Une Palme d'Or à Cannes sous les sifflets pour une réponse assez mythique de l'intéressé, « Je ne vais pas faillir à ma réputation : je suis surtout content ce soir pour tous les cris et les sifflets que vous m'adressez. Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. » C'est dit.
Oublions les polémiques, concentrons-nous sur le cinéma ! Maurice Pialat adapte Bernanos, comme Bresson avant lui il donne de sa personne et raconte les méandres d'un Classique, une Œuvre absolument folle d'un pape de cet Art, un immense long-métrage. Cela va sans dire que Sous le Soleil de Satan n'a rien d'enjôleur, le film est d'entrée très étrange, une austérité s'échappe de l'écran et nous envoie sa froideur et une odeur d'âpreté très distinctif. La Gueule Ouverte, Nous ne Vieillirons pas Ensemble, Loulou sont des films qui déjà utilisait par essence une douleur propre d'un type souffrant le martyr, ici c'est encore pire !
De cette rudesse apparente, aucun charme n'émane, la passion est la encore de surface mais contenu dans un texte d'une beauté qui crève le bide, complexité et théâtralité sont de mise pour encore appuyer sur l'exercice de style et de débauche d'énergie virevoltante. Pialat déroute avec vigueur, invoque le sang comme couleur et surine sa veine de naturaliste avec une fièvre de pitié pus que de rage. J'établis un parallèle avec A nos Amours, touts de cris et de vacarmes, ici le silence est chaos, le seul déferlement est de suite entravé et son ton tout de murmure reviens cogné aux interstices et s'infiltrent dans les cerveaux de ceux qui lâchent prisent ...
Les dialogues et échangent sont contrits d'une violence démultiplié par une caméra dont je m'étonne à chaque fois de son empreinte, du geste inconsidérable d'un type qui donne à voir plus loin que tout sentier battus. Puisqu'il est question de chemin, allons-y ! Que dire de cette scène, celle dont chaque retrouvaille n'appuie qu'un peu plus sur ce que je cherche tant à entrevoir, jamais je ne pourrais oublier cette marche après la messe et de la rencontre qui s'y fait sur ce chemin de campagne. Donissan qui gravit sa colline, jour dans le dos, qui en descend et commence son périple dans la pénombre, celle-ci prenant de l'ampleur pour devenir " Une grande Nuit ". Le baiser d'un ami et la haine du message plein de vindicte entre tourments, tentations et faiblesses sont inscrit dans un coin de mon esprit, une scène impérissable.
Le réveil du prêtre chancelant et la confirmation trouvé de ses nouvelles questions, entre certitudes et doutes en perpétuelles oppositions nous invite à plongé dans un mal qui bouffe, ronge, surine les âmes et entraine d'autres que soit dans une tromperie sans complaisances ni totem de gloire.
Gérard Depardieu, Maurice Pialat et Sandrine Bonnaire et les autres sont d'ailleurs divins. Le premier est complètement ivre du destin du personnage qui l'incarne. La scène ou il se cogne, s'autoflagelle, yeux clos, tête en arrière hante encore mes mots à cet instants. Le second de sa présence contribue à embrumé les contours du trouble qui s'immisce à mesure, son regard, ses mots, son irrévérence inconditionnelle sont magnétiques et captive. Quand à cet dernière, sa pulsion et son jeu sont d'autant plus magnifiques qu'elle bascule dans un enchainement radical, sur une ligne fine qu'elle redéfinit selon l'avancée de l'histoire. La saccade de Pialat dans sa mise en scène lui ouvre donc un champ des possibles idoine. Un mot aussi pour Jean-Christophe Bouvet, inoubliable.
Sous le Soleil de Satan est un long métrage absolument incroyable !