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    1917
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    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    578 abonnés 2 743 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2020
    Le feu irradie un champ de ruines urbaines qu’il tire de sa nuit profonde pour, l’espace de longues minutes, en faire un théâtre de spectres, une zone intermédiaire entre rêve et réalité où la peur intérieure du protagoniste principal s’extériorise, s’incarne par la lutte à mort entre lumière et ténèbres. Sous ces ruines en feu, l’ébauche d’une famille un temps recomposée : le soldat devient père, la femme trouve un mari, le bébé une figure réconfortante. La maison familiale brûlait également dans Skyfall, emportant au gré des vents les souvenirs d’un passé aussitôt ressuscité aussitôt désintégré. Cette même scène symbolique intervient à un moment-pivot du dernier long-métrage de Sam Mendes ; et à partir de cet instant, l’exercice de style cède le pas à l’art, la technique virtuose atteint la grâce tant attendue, la démonstration meurt et renaît en jaillissement imagogène. Le film est un phénix. Les fragments d’existence deviennent les véhicules d’une mémoire à entretenir : les lettres, les photographies déchirées ou maculées de sang, les médailles, les bagues, les mots : il faut transmettre, il faut survivre pour transmettre, et permettre ainsi à ceux qui ont péri de voir leur récit amorcé. L’Histoire ne s’écrit que par les vivants à partir de la douleur des morts. 1917 pourrait en ce sens s’apparenter à un lent et périlleux sauvetage de la mémoire, contrainte de s’embourber, de se couvrir de poussière et de cendre, de risquer l’immédiateté de son présent pour, après tant d’efforts, après le hasard affronté au corps-à-corps et la mort soutenue du regard, atteindre le militaire puis le frère, leur annoncer le repli. Repli des forces armées. Repli d’un cœur qui devra continuer sa course sans celui pour qui il avait l’habitude de battre. En rendant hommage à son grand-père, Sam Mendes brosse un portrait à la fois terriblement réaliste et profondément poignant de la Première Guerre mondiale, sujet certes rebattu mais auquel le cinéaste parvient à transférer ses thématiques, à imposer sa palette d’artiste pour mieux en proposer une déclinaison personnelle. Sa réussite, il la doit toutefois davantage à sa seconde partie – celle qui succède à l’écran noir – qu’à sa première. Car le choix d’un seul et unique plan-séquence plonge d’emblée le spectateur dans un microcosme au réalisme saisissant mais qu’il sait faux ; d’où cette curieuse impression d’être embarqué dans une attraction digne du Futuroscope. La guerre comme si vous y étiez. Une heure. Accrochez-vous. Un cheval mort, non deux non trois. Des rats. Croisière parmi les cadavres, partout. La fluidité du plan-séquence doublée d’une absence de montage – plan-séquence oblige – rend suspectes toutes les interventions qui perturbent notre duo de tête. On admire la chorégraphie, virtuose, mais on se dit que la technique manque son objectif, à savoir se faire oublier pour donner à vivre la réalité des tranchées. Et si le souffle est coupé, si l’air vient à manquer, ce n’est finalement pas tant à cause des horreurs représentées qu’à cause de la représentation elle-même, cette longue déambulation dont on ne cesse de se demander comment elle a pu être réalisée. Il ne saurait y avoir de virtuosité que par la confrontation d’un procédé rare – et donc voué à porter le virtuose – avec une grammaire traditionnelle par ailleurs connue et respectée. Que deviendrait le sublime de la phrase excessivement prolongée de Belle du Seigneur si ce procédé dépassait l’échelle du chapitre pour gagner l’entièreté du texte ? Ce qu’il se passe, justement, dans la première partie de 1917 (soit avant le coup et l’irruption dans la nuit) : l’excès de grandeur qui empêche aussitôt le naturel et donc le sublime de naître. Avec la nuit naît le miracle. Le plan-séquence finit par se faire oublier, et la magie opère enfin. 1917 s’affirme alors comme une fresque intimiste des plus admirables : depuis le camion de soldats s’observe le sentier de la perdition si cher à Sam Mendes, cette baraque isolée qui laisse voir ses meurtrissures derrière un long chemin en ligne droite. Nous nous raccordons à ce foyer en feu, à la mémoire que ce dernier menace de faire disparaître. L’image en guise de clausule sonne comme un cri d’espoir tout autant que comme le constat tragique d’une violence destinée à se répéter encore et encore. La boucle se referme sur elle-même, et il suffirait de relancer le film pour redémarrer le martyre d’une humanité à bout de souffle, mais que les bribes d’espérance maintiennent en vie. Dès lors, 1917 transcende son statut de film de guerre pour atteindre celui de la tragédie, d’une tragédie contemporaine à visionner de toute urgence dans les salles de cinéma munies, de préférence, d’un grand, d’un très grand écran.
    sameplayerparis
    sameplayerparis

