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Roub E.
760 abonnés
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3,5
Publiée le 18 décembre 2022
En racontant l histoire de ce « tueur né » dans le Cantal du début du 20e siècle. Vincent Le Port fait un film extrêmement dense et dans le même temps très naturaliste voir austère dans sa forme. Il nous dresse le portrait d’un jeune garçon qui réprime tout le long de sa jeune existence ses envies et ses aspirations dans un univers où tout doit être cadré (le poids immense de la religion) alors que l’espace dans lequel il évolue aspire à la liberté (la nature est elle aussi omniprésente). Le portrait est glaçant, dérangeant, décrivant à la fois l’aspect monstrueux d’un être différent ou le mal paraît faire partie de son adn et grandit jusqu’à devenir incontrôlable. Mais il sous entend que ce « gène du mal » serait présent en chacun de nous. Très épuré dans sa forme, son côté réaliste rend le meurtre qu’il décrit d’autant plus insoutenable. Une manière de faire qui fait de « confession d’un meurtrier » un film désagréable mais fascinant.
De par sa puissance d'illustration et sa capacité à explorer les zones noires de l'âme d'un assassin d'enfant, Bruno Reidal suscite une certaine sidération, surtout pour un premier long-métrage. Entre Pialat et Bresson, dans une austérité d'images magnifiée par la palette d'un peintre, le film s'empare d'un fait divers du début du XXe siècle, qui s'est déroulé dans le Cantal, raconté par le jeune criminel qui confesse comment ses envies de meurtre (et d'orgasme) réprimées depuis l'enfance se sont concrétisées de la manière la plus horrible. Si Bruno Reidal fonctionne par le truchement de nombreux flashbacks, l'utilisation de la voix off, quasi constante, pour un texte simple mais remarquablement écrit, frappe par sa pertinence narrative, avec une certaine douceur qui contraste avec la violence des actes imaginés puis réels. Le réalisateur, Vincent Le Port, "gère" avec une grande maîtrise le malaise qui ne peut que s'installer devant cette confession d'un jeune homme dérangé et monstrueux, humanisé par sa lutte constante pour ne pas céder aux instincts bestiaux qui le minent depuis des années. Difficile de qualifier de "beau" un film aussi imprégné de l'esprit du mal mais c'est pourtant ce qu'il révèle être, avec la profonde lucidité de ce bourreau victime de ses abominables pulsions. Rarement on a vu au cinéma une telle radiographie de l'effroi illustrée avec une précision pareille.
"Bruno Reidal" est tout d'abord un très bon témoignage de la France rurale du début du vingtième siècle, c'est aussi une entrée immersive et progressive dans la tête d'un assassin de 17 ans ayant du mal à réfréner ses pulsions sexuelles et meurtrières. Entre flashbacks et confessions auprès d'un parterre de spécialistes, on assiste ainsi à une reconstitution minutieuse des faits qui ont conduit ce jeune séminariste à passer à l'acte. Cru, frontal mais passionnant, ce film nous fascine autant qu'il peut nous dégoûter. Quoi qu'il en soit, il ne laissera clairement pas indifférent, notamment grâce au jeu des trois acteurs incarnant Bruno à des âges différents.
Je suis sortie bouleversé de la salle. Un film si troublant qu’on a presque honte de l’avoir aimé. Aimé la mise en scène, aimé son protagoniste, Dimitri Doré, la complexité du personnage, le scénario, son adaptation d’un fait divers réel de la fin du IXX ème…. Tellement dans la plus profonde perversion que provoque froid dans le dos. Le seul bémol que j’ai trouvé dans cette œuvre, ça serait le récit un peu monotone de Bruno, bien que ce serait probablement nécessaire pour la création de ce personnage si particulier. Ce qui m’a manqué c’est que le metteur en scène, Vincent Le Port, ne soit pas resté dans la salle jusqu’à la fin (il a présenté son film au début)….il aurait eu pas mal des questions à répondre….
Autopsie de la jeunesse et des pensées d'un adolescent aux pulsions sadiques sanguinaires, tourmenté par ses désirs morbides, exténué par sa lutte pour les contenir, et ravagé par sa souffrance quand il cède. D'aucuns auraient certainement aimé un peu plus d'interventions, d'explications de la part des analystes, plusieurs voies sont abordées en filigrane, mais aucune n'est développée. Il est vrai qu'à l'époque, la science dans ce domaine était balbutiante, les données parcellaires, et le jugement toujours faussé par le poids de la religion. Le réalisateur fait donc le choix assumé de présenter le récit du point de vue de l'adolescent, ce qui donne un film naturaliste, un récit froid, terrifiant, et absolument épuré. Un récit rythmé par la voix "off", porté haut par le jeu magistral de l'ensemble des acteurs, notamment les trois enfants/adolescents qui endossent le rôle titre à différents âges de sa vie, et surtout un magnifique Dimitri Doré, acteur à suivre, que j'ai eu la chance de voir sur scène dans "Retours/Le père de l'enfant de la mère" (2019, Théâtre du Rond-Point), qui se hausse au niveau de la prestation d'un Rod Paradot dans "La tête haute" ! La reconstitution de la France rurale de l'époque (1900 – 1907) est une parfaite réussite, costumes, lieux de tournage, etc. tout concoure à une photographie magnifique qui sublime ce film pourtant ténébreux. Et même si on arrive à avoir de l'empathie pour cet adolescent luttant contre ses démons, solitaire, sans amour ni tendresse, et peu d'amitié, même si on peut être horrifié par l'acte criminel, à aucun moment Vincent Le Port ne tire sur la corde sensible, ni ne tombe dans le pathos ou le sensationnel.
Un film âpre, exigeant , qui essaye de répondre à la question “quelles sont les racines du mal” à travers le portrait de ce jeune meurtrier prisonnier de ses addictions. On est ici aux antipodes du voyeurisme tapageur des séries Netflix sur des serial killers. L action se déroule dans le Cantal au début du siècle dernier. On n’est pas encombrés par l’habituelle et pénible reconstitution historique, on est d’emblée au cœur de cette communauté paysanne. De même pas de star, un jeu dépouillé. Le fill croule sous les références : Bresson , Tavernier, et se permet via un plan rapide d’évoquer la cour des prisonniers de Van Gogh Mais le plus passionnant est encore la voix off du jeune Bruno qui nous replonge dans son histoire, sur la base du récit que ses juges lui avaient demandé d’écrire pour leur permettre de mieux comprendre son acte de meurtrier.( car il s’agit d’un récit authentique) Très beau texte donc, qui fait tout le prix d’un film exemplaire.
Pour Bruno Reidal, le travail du réalisateur Vincent Le Port sur les archives de l’époque a été particulièrement intense, notamment sur les photos, pour aller chercher le souci du détail qui peut faire la différence à l’image : les postures, les visages, les coupes de cheveux. Sur écran, ce travail d’orfèvrerie est flagrant, tant le réalisme est partout et l’ambiance, qu’il s’agisse de la narration, des plans, de la musique est rapidement morbide et presque comme étouffante. Le film est une claque, une merveille horrifique d’intensité, et une plongée ahurissante dans la psychologie meurtrière.
Physiquement chétif, la tête sur le côté, doué à l’école et devenant une forme d’atypique, le tout dans une indifférence générale, c’est bien le grand drame de son existence qui va se jouer ici. Il va alors se dérouler sous nos yeux toute la tragédie de l’histoire de Bruno, dans une effroyable confusion entre la pulsion sexuelle et celle de mort. Dans un triptyque symbolique presque horrifique entre Sexe, Mort et Religion, Bruno va décharger ses carences et son trauma sur ce besoin irrépressible, et cette croyance mystique qu’il va prendre du plaisir dans la souffrance de l’autre.
C’est ici que le film est renversant, car nous sommes dans la tête de Bruno, et nous allons avec lui vivre pleinement cette dissociation, qui va au bas mot jouer sur nos nerfs. En effet, le geste abominable de Bruno, sans être excusé est ici expliqué et cet art de la nuance, sans jugement, sans parti pris du réalisateur va donner une intelligence profonde au film. La façon dont son crime va être disséqué par les médecins, n’est pas sans rappeler les tout premiers travaux sur la compréhension des mécanismes meurtriers vu dans la formidable série Mindhunter (2017) qui nous plonge au cœur de « l’unité des sciences comportementales ».
Un film qui justement, tant il est époustouflant, glaçant, perturbant comme une hypnose visuelle façon Gaspard Noé, peut après coup aller jusqu’à interroger sur le sens même de l’art en général et du cinéma en particulier. Car en fonction de votre sensibilité, une émotion peut vous saisir au plus profond de l’âme, du cœur et des tripes. Avec ce questionnement lancinant de se faire bousculer à ce point, est-il la marque de fabrique d’un chef d’œuvre ? Ou faut-il quand même autre chose. Chacun-e- sera juge. En tous les cas, on en sort potentiellement nous même dissociés, sonnés et semi-conscients. C’est de fait un incroyable film bouleversant de virtuosité qui fait vivre une expérience organique, qui interroge de façon vertigineuse sur la folie de la carence, du trauma, qui explique mais n’excuse pas, c’est du grand art…
Rébarbatif, ennuyeux! Passée la 1ère demie-heure le personnage est cerné : aucune empathie, psychopathe, aucune notion de la notion de mal, sadique, taciturne, sournois, sanguinaire,... Le malaise est permanent quant à cette jouissance couplant la masturbation et l'idée de meurtre. 2ème malaise concernant l'expiation de ses intentions ou actes simplement par la confession! Glaçant, morbide! Quelle idée de faire un film sur ce monstre répugnant!
Histoire d’un jeune meurtrier dans le Cantal au tournant du 20ème siècle, ce film est tiré des confessions écrites par le meurtrier même à la demande d’un enquêteur « criminologue » qui a essayé de comprendre pourquoi Bruno Reidal a commis un crime atroce sans raison apparente. Bruno Reidal est un jeune paumé, psychopathe et sexuellement déviant (excité par des idées de torture). Plongé dans un entourage qui ne lui sied guère, étant intellectuellement supérieur à la majorité de ses relations, Bruno ne se sent pas comme un maillon d’une société qui, de toute façon, ne lui témoigne jamais ni reconnaissance ni affection. Le traitement froid et austère du film, allié à une interprétation parfaite de deux jeunes comédiens (Dimitri Doré et Roman Villedieu), met en relief la personnalité psychique du jeune homme. Et que les paysages sont somptueux !
Un film naturaliste qui nous plonge dans la tête (ô combien tourmentée) d'un tueur. Qui en l'occurrence est âgé de seulement 17 ans. C'est froid, âpre et souvent brutal, mais c'est relativement bien fait et intéressant.
Avec l'évocation de ce terrible faits divers, nous voici plongé un peu plus d'un siècle en arrière dans le milieu paysan du cœur de la France et fortement empreint du prisme religieux. une narration qui relate, sous un angle clinique et psychanalytique la personnalité complexe, aux nombreux traumas, de ce jeune B. Reidal. Un drame sans intensité (jusqu'à la scène tragique) et même si son geste est inexcusable, on s'attache malgré nous, à son personnage torturé.
Un premier film très encourageant et réussi pour Vincent Le Port. Bruno Reidal, ne ressemble à rien d'autre, est jusqu'au-boutiste et derengeant comme il faut. Le rythme assez plat et calme du tout pèse un peu sur le film qui reste néanmoins intéressant. L'acteur principal campe parfaitement le jeune tueur.
À voir parce que le film est un ovni et une vraie proposition de cinéma.
Inspirée par le récit laissé par l'assassin d'un jeune garçon en 1905, une plongée glaçante aux origines du mal, dans les pulsions meurtrières d’une âme tourmentée, ternie par une narration à deux de tension.
C’est une réalisation de Vincent Le Port dont il a aussi écrit le scénario. Bruno Reidal, confession d'un meurtrier a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2021. Il est Interdit aux moins de 16 ans.
Dans Bruno Reidal, confession d'un meurtrier, on va découvrir ce qui se passe dans la tête d’un tueur. Ce jeune homme ayant réellement existé où est né en 1986 et qui a vécu dans le Cantal. Alors qu’il mourut à l’âge de 30 ans interné dans un hôpital psychiatrique, ce drame est l’occasion de revenir sur la folie qui l'empare. Les premières images vont d'ailleurs être le meurtre sanguinaire de cet enfant de douze ans, et qui sera le point de commencement de nombreux flash-back.
C’est donc le moment d’essayer de savoir comment cet adolescent a pu devenir un meurtrier sanglant. On pourrait se dire que d’essayer de comprendre le pourquoi une fascination malsaine. En effet pendant tout le film, il va nous expliquer son raisonnement. C'est glaçant, car on a vraiment l’impression de l’accompagner. De ses traumatismes d’enfance, à son envie perpétuelle de faire couler le sang, le panorama va être complet. On se sent même un peu coupable d’avoir cette intimité avec lui. C'est cependant intéressant et il ne faut pas oublier que comprendre n’est pas cautionné.
Il est dommage cependant que sur la durée le film soit un peu redondant. Au bout d’un moment, on a l’impression que le même schéma malsain se répète sans arrêt. L’ambiance est très posée et reste à un rythme constant. À part la première scène de meurtre et quand elle se répète sur la fin, il n’y a pas de moment intense. Cela va bien avec l’époque. On est plongé dans la France campagnarde du début du 20ème siècle. À travers l’image, on arrive vraiment à ressentir la misère sociale dans laquelle a grandi cet enfant.
La voix off sous forme de récit interne de Bruno Reidal est primordiale pour suivre ses pensées. Les images seules n’auraient sûrement pas suffi à étayer sa pensée. Le travail de tous les acteurs est impressionnant. Que ce soit l’impressionnante version de six ans joués par jeune Alex Fanguin, celle un peu plus grande de Roman Villedieu ou la version adulte par Dimitri Doré. La façon de jouer et bluffant et c’est une des pièces maîtresses de Bruno Reidal, confession d'un meurtrier.