Sans jamais le dire : les secrets du tournage

Les producteurs expliquent : "Le viol a fait l’objet de nombreux films mais il est le plus souvent traité « dans le cadre de », d’un drame psychologique, d’un thriller, moins pour lui-même que pour sa charge dramatique, avec généralement, il faut le dire, un arrière-goût d’exploitation. Nous défendons tous l’idée d’une société libre et ouverte. Chaque année, des millions de femmes dans le monde subissent des violences sexuelles, mais 13% seulement de ces abus sont signalés. Nous le répétons : sur les millions de cas d’abus sexuels, seulement 13% sont rapportés, ce qui ne permet guère de conclure à l’existence d’une société vraiment libre et ouverte".

Sans jamais le dire est le premier long-métrage de fiction de Tereza Nvotová. Elle a auparavant réalisé plusieurs courts et moyens métrages aussi bien en fiction qu’en documentaire, à la fois pour le cinéma et pour la télévision.

Amies d'enfance, la scénariste Barbora Námerová et la réalisatrice Tereza Nvotová ont décidé de traiter du viol car elles estiment que c'est un sujet bien trop présent autour d'elle mais dont le traitement au cinéma est à revoir : "Nous avions envie de détruire ce mythe du viol, mis en scène dans beaucoup de films, où la victime est une fille en mini-jupe, agressée par un inconnu dans une rue sombre. La plupart des viols – c’est statistique – sont perpétrés derrière les portes de nos maisons, par des gens que l’on connaît".

La réalisatrice a rencontré beaucoup de jeunes filles, actrices professionnelles ou non, pour le rôle principal : "Je recherchais quelqu’un qui ne se contente pas de jouer, mais qui soit capable d’endosser aussi bien les émotions que l’état d’esprit du personnage. C’est compliqué de décrire le moment où on a le déclic, où on sait qu’on a devant soi l’acteur parfait pour le personnage qu’on a en tête. Au troisième tour, nous n’avions gardé que deux filles, que j’ai « torturées » avec les scènes les plus difficiles du film, des scènes de désintégration physique et mentale. Dominika Moravkova est clairement le type d’actrice que l’on ne peut s’empêcher de regarder, car c’est une personne vraiment authentique".

Sans jamais le dire confronte des acteurs professionnels à des non-professionnels que la réalisatrice a rencontrés dans différents établissements pour mineurs (centres de détention, psychiatriques et orphelinats), à la recherche de jeunes "bruts de décoffrage", capables d'oublier la caméra : "Les acteurs professionnels auxquels je les ai mélangés avaient pour consigne d’enchaîner les scènes quoi qu’il arrive et les jeunes étaient autorisés à se déchaîner. Le tournage de ces scènes a été une expérience très puissante pour nous tous".