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    Les Derniers Hommes
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Derniers Hommes" et de son tournage !

    Une rencontre

    À l’origine du film, il y a une rencontre entre David Oelhoffen et Jacques Perrin qui a eu lieu en 2015. "Il cherchait un réalisateur pour un projet qu'il portait déjà depuis plusieurs années. Il avait vu « Loin des hommes », le film que je venais de terminer et qui avait des points communs avec son projet. Une histoire d’hommes chahutés par la guerre sur fond de colonisation, en l’occurrence la guerre d’Algérie dans « Loin des hommes » et l'Indochine pour « Les derniers hommes »", se rappelle le second.

    Naissance du projet

    Le projet proposé à David Oelhoffen était centré sur l’histoire d’un légionnaire qui cherchait à sortir d’Indochine après la guerre en 1946. Il usurpait l’identité d’un officier sous les ordres duquel il avait traversé 200 kilomètres de jungle un an plus tôt et qui était mort en chemin : "C'était un récit d'enquête qui procédait par flash-backs. En lisant le scénario, je me suis rendu compte d'une part que je ne connaissais rien du contexte historique et que d'autre part, cette forêt tropicale qu'on traversait pouvait être le cadre d’un film de mise en scène totalement immersive. Ça m’intéressait beaucoup, cette nature, cette guerre qui paraissait si absurde, ces hommes totalement abîmés. Mais à condition d’en faire un récit primaire, sensoriel et contemporain, ce que le scénario ne permettait pas de faire."

    "Nous avons néanmoins continué à parler du projet. On ne disait pas non à Jacques Perrin. Il y avait un enjeu particulier. J’avais perçu que c’était pour lui une façon de boucler la boucle, commencée il y a plus de 50 ans avec La 317e section. Il y avait dès le départ quelque chose de très mélancolique dans ce film et très touchant. Nous nous sommes tournés autour pendant plusieurs mois. J'ai adoré nos discussions. Au bout d’un moment il m'a proposé de réécrire le scénario comme je le souhaitais. Je me suis alors replongé dans le récit rédigé par un légionnaire intitulé « Les Chiens jaunes » et j'ai repris la partie du scénario qui se passait dans la forêt en y apportant des préoccupations telles que la réconciliation avec la nature, la peur de la mort et un certain dérèglement de la perception."

    "Nous avons échangé avec Jacques tout au long de l'écriture, puis il a validé ce nouveau texte. Quatre jours après la fin du tournage, il m’a appelé après avoir vu les derniers rushes. Il était très ému de ce qu’il avait vu. Il était heureux que l’on soit allé au bout du projet. Et le lendemain il est mort."

    Un film de guerre poétique et fantastique

    Les Derniers hommes est un film de guerre accompagné par le cinéma de genre poétique et fantastique. David Oelhoffen note : "Je pense qu’on est dans un moment où, après l’énorme période de mépris pour la cosmogonie non occidentale, il y a une sorte de regain d’intérêt dans le rapport à la nature, que j’évoque dans le film de manière très concrète. La présence du soldat Tinh, qui est hmong, permet à Lemiotte de s’ouvrir à une autre façon de voir le monde."

    "Lui qui est totalement individualiste, extrêmement hostile à toute forme de spiritualité, d’ordre, se laisse envahir peu à peu par l'irrationnel. Notamment dans la dernière scène lorsqu’il revoit toutes les personnes qui sont mortes à ses côtés alors qu’au départ ils les méprisaient."

    Addictions

    Le scénario aborde les addictions, notamment l’alcoolisme qui sévit dans les rangs de la Légion. Eric Deroo, un historien de l’armée qui avait participé au premier scénario, connaît bien cette thématique : "La France a collaboré avec les Japonais pendant quatre ans en Indochine. La colonie était complètement coupée du monde. Beaucoup de légionnaires étaient coincés là-bas sans espoir de retour pour la Métropole. La plupart avaient fini leur contrat et n'étaient même plus payés. Ce qui entraînait des problèmes d’alcoolisme, de drogue. Les plus atteints étaient isolés dans des camps de repos."

    "Khan Khaï, que nous avons recréé pour le film a réellement existé. C’était un mouroir. C’est l’une des nombreuses faces sombres du colonialisme."

    Tournage en Guyane française

    Le tournage n’a pu avoir lieu en Asie du Sud Est. David Oelhoffen voulait tourner au Cambodge mais cela a été rendu impossible du fait du Covid et de ses suites. Le réalisateur a alors posé ses caméras en Guyane française. Il confie : "En m’y rendant pour les repérages, j’ai été très surpris en arrivant dans une ville appelée Cacao : elle était entièrement habitée par une ethnie laotienne, les Hmongs. Les Hmongs sont un peu l'équivalent des harkis pour le Sud-Est asiatique. C'était une population historiquement ostracisée par les Vietnamiens et les Chinois, qui ont décidé de soutenir les Français, puis les Américains après 1954."

    "Lorsque les Américains ont évacué à leur tour le Vietnam et le Laos en 1973, ces populations ont été massacrées. Les survivants ont fui le pays. Les Français ont eu cette fois l’honneur de recueillir une partie de ces populations qui les avaient aidés. Un préfet a ensuite eu l'idée de les envoyer en Guyane, où personne n’arrivait à cultiver les terres. En arrivant à Cacao, je découvre donc des maisons laotiennes, des agriculteurs laotiens, des cultures en terrasse. On y parle le Hmong. Tang Va qui interprète Tinh dans le film, a fui les camps de réfugiés hmongs vers la Thaïlande avec son père au moment de l’abandon américain."

    Pas d'acteurs connus !

    Jacques Perrin et David Oelhoffen ne voulaient pas d’acteurs connus du grand public français : "Il fallait aussi, bien évidemment, des comédiens étrangers. Nous sommes à la Légion. Nous avons vu avec Justine Léocadie, la directrice de casting, beaucoup de comédiens européens. Notre choix s'est porté pour les trois personnages principaux sur Guido Caprino qui est italien, remarquable dans la série "Il Miracolo", Andrzej Chyra, un acteur polonais qui a joué au théâtre en France aux côtés d’Isabelle Huppert, et Nuno Lopes, qui est un acteur portugais très connu dans son pays et qui entame une carrière internationale. Le reste du casting mêle acteurs (comme Wim Willaert ou Francesco Casisa, qui était le héros flamboyant de Respiro), anciens légionnaires et non professionnels comme Teng Va", précise le metteur en scène.

    Mise en scène

    Côté mise en scène, l’enjeu était de filmer un groupe et non pas l’addition d’individualités. David Oelhoffen a donc cherché à lier les personnages. Il précise : "D’ailleurs, il y a très peu de plans dans le film qui ne soient consacrés qu’à un seul protagoniste. Je filme des dissensions, de l’autoritarisme, de la fraternité… et leur complexité. Pas de champ contrechamp, peu de plan fixe. Les héros ne sont pas isolés mais presque toujours filmés les uns par rapport aux autres. J’ai aussi filmé beaucoup de plans subjectifs, sans préciser à qui ils appartiennent, car ces hommes ont la même fatigue, donc un peu le même regard."

    Côté photographie

    La lumière du film épouse la dualité entre le réalisme et l’expressionnisme. Guillaume Deffontaines, le directeur de la photographie avec lequel David Oelhoffen a collaboré sur ses deux films précédents, possède ce talent. Le réalisateur raconte : "Comme dans le scénario, il y a des échappées. On quitte une vérité âpre pour aller vers des perceptions perturbées. Comme celles des personnages. C’est une sorte d’aller-retour entre une forme de réalisme et des envolées lyriques. Ces décrochages du réel nous intéressaient. Cela dit, même dans les parties réalistes, alors que le film, par le choix de la caméra à l’épaule par exemple, peut sembler très naturaliste, toutes les lumières sont travaillées."

    "C'est un film éclairé à l'arbalète (rires). Guillaume a utilisé ce moyen pour accrocher des projecteurs dans les cimes des arbres et mieux éclairer les visages et les corps. Ensuite, en effet, par moments, les lumières deviennent plus oniriques, par exemple lors de l’apparition des spectres."

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