement, cette note me peine presque. Parce que « Le Traître », c'est quand même un bon film. À 80 ans, Marco Bellocchio confirme qu'il n'a rien perdu de sa maîtrise et a peu d'égal aujourd'hui pour s'emparer de l'Histoire de son pays à travers des périodes, des événements le caractérisant au plus haut point, en l'occurrence le premier « repenti » de la Cosa Nostra, à travers un récit fleuve se déroulant sur plus de deux décennies. Pas mal de scènes et de moments forts, filmés avec beaucoup de précision, le cinéaste montrant une vraie capacité à imaginer des situations, des décors, des « personnages » ayant manifestement beaucoup d'allure et de personnalité, confortés par l'écriture très précise des dialogues. Enfin, celui-ci peut compter sur une interprétation de premier ordre, l'excellent Pierfrancisco Favino en tête, entouré par de vraies gueules de cinéma, pas loin d'évoquer un certain âge d'or italien, notamment lors de cette scène assez dingue du Maxi-Procès, où l'auteur des « Poings dans les poches » se rappelle aux plus belles heures de Francesco Rosi ou Elio Petri. Malheureusement, certains aspects m'empêchent d'être vraiment enthousiaste. D'abord, même si la dimension « fresque » historique pourrait les justifier, 2h30, c'est vraiment long. Difficile d'échapper à l'impression de répétition, et sans que certaines séquences soient réellement inutiles (quoique), on a plusieurs fois l'impression que cela va se terminer, pour finalement continuer, parfois longuement. Plusieurs passages semblent s'étirer ad vitam aeternam, au point de frôler l'ennui. Également trop de personnages, si bien qu'on a souvent du mal à les identifier, à se souvenir de leur rôle précis au sein de l'organisation, la relation qu'ils avaient avec Buscetta... Si Bellocchio a la science de la mise en scène, je suis moins convaincu par sa science du récit, cette complexité, aussi virtuose soit-elle, nous perdant à plusieurs reprises, me demandant parfois un réel effort de concentration sur le pourquoi du comment. Maintenant, il y a de l'ampleur. Cette absence de linéarité, ce retour à une dimension éminemment politique dans un pays qui a sans doute eu le plus grand cinéma dans ce domaine est à saluer. Une œuvre de qualité, à laquelle on peut ne pas être sensible par son approche scénaristique et son caractère presque nébuleux dans sa profusion de protagonistes difficilement discernables, mais ayant le grand mérite d'offrir un spectacle digne de ce nom et quelques scènes de premier ordre : de quoi justifier le détour.
    ffred
    ffred

    1 498 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Après 5 est le numéro parfait, voilà une autre facette de la mafia (sicilienne cette fois) pour ce nouveau film du réalisateur de Vincere (entre autres). Tiré de faits réels Le traitre nous brosse le portrait parfaitement dessiné, implacable et sans concession, d'un homme aussi ambigu et immoral que plein de principes. La mise en scène de Bellocchio est d'une virtuosité et d'une force incroyable. A soixante-dix neuf ans, il n'a rien perdu de son talent (certains, et même plus jeune, pourraient prendre exemple). D'entrée on est happé par le destin incroyable de ce "repenti" qui fera trembler l'Italie jusqu'au plus haut de ses représentants. De scènes fortes et choc (l'attentat contre le juge...) en moments plus calmes et plus intimes, on ne sent absolument pas passer les 2h31 de projection. Un suspens haletant qui doit aussi beaucoup à l'interprétation magistrale de Pierfrancesco Favino (My cousin Rachel, Les confessions, Suburra...). Il est juste parfait. Le reste du casting est d'ailleurs tout aussi convaincant. Sur plusieurs décennies, voilà une fresque captivante, violente, sanglante, poignante, qui nous donne sans doute l'un des meilleurs biopics de l'année. Un film fort et puissant, terriblement efficace. Passionnant.
    garnierix
    garnierix

    196 abonnés 413 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 novembre 2019
    Les reliques de sainte Rosalie de Palerme ont dû souvent frémir (voire bouillir) quand les mafieux la fêtaient en grande pompe en Sicile chaque 4 septembre. C’est avec cette fête que s’ouvre le film : on ne pouvait pas trouver mieux ! Le plus beau du film est en effet ce procès ubuesque où tous les accusés jouent à « c’est celui qui l’dit qui y est » de façon éhontée, sans le moindre respect pour sainte Rosalie… Synopsis : dans les années 80, un mafieux dénommé Buscetta collabore avec la justice italienne, ce qui conduit à un procès gigantesque (initié par le juge Falcone) où des centaines de condamnations seront finalement acquises. Ce Buscetta était le premier parrain sicilien à devenir un informateur. C’est donc un traître. Mais pas si traître que ça (c’est un des intérêts du film) : il dit avoir « de la dignité à revendre » (on jugera sur pièces) ; il veut en fait nettoyer la mafia qui aurait perdu tout honneur ; il est même capable de pardonner à celui qui avoue (ce sera ainsi le cas pour un des assassins de ses fils). Mettre en scène ce procès sérieux et délirant est une difficulté que l’auteur surmonte avec aisance, autant que les multiples allers-retours dans le temps pour mettre des images sur les mots ––sans parler de la force et souvent de l’originalité de ces images, notamment celles des assassinats (exemple, celui de Falcone). Aisance (ou génie) d’un auteur qui va sur ses 80 ans ––c’est quand même remarquable ––mais il n’y a pas à s’étonner –– son premier film « Les Poings dans les poches » de 1965, c’est « Joker » avant l’heure… A.G.
    Ufuk K
    Ufuk K

    465 abonnés 1 398 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    " le traître" présente cette année au festival de Cannes est un drame sur la mafia italienne prenant. En effet cette histoire inspiré du mafiaso repenti Tomasso Buscetta offre des séquences vertigineuses dont celle de l'attentat vécu à l'intérieur de la voiture des victimes, dans un film quasi documentaire qui propose une immersion captivante dans les coulisse de la mafia italienne des années 1980 avec un Pierfrancesco Facino impérial dans le rôle principal. Des longueurs et séquences inutiles cependant.
    janus72
    janus72

    44 abonnés 261 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Bellocchio décrypte la pieuvre, Cosa Nostra brute de décoffrage où des animaux s'entredévorent.
    Acteurs remarquables donnant un grand film ! Pierfrancesco Favino était hanté dans A.C.A.B et sous la direction de Bellocchio, c'est tout aussi magistral. Avec ce petit air d'Anthony Quinn ;*)
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 17 août 2019
    A moins de connaître un minimum l'histoire de Cosa Nostra et du mafioso repenti Tommaso Buscetta, on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe pendant les premières 30-45 minutes du film. L'action est en sourdine, les personnages peu caractérisés et il faut attendre que le héros devienne le traître du titre pour que le récit prenne enfin une certaine ampleur. Cela dit, il ne faut pas s'attendre à un film de mafieux: Le Traître est surtout un film de procès et ses scènes de tribunal sont les plus réussies, avec quelques beaux moments de tension et un humour bien senti, exploitant la configuration surréaliste du Maxi-Procès de Palerme et ses 475 accusés. Je suis quand même resté sur ma faim, le réalisme documentaire et la logique toujours casse-gueule du biopic étouffant selon moi un peu trop le romanesque. Malgré plusieurs fulgurances, la réalisation ne m'a que moyennement convaincu elle aussi, pas vraiment aidée par une photographie que j'ai trouvée assez laide.
    velocio
    velocio

    1 163 abonnés 3 025 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Cinq mois se sont écoulés depuis la distribution des prix au Festival de Cannes 2019 et on ne comprend toujours pas comment "Le traître" de l’octogénaire italien Marco Bellocchio a pu repartir bredouille de la cérémonie. On n’a pas voulu donner une Palme d’or pourtant méritée à un réalisateur dont le premier long métrage, "Les poings dans les poches", est sorti en 1965 ? Passe encore, mais qu’au moins on décerne le Prix d’interprétation masculine à Pierfrancesco Favino, extraordinaire dans le rôle d’un mafieux repenti ! "Le traitre" est un film passionnant, haletant, un film qui a su utiliser à bon escient les moyens importants dont il a manifestement disposé et qui jouit d'une interprétation remarquable, tout particulièrement celle de Pierfrancesco Favino dans le rôle principal : que des bonnes raisons pour aller voir ce film et augmenter le nombre des cinéphiles qui s’étonnent qu'il soit reparti bredouille du dernier Festival de Cannes.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 803 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 décembre 2019
    De Bellocchio je ne connais que Vincere que j'avais beaucoup aimé et je dois dire que ce traître m'a bien plu également. Outre le sujet, j'ai beaucoup aimé la photographie, j'ai vraiment aimé l'esthétique du film et ses couleurs... J'aurais dit qu'il y a presque un petit côté Michael Mann de ce côté là (toutes proportions gardées, évidemment).

    Et puis c'est un film sur un procès et j'aime les procès, je trouve ça fascinant au cinéma. Alors là ce n'est pas le plus important dans le film, du moins ce qui prend le plus de place, d'ailleurs j'en aurais voulu beaucoup plus, mais ce qui intéresse le plus Bellocchio je dirais que c'est les raisons qui ont poussé Buscetta à parler, à se confier au juge Falcone.

    Il n'oublie pas, par ailleurs, notamment avec la scène de fin, de nous rappeler que Buscetta n'était pas nécessairement « un bon gars », il n'y a pas d'idéalisation du personnage. Et je l'aime pour ça la fin, elle est absolument terrible, le gars que l'on a suivi, pour qui on a éprouvé de l'empathie pendant 2h30, qui a perdu ses fils, il faisait partie de la Cosa Nostra, il a tué, il a juste trahi parce que ses valeurs morales n'étaient plus en adéquations avec celles de la mafia actuelle (et pour sauver sa peau).

    Et donc à aucun moment sa vie de mafieux ne fait envie. On ne voit pas la vie luxueuse, on ne voit qu'un homme qui tente de s'en sortir alors que tout le monde veut sa peau.

    Finalement pour ça le film est à rapprocher peut-être de The Irishman sur l'envers du décor de la mafia, avec beaucoup moins de strass et de paillettes que dans d'autres films. Il faut noter que je préfère mille fois le maquillage de ce film au rajeunissement numérique, c'est bien moins gênant.

    Si certes le film est moins violent et radical que Gomorra il dépeint malgré tout ce milieu violent, désespéré où rien n'est jamais oublié ou pardonné.

    Il faut également noter que le film est étonnamment compréhensible même pour des gens comme moi qui ne connaissaient rien de toute cette sinistre affaire au départ. Je note juste que l'on n'insiste pas forcément tant que ça sur l'importance des révélations de Buscetta sur l'organisation de la mafia. Si j'ai bien compris en réalité à l'époque lorsque Buscetta révèle ça à Falcone celui-ci n'en avait aucune idée.

    En tous cas c'est un bon film.
    Barbara C.
    Barbara C.

    15 abonnés 25 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Ne manquez pas ce grand oublié du palmarès de Cannes où j'ai eu la chance de le voir. Une fresque impressionnante qui mérite d'être vue sur grand écran tant elle est grandiose. Le film est si dynamique qu'on ne voit pas ses 2h30 passer. Une nouvelle manière d'aborder le film de mafia, où le spectateur seul décide de la moralité (ou de l'amoralité) des personnages qui se déploient devant lui. Plusieurs séquences scotchent au siège, l'interprétation de Pierfrancesco Favino est époustouflante tout du long. Très fort.
    Loïck G.
    Loïck G.

    282 abonnés 1 629 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Voilà vraiment le genre de film qui en raccourci pouvait apporter un semblant d’intérêt sur un sujet que la littérature et le cinéma ont largement abordé. Avec un monsieur comme Bellocchio derrière la caméra, et Pier Francesco Favino dans le rôle-titre l’affaire s’engageait sous les meilleurs auspices . On ne les retrouvent pas vraiment dans ce long déroulé d’une histoire où la violence et la morale se conjuguent les yeux fermés. C’est la mafia, Cosa Nostra pour les bandits siciliens qui défilent devant les juges avec l’air du premier né. Si le traitement des différents procès laisse un temps espérer un sursaut dans ce film très genre, la monotonie des litanies des prévenus et de leurs accusateurs rend grâce à la tchatche italienne, mais pas à son cinéma.
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    Christ77
    Christ77

    10 abonnés 139 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Très belle découverte! On ne s'ennuie pas une seule seconde. De l'interprétation à la réalisation tout y est parfait! À voir absolument!
    Laurent C.
    Laurent C.

    237 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    La mafia italienne a inspiré beaucoup de réalisateurs. Cette fois, le point de vue du cinéaste, Marco Bellochio, emprunte celui d'un membre actif de la Cosa Nostra, contraint de dénoncer à un juge tous les membres de son groupe, non par lâcheté, mais par volonté de remettre au cœur de son groupe, les valeurs morales qui le fondent. "Le traitre" est tiré d'une histoire vraie. Celle de Tommaso Buscetta, illustre soldat mafieux, qui se voit contraint de fuir au Brésil, pour échapper à la mort. Presque toute sa famille y passe, et l'on découvre au fur à mesure de l'histoire, que les ennemis se trouvent à l'intérieur même de sa communauté.

    Le dernier film de Bellochio "Fais de beaux rêves" relevait du chef d'œuvre pur. Le cinéaste racontait sa vision tourmentée de l'Italie à travers la disparition d'une mère. Il récidive avec cette fresque, très bavarde, où l'on pressent la douleur d'un pays qui ne parvient pas à moraliser sa classe politique, et à sortir du spectre de l'argent sale et de la mafia. C'est presque 50 ans d'histoire qui se déroule à travers ces personnages corrompus, sans limite, qui vont jusqu'à s'entretuer, au mépris des valeurs familiales et humanistes.

    Si le propos est tout à fait ambitieux et complet, le déroulement du récit manque parfois de clés pour percevoir toute la complexité du film. La longueur n'aide pas à s'accrocher jusqu'au bout au personnage de Tommaso et l'on regrettera une absence d'empathie et d'émotion.
    Bruno François-Boucher
    Bruno François-Boucher

    94 abonnés 161 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 août 2019
    Un récit dense et passionnant de 2h20 qui nous plonge dans les guerres de clans entre familles siciliennes au coeur de Cosa Nostra. À travers le personnage emblématique de Tommaso Bruscetta qui permit l'arrestation de plus d'une centaine de membres de la mafia après ses révélations au juge Falcone dans les années 80, c'est tout un pan de l'Histoire italienne contemporaine qui est relatée ici dans la tradition des films de Francesco Rosi. Depuis la capture de Bruscetta au Brésil en 1963, Bellocchio s'est intéressé à la personnalité particulièrement complexe d'un repenti considéré comme l'un des premiers à avoir brisé l'omerta. L'acteur Pier Francesco Favino est extraordinaire. Doté d'une ressemblance étonnante avec le vrai Bruscetta, Favino porte le film sur ses épaules et réussit à retranscrire tout l'aspect énigmatique d'un personnage hors normes, faisant voler en éclats les archétypes de mafiosi représentés à l'écran. Doté de solides convictions dans ses valeurs, Bruscetta incarne la transition entre un monde ancien où les codes d'honneur étaient en vigueur et l'ère moderne où, débarrassée de ses traditions, les nouvelles générations de la mafia sont devenues encore plus violentes en multipliant les meurtres de femmes et d'enfants au sein des clans. En désaccord avec ces méthodes Bruscetta rompit brutalement le cercle. En toute conscience et au péril de sa vie il se rangea du côté de l'Etat et contribua à démanteler tout l'organigramme des chefs de la mafia devant les autorités lors d'un procès retentissant qui conduisit à l'emprisonnement à vie de Totò Riina. C'est la fin d'une ère que Bellocchio dépeint et qui aura pour conséquence l'assassinat en représailles du juge Falcone ainsi que le départ sous protection de Bruscetta vers les Etats-Unis jusqu'à la fin de sa vie en 2000. Le film met à jour une documentation sidérante sur le dispositif pyramidal de la mafia sicilienne, chacun de ses membres ayant une fonction digne d'une organisation gouvernementale. Il faut louer le travail de Bellocchio et de ses scénaristes qui entremêlent thriller et film historique dans la lignée des grands films italiens des années 70.
    Jorik V
    Jorik V

    1 195 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 février 2020
    Le cinéma de Marco Bellochio est souvent acclamé mais il est certain qu’il ne plaît pas à tout le monde. En témoigne « Vincere », l’un de ses films les plus salués, mais qui a plutôt irrité et fortement déplu à l’auteur de ses lignes. Ici, point de tergiversations, « Le Traître » fera date et c’est un excellent film, une pièce d’orfèvre même, qui traite son sujet de la meilleure des manières et passionne durant deux heures et trente minutes. Si l’on peut émettre des réserves, elles sont minces. Elles empêchent cependant ce film de mafia qui n’en demeure pas moins magistral d’accéder au statut de chef-d’œuvre immédiat. La première réserve est le nombre important de personnages traités, notamment dans le prologue les présentant. C’est trop rapide et/ou trop dense et cela nous perd et nous empêche de bien saisir l’ossature organisationnelle de la Cosa Nostra. Il vaut mieux essayer de s’en détacher pour profiter du film au mieux. Le second point négatif est la dernière demi-heure qui s’essouffle un peu dans le rythme comme dans ce qu’elle raconte. Un panneau indicatif de plus à la fin du film sur le sort de Buschetta ou une compilation synthétique de ce qui se déroule à la fin avec un montage plus resserré auraient davantage densifié « Le Traître » et l’aurait rendu encore plus puissant et limpide.



    Ceci mis de côté, on est face à un gros morceau de cinéma de l’acabit du récent « Mafia inc. » et bien supérieur à l’interminable et opaque « The Irishman » du pourtant maître du genre, Martin Scorsese. Inconcevable que ce film présenté en compétition à Cannes cette année ait pu passer à côté d’un prix. Du point de vue de la mise en scène, Bellochio est encore bien en possession de tous ses moyens et n’a à rougir de personne. La manière dont il filme son histoire est en totale accord avec ce qu’elle raconte. Une image un peu vieillie qui donne une patine très eighties tout à fait à propos, un montage nerveux et surtout des plans dantesques et esthétiquement très travaillés comme ce plan final de fusillade dans un monastère abandonné ou la séquence rêvée de l’enterrement. Clairement, Bellochio n’est plus tout jeune mais sa réalisation a toujours vraiment de la gueule. Il y a même un côté à la fois baroque et pop dans les images qui fait vraiment mouche durant toute la durée de ce film.



    Mais il n’y a pas que l’esthétique qui ravit les yeux, le propos était passionnant et il captive comme espéré bien qu’il ne soit pas forcément facile à transposer à l’écran ou à adapter. Le cinéaste s’en tire avec les honneurs, traitant tout un pan de la mythologie italienne, et plus précisément de la mafia, avec « Le Traître », comme si c’était LE film somme sur le sujet. Un film en deux parties, prolongeant certaines sous-intrigues, à la manière du « Carlos » de Assayas ou du Mesrine de Richet aurait peut-être même pu faire sens. Le script démythifie certains aspects de la mafia sicilienne et nous apprend pas mal de choses. Mais le summum du long-métrage et ce qui nous ravit le plus, ce sont toutes ces scènes grandioses de fusillades et de procès, de véritables fulgurances dans une œuvre qui en est une à elle seule. Les premières sont celles des assassinats, jouissives et parées d’une inventivité folle. A voir si elles se sont vraiment déroulées comme cela, on pense notamment à l’assassinat du prêtre ou à l’attentat contre le juge Falcone. Quant aux secondes, elles virent à la farce jubilatoire brillamment dialoguée et empreinte de vaudeville comme si ces mafieux prenaient le tribunal pour un théâtre. Et au-dessus de tout cela trône un Pierfrancesco Favino au sommet de son art. Du grand cinéma, juste un peu trop généreux en fin de parcours et touffu à décrypter sur tous ses versants.



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