L’histoire vraie de Tommaso Buscetta, membre reconnu de la Cosa Nostra, qui a fini par témoigner contre ses anciens acolytes dans les années 80. Une rareté à l’époque où personne n’osait briser l’omerta, et l’épicentre d’un séisme judiciaire qui brisa des centaines de mafiosi.
A travers ce récit, Marco Bellocchio aborde de nombreuses thématiques. D’une part, les guerres mafieuses de l’époque, où les clans s’affrontaient brutalement pour le contrôle du trafic d’héroïne. Le réalisateur ne s’appesantit pas sur les règlements de comptes, toujours expédiés, mais ils font leur effet. Il préfère évoquer le climat nauséabond et mortifère, où ces crapules faisaient mine de se respecter pour s’écharper entre eux.
D’autre part, le combat mené par la justice, et en particulier par le juge Falcone, devenue une figure légendaire. « Il traditore » rend hommage à ce personnage intègre, qui a eu le courage de prendre le taureau par les cornes en s’attaquant frontalement à la mafia. Même s’il n’a finalement que quelques scènes, son aura est très présente dans le film.
Enfin, la psyché de Buscetta, incarné par un remarquable Pierfrancesco Favino. Sans mentir sur ses crimes passés, le portrait est plutôt flatteur. Montrant un homme d’honneur, écœuré d’avoir vu une partie de sa famille massacrée, et de voir les règles qu’il a connu piétinée par la nouvelle Cosa Nostra. Puis le courage de témoigner, et la peur de l’après.
Je ne vais pas mentir, même si elles n’ennuient jamais, les 2h30 m’ont paru être un peu du luxe. D’autant qu’il y a quelques répétitions (certes liées aux vrais événements, mais tout de même). Le fameux « maxi-procès » est en fait relativement court, offrant toutefois de bonnes confrontations. D’ailleurs préparez vos oreilles, car outre quelques scènes en brésiliens et en anglais, les protagonistes alterneront fréquemment entre le sicilien et l’italien !
« Il traditore » n’en demeure pas moins un œuvre riche, et édifiante sur une époque terrible… dont on n’est peut-être malheureusement jamais sorti…