Les studios Madhouse ont pour habitude d’accueillir les réalisateurs d’Anime japonais un peu “différents”, ceux qui s’éloignent du patronage moral et esthétique parfois encombrant des studios Ghibli. Toutefois, dans le cas de Kitaro Kosaka, on ne peut pas avoir travaillé 30 ans aux côtés de Miyazaki et Takahata sans que ça laisse quelques traces. Dès lors, le schéma de ‘Okko et les fantômes’ est tout à fait classique, son exécution de même, et sa philosophie sous-jacente n’est pas très éloignée de celle qui avait cours dans ‘Mon voisin Totoro’ ou ‘Le voyage de Chihiro’. Okko a perdu ses parents dans un tragique accident de voiture. Recueillie par sa tante qui tient une auberge où elle peinte à s’adapter, l’enfant va peu à peu se reconstruire, quitter les certitudes rassurantes de l’enfance et découvrir le sens des responsabilités...au contact des trois petits fantômes qui squattent l’endroit ! Visuellement, l’ensemble est simple et propret, avec une nature enchanteresse, mais des personnages qui manquent un peu de relief et de personnalité, leur seul trait distinctif étant des yeux surdimensionnés. Sur le fond, le cheminement intérieur d’une petite fille, qui apprend à faire preuve de résilience face aux difficultés de la vie est un thème récurrent de l’animation japonaise, tout comme l’exaltation d’un mode de vie rural et traditionnel dont la spécificité japonaise est qu’il parvient à s’accommoder sans heurts de la modernité. Même en matière d’argument fantastique, on a tout de même vu plus mémorable que ces trois entités enfantines, même si le petit démon Suzuki a une bouille absolument irrésistible ! ‘Okko et les fantômes’ souffre surtout d’une multiplicité de petits défauts mineurs qui, une fois accumulés, dévalorisent une réalisation qui ne fait que suivre timidement les traces de créations plus prestigieuses: une proposition thématique qui, même si elle est soignée et présente des qualités, peine à faire résonner une musique qui lui soit propre. Une ingérence trop timide du fantastique, puisqu’il est possible d’estimer que les fantômes ne sont finalement que des objets transitionnels issus de l’imagination de Okko. Enfin, comme souvent dans l’animation japonaise, le scénario se prend les pieds dans le tapis dans la dernière demi-heure : il se disperse en considérations secondaires et referme en catastrophe toutes les trames narratives ouvertes, égare le surnaturel au passage et se conclut abruptement. Bien entendu, certain réalisations de Miyazaki souffrent du même problème mais leurs autres qualités sont tellement évidentes que cela impacte moins sur le ressenti final.