    25 abonnés 133 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 19 janvier 2020
    Aucun intérêt, en dehors de l'exploit -relatif- du fait que ce film de 2 heures consiste en deux plans séquences. Sinon, c'est longuet, avec un scénario minimaliste totalement plat. On se croirait par moment dans les Aventuriers de l'Arche Perdue, le héros s'en sort toujours, enseveli, flingué à bout portant, à moitié noyé, et pourtant même pas décoiffé! La reconstitution historique est ratée: les "poilus" sont tous des têtes de bambins rasés de frais, on voit quelques soldats noirs et en turban histoire de donner un parfum d'empire britannique, alors que les régiments de la guerre 14-18 étaient tout sauf mixtes, bref une production à l'américaine pour des publics "familiaux" bas de plafond. Une perte de temps.
    Citrouilleman
    Citrouilleman

    60 abonnés 584 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 janvier 2020
    Un excellent film de guerre avec une grande intensité dramatique du début à la fin. Une très belle réalisation. Un film oscarisable.
    Estonius
    Estonius

    2 448 abonnés 5 218 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 21 août 2023
    Un très bon plan séquence ne remplacera jamais un bon scénario. Si le plan séquence fait partie de la grammaire du cinéma celui-ci doit rester au service du récit et non pas l'envelopper comme c'est le cas ici. Alors disons-le de suite, cette histoire ne m'a jamais passionné. Il y a son côté invraisemblable spoiler: (la radiotélégraphie et les pigeons voyageurs, c'est fait pour les chiens ?)
    , il y a aussi le côté "Tintin dans les tranchés" que la ressemblance du héros avec le personnage d'Hergé n'arrange pas. L'enjeu est artificiel, il n'y a pas à vrai dire de suspense mais il y a des longueurs. Bref tout cela est bien surestimé.
    Eponaa
    Eponaa

    178 abonnés 1 084 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 janvier 2020
    Boue, barbelés et cadavres sont au 1er plan dans cette très réaliste reconstitution de la guerre de 14-18. 2 jeunes comédiens inconnus tiennent le devant de la scène pendant les 2 heures du film. Ils sont bons. Le spectateur ressent bien les souffrances et les privations qu'ont enduré les soldats pris dans ce cataclysme. C'est puissant
    traversay1
    traversay1

    3 081 abonnés 4 620 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 janvier 2020
    Inutile de gloser à l'infini sur les prouesses techniques de 1917, elles sont réelles, particulièrement impressionnantes dans les tranchées et sur le champ de bataille. Mais la satisfaction pour le spectateur, à moins de ne s'intéresser qu'à la virtuosité de la mise en scène, est bien évidemment à chercher ailleurs et principalement dans ce que Mendes a entrepris de nous raconter à propos de la Grande Guerre, avec les yeux de deux conscrits britanniques à peine sortis de l'adolescence, comme l'étaient la plupart des protagonistes de ce premier conflit mondial. Au fil du récit de 1917, il y a beaucoup de figures imposées qui ne témoignent pas d'une originalité folle (la mort d'un camarade, la rencontre d'une "autochtone", le duel avec un ennemi ...) et ressemblent presque à un "best of" des scènes à faire. C'est donc un scénario assez classique, avec un bon suspense pour donner un sens à la mission de départ : tout est compréhensible et bien balisé. Cela fonctionne tout de même parce que Mendes donne une vision réaliste et moderne, a posteriori puisque plus d'un siècle après, qui complète assez bien la filmographie abondante liée à la première guerre mondiale. Ce n'est pas la même intensité que dans Les croix de bois de Raymond Bernard (1932), mais l'idée reste la même : décrire la folie humaine dans toute sa "splendeur" et le sacrifice de toute une génération. 1917 montre peu la vie dans les tranchées et le quotidien des poilus mais entend raconter une expérience individuelle et symbolique, traversée par une palette très large de sentiments. Certains diront le film n'a pas de point de vue et ce n'est pas tout à fait vrai puisqu'il est en l'occurrence celui de simples soldats qui doivent assurer leur survie et obéir sans rechigner aux ordres avant de penser à la compétence de leurs chefs où de l'absurdité de la guerre. 1917 a été une année marquée par des mutineries mais ce n'est pas l'objet du film auquel il ne faut pas demander d'être le long-métrage définitif sur un sujet qui comme la guerre mondiale suivante n'en finira pas de sitôt d'alimenter les scénarios. Tel quel, sans prétendre au chef d’œuvre, 1917 a suffisamment à offrir en matière de bon cinéma pour ne pas se montrer déçu, en dépit d'une attente amplifiée artificiellement par les puissances du marketing roi qui tente de nous faire croire presque chaque semaine que le film du siècle va sortir.
    Hollywood-Biographer
    Hollywood-Biographer

    172 abonnés 1 477 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 janvier 2020
    Avec ce film donnant l'illusion du temps réel, Sam MENDES réinvente l'art de filmer la guerre et propose une expérience de cinéma viscérale, doublée d'un hommage aux combattants de la Première Guerre mondiale. "1917" est une aventure épique et tumultueuse, brillante et captivante, racontant la mission suicide de deux soldats britanniques au cœur des tranchées. C'est poignant et techniquement époustouflant. Il vibre ici quelque chose d'intensément personnel. Une émotion que le réalisateur a reçu en héritage de son aïeul, et qu'il transmet à son tour avec maestria. Sam MENDES évite le piège de l'héroïsme belliqueux du cinéma de guerre patriotique et sanglant, car "1917" nous apprend que le plus beau des combats est celui pour sauver l'homme. Le talent des deux jeunes acteurs principaux, la photographie de Roger DEAKINS et la musique de Thomas NEWMAN y sont pour beaucoup. C'est une idée géniale que d'avoir confié le premier rôle d'un tel spectacle à ce visage à la fois familier et encore peu identifié par le grand public. Comme si ce jeune homme nous était à la fois inconnu et très proche. Grâce à son visage, George MACKAY parvient à dire en un regard la terreur et l'effroi, mais aussi la détermination et la bravoure. Avec DEAN-CHARLES, les deux jeunes héros ont des allures de révélations.
    Bruno François-Boucher
    Bruno François-Boucher

    93 abonnés 161 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 janvier 2020
    Très, très beau film. Une immersion aux portes de l'enfer, une sorte de poème lyrique sur l'absurdité de la guerre dont on ressort soufflé tant l'intensité dramatique demeure intacte durant les deux heures de projection. La caméra accomplit une traversée époustouflante, 70 ans après '' La corde'' d'Hitchcock qui fut le premier à utiliser l'illusion de tout un film en plan séquence. En opposition à tout effet de style, ce procédé ici totalement justifié nous prend à la gorge pour accompagner le point de vue en temps réel du personnage principal au fur et à mesure que les événements se présentent à lui. Un tour de force qui donne au film une empreinte saisissante, très loin des blockbusters et des films de guerre traditionnels. Au milieu des décombres, des morts et des charniers, certaines séquences sont plus proches du cinéma de Wajda que des ''Sentiers de la gloire'' ou du "Soldat Ryan" comme on a pu le dire. C'est du très grand cinéma, d'une profonde humanité, porteur d'un message sur la folie des hommes qui fait écho à la période que le monde traverse actuellement.
    Cinemadourg
    Cinemadourg

    671 abonnés 1 413 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 janvier 2020
    Avril 1917, en pleine guerre des tranchées, deux soldats anglais se voient confier une mission quasi suicide censée sauver la vie de centaines d'alliés, dont le frère de l'un d'entre eux.
    La réalisation est simplement grandiose !
    Le réalisateur Sam Mendes marque les esprits de tout son talent avec cette oeuvre présentée comme un seul plan-séquence de deux heures !
    L'énorme point fort est donc bien évidemment le côté immersif totalement hallucinant, on ne regarde pas un film, on vit cette mission en temps réel en même temps que ces deux militaires.
    Léger revers de la médaille : suivre l'action en temps "humain" sans aucune coupe ou aucun raccord donne certes un aspect hyper réaliste à tout l'ensemble, mais propose également quelques moments un peu plus "creux" et moins intenses, si l'on peut vraiment oser parler de "creux" en évoquant une excursion périlleuse en terrain ennemi.
    La copie finale est tout de même brillante, la beauté de certaines scènes couplée à l'horreur et l'absurdité de la guerre font de ce drame un moment cinéma intense et puissant.
    Percutant !
    Site www.cinemadourg.free.fr
    Francis S.
    Francis S.

    22 abonnés 112 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 janvier 2020
    Bien sûr il y a la prouesse technique impressionnante du plan séquence qui rappelle celle de "Birdman" d'Iñarritu.
    Mais au delà de ce traitement de tragédie classique (unité d'action et de temps, sinon de lieu) Sam Mendes, sur la base de récits familiaux, nous entraîne loin dans les tréfonds tragiques, cruels et admirables de l'âme humaine. Malgré quelques invraisemblances, le scénario haletant nous met intensément sous pression dès les premiers instants du film, plan séquence oblige.
    Les décors sont proprement hallucinants, surtout au début du film, et surclassent tout ce qui s'est fait dans le genre.
    Une fois la mission accomplie, la vie reprend ses droits, et l'absurdité du désastre d'une Europe se suicidant collectivement, comme l'écrivit Zweig, nous saute au visage dans le simple et tragique regard d'un héros malgré lui.
    Une réussite.
    Redzing
    Redzing

    908 abonnés 4 289 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 mai 2023
    En 2015, Sam Mendes faisait démarrer "Spectre" avec un (faux) plan-séquence assez habile et inattendu. Visiblement attiré par le procédé, le réalisateur nous livre 5 ans plus tard "1917", film conçu pour donner l'illusion d'être tourné en un seul plan séquence (ou presque).
    Le pitch est simple : en pleine Première Guerre Mondiale, deux soldats britanniques doivent traverser en quelques heures des zones dangereuses. Afin d'apporter un message critique à un autre corps qui s'apprête à tomber dans un piège. On pouvait craindre que le procédé du plan séquence ne soit qu'un gadget marketing masquant une histoire simpliste, mais il n'en est rien.
    Le plan séquence (ou plutôt les plans séquences, astucieusement raccordés) permet ici une immersion totale et maintient une tension permanente. Dans un univers guerrier réaliste, rempli de figurants, et aux décors impressionnants.
    Déambulations dans les tranchées, le no man's land, ou les ruines : la caméra évolue avec une ingéniosité, une fluidité, et une maîtrise hallucinante. Que l'on doit en bonne partie à Roger Deakins, chef opérateur quasi légendaire. Les images du film laissent penser que les mouvements de caméra ont été particulièrement complexes à penser et à réaliser, et le making-of vaut le coup d'oeil à ce sujet ! Exploitation de nouveaux modèles de caméras numériques de petites tailles, Steadicam à toutes les sauces, grues & systèmes de câbles : c'est un énorme travail logistique !
    Sans parler des jolies images, souvent pleines de symbolisme, et de certains éclairages étonnants (le passage nocturne, notamment). Avec en prime une BO de Thomas Newman plutôt inspirée.
    Quant à l'intrigue, si elle est relativement simple, les personnages présentés apportent une réflexion sur l'héroïsme et le sens du combat dans un conflit ultra meurtrier. Les deux protagonistes sont incarnés par des jeunes acteurs très impliqués, immédiatement attachants. Tandis que Sam Mendes s'est adjoint les services de nombreuses stars, qui viennent ajouter de la gravité le temps d'une scène, sans pour autant s'accaparer l'attention du spectateur.
    "1917" est donc un très beau moment de cinéma. Qui a fait démarrer en trombe une année 2020, ensuite malheureusement rapidement estropiée par le coronavirus...
    À Crocs D’Écrans
    À Crocs D’Écrans

    164 abonnés 977 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 janvier 2020
    Après avoir réalisé les derniers James Bond, Sam Mendes revient sur le registre de la guerre qu'il avait quitté en 2005 avec Jarhead la fin de l'innocence. Il tente une réalisation assez rare parce que fastidieuse, celle du plan-séquence. L'effet est plus que réussi: rares sont les films aussi immersifs, on est à l'échelle humaine, au plus près du réalisme, c'est captivant. Bravo aux acteurs, surtout à Georges MacKay et Dean-Charles Chapman, qui nous guide presque tout le film dans ces tranchées. C'est sale, glauque, dur, les moments de tension sont prenants, c'est vraiment réussi. On ne voit de ce fait aucun plan d'ensemble, pas d'horizon, pas de vu sur ce qui va venir, on a la tête dans la boue, mais ça n'empêche pas les images d'être vraiment travaillées et certains moments sont très beaux visuellement. Bref, ce film est clairement une réussite, il offre une authenticité rare, incontournable pour tous fans de film de guerre !
    paopao2
    paopao2

    16 abonnés 87 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 janvier 2020
    Attention chef d'œuvre. La prouesse technique, bluffante, est totalement au service de la narration et immerge le spectateur dans l'univers des tranchées.
    Incroyable film.
    RedArrow
    RedArrow

    1 524 abonnés 1 488 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 janvier 2020
    À un moment du périple de ce 6 avril 1917 entamé par deux soldats pour prévenir leurs camarades de l'imminence d'une embuscade allemande, ceux-ci font une halte dans un verger de cerisiers abattus où ils se mettent à discuter de l'importante variété d'espèces de ces arbres fruitiers et de leur propension à assurer leur propre survie. La discussion n'a évidemment rien anodine, elle est même en réalité le cœur métaphorique de tout ce qui va animer l'excellence du long-métrage de Sam Mendes.
    Ces cerisiers sont les soldats, ces silhouettes identiques par leurs accoutrements et prêtes à tomber sous le feu ennemi afin d'assurer la victoire de tout leur camp. Quant à la multiplicité des espèces évoquée derrière ce terme générique, elle représente les hommes, dans tous ce qui compose la pluralité de leurs identités, de leurs natures complexes derrière l'uniformité militaire exigée.

    Dans un premier temps, cette frontière entre l'humain et le soldat va bien sûr se faire sentir chez les deux héros de "1917". Ils sont devenus amis sur le front, ils partagent la même mission cruciale, ils cherchent tous les deux à échapper aux dangers omniprésents de la guerre et ils peuvent même échanger des sourires juvéniles lors d'un rare instant de relâchement. Cependant, leurs histoires respectives ont beau suivre un chemin commun dans le contexte de guerre, il y aura toujours une différence entre leurs ressentis, leurs regards (le film le soulignera de façon géniale dans la première partie) et leurs manières d'appréhender les événements car leurs vécus et les expériences qui les ont définis ne sont tout simplement pas les mêmes. Leurs physiques opposés en sera une des manifestations les plus primaires à l'écran mais, lorsque chacun évoquera ses motivations ou ses doutes sur ce qui l'anime pour mener cette mission à bien, il deviendra clair que leurs spécificités peinent à être gommées derrière un ordre militaire qui voudrait les faire taire.

    Toutefois, au coeur de leur mission, leur humanité n'a plus lieu d'être.
    L'atmosphère de mort qu'ils sont amenés à traverser condamne de fait toute émergence de leur individualité et de leur humanité. Chaque fois que les deux soldats éluderont cette donne capitale pour laisser entrevoir leurs sentiments, la guillotine de la guerre menacera de s'abattre sur eux et de les emporter. Ce sera d'autant plus clair avec un tournant plus particulièrement tragique du film à mi-parcours, il fera presque office de cruelle illumination pour l'un des personnages : désormais, il devra s'effacer, étouffer tous ses atermoiements personnels afin de garantir la réussite de sa mission.
    Ainsi, il ne restera plus que le soldat, celui qui, presque ironiquement, a le rôle de garantir la survie d'un grand nombre d'hommes devant l'horreur de la guerre. Devant chaque rencontre dans sa course qui pourrait le ramener à ses failles, il ne trahira plus rien de lui, se contentant au mieux d'un certain pragmatisme lorsque le danger en sera éloigné mais se laissant guider par une détermination sans faille, parfois même sauvage, quand sa propre vie sera en jeu.

    Le sublime (mais faux) plan-séquence dans lequel se mue le propos de "1917" prendra alors encore plus d'ampleur, devenant le réceptacle idéal de la fuite en avant de son héros, celle-ci sera autant littérale par les multiples périls du front que mentale comme si le soldat échappait perpétuellement à l'ombre de l'homme qu'il essaie de faire disparaître.
    Dans sa globalité, le choix de mise en scène de Sam Mendes ne se résume donc pas à un simple exercice de style : le tour de force technique est incontestablement là, diablement immersif pour faire déteindre sur nous un sentiment d'urgence permanent (avouons tout de même que notre curiosité cinéphile nous pousse à guetter un temps les astuces de raccords avant de se laisser emporter) et il regorge de passages esthétiquement incroyables, emmenant définitivement "1917" dans les sommets visuels du film de guerre (la partie nocturne est juste d'une beauté démentielle, le travail sur la photographie de Roger Deakins laisse bouche bée à chaque image !) mais tout cela n'est jamais gratuit et ne fait que servir les intérêts de la quête de son héros principal (George MacKay, habité) jusque dans les derniers instants où l'insistance de la caméra sur un des seuls vrais demi-tours qu'il aura effectué au cours de son odyssée aura une portée symbolique d'une densité émotionnelle imparable.

    De "1917", avouons que l'on craignait en amont cette aura de film à Oscars qui l'entourait, souvent synonyme d'un académisme certes parfois de qualité mais cherchant simplement à empiler les récompenses sans que l'on y décèle de grande prise de risques derrière... En sortant de cette course effrénée au cœur de la Première Guerre Mondiale, on en vient justement à lui souhaiter cette pluie de statuettes, le film de Sam Mendes s'impose clairement déjà comme un des sommets de cinéma de cette année 2020 et il a déjà toute notre humble reconnaissance de spectateurs pour ça.
    AMANO JAKU
    AMANO JAKU

    296 abonnés 797 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 février 2020
    "American Beauty", "Les Sentiers de la Perdition", "Jarhead", "Les Noces Rebelles", "Skyfall", "Spectre" : Sam Mendes a toujours eu le chic pour proposer des univers différents et se retrouver là où on ne l’attendait pas…et cela continue aujourd’hui avec cet incroyable "1917". Faire un film sur la 1ère Guerre Mondiale c’est pas nouveau, mais le faire en utilisant un seul plan-séquence (en réalité plusieurs plans-séquences mis bout à bout comme dans "Birdman"…d’ailleurs j’en ai compté 42, et vous ?), là c’est un pari aussi risqué que burné, proposant ainsi une expérience cinématographique totalement immersive et très intense et intime à la fois. Nous avons donc sous les yeux une nouvelle façon de découvrir la guerre autrement que par des énormes batailles rangées avec des milliers de figurants : des ennemis partout, des tranchées infestées de rats, des zones de combat où personne n’avance, la pluie, le froid, la gadoue, les pièges, les snipers, l’absurdité des situations ou des décisions, les hauts gradés complètement à côté de la plaque, un conflit qui s’éternise et s’embourbe, la perte des repères de temps et de lieux, la faim, la fatigue, les hallucinations, la folie…bref une terreur physique et psychologique constante. L’expérience est tout bonnement démente : à la fois oppressante et captivante, la caméra ne s’arrête jamais et nous laisse aucun répit….sauf lorsque le récit le décide : certains passages d’apaisement nous permettent de souffler de temps en temps et de nous souvenir que l’on est encore humain ( spoiler: le bout de chemin en camion, la rencontre avec la jeune française, le soldat qui chante
    ). Cela procure une petite dose de poésie lors de ces accalmies qui sont extrêmement renforcées lorsqu’elles se retrouvent « dérangées » : et oui, le répit est toujours de courte durée. Entre chaque « pause », le métrage nous proposera alors son lot de moments de bravoures nous propulsant dans des summums émotionnels ( spoiler: la suffocante découverte du bunker, la tragique séquence de l’avion ou l’hallucinante course-poursuite nocturne tout droit sortie d’un cauchemar
    ). Une autre force du film vient du fait que le récit l’emporte sur les personnages et donc les acteurs : si ces derniers sont bien présents, ils sont là uniquement pour servir l’histoire….aucun d’entre eux ne se démarque des autres et on a l’impression que tous supportent le film, sans qu’aucun ne soit plus primordial que ces collègues : la chose est assez rare pour le noter. Donc, sans être formidables, les prestations de chacun sont d’une justesse parfaite qu’il s’agit de George Mackay, Dean-Charles Chapman, Colin Firth, Richard Madden, Mark Strong, Andrew Scott ou même Benedict Cumberbatch, Bref, pour son retour au ciné après "Spectre", Sam Mendes frappe très fort : grâce à un scénario simple et accrocheur, à des décors bruts et réels, une musique envoutante (très bon score de Thomas Newman au passage), à des scènes fortes et surtout au plan-séquence immersif ; son "1917" est une fresque exceptionnelle, humaine, tragique et viscérale qui restera longtemps dans les souvenirs des spectateurs, tout en permettant de mettre enfin dans la lumière les nombreux morceaux de bravoure et actes héroïques que les soldats de l’époque ont multipliés sans jamais pour autant en être récompensés….Merci beaucoup Sam pour ce formidable témoignage.
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