L'argument est le même en contraste que celui du Grand bain, le résultat est très proche également, avec plus de paillettes et de plumes. Même si la caricature paraît très poussée, on passe un bon moment grâce à Alban Lenoir, brillant et sobre et Nicolas Gob, bien drôle.
Sentimental, élégant, touchant, joyeux et triste à la fois. J'ai bien aimé les personnages avec leur faiblesse, leur peur et leur désir de profiter de la vie même si elle n'est pas toujours ce qu'ils espèrent.
Ce film mal ficelé ne défend en aucun cas la cause LGBT il en fait une belle caricature, montre une partie de ces communautés en en faisant des dépravés qu'ils ne sont certainement pas.
A ceux qui estimeraient que le film fait à peine mieux que ‘La cage aux folles’ en présentant des gays irresponsables et queutards, il est utile de préciser que ces “Crevettes pailletées” existent réellement, l’un des réalisateurs en a fait partie…et puis, les gays ont le droit de se moquer des gays, comme le film ne se gêne pas pour le préciser. D’ailleurs, à bien y regarder, les personnages sont peut-être archétypaux mais offrent un panorama quand même plus étendu que bien des oeuvres dites “sérieuses”, du placardisé au vieillissant en passant par l’extravagant et l’hédoniste. Son petit succès commercial surprise, ‘Les crevettes pailletées” le doivent au fait que le film se place ouvertement du côté de la comédie populaire, facile d’accès, qui évite toute forme de gravité souffrante sur le “sujet de société”, et qui rit toujours avec ses personnages, réellement attachants, même quand le gag se fait à leurs dépens. Etant donné que le prétexte repose sur un coach vaguement homophobe qui se retrouve obligé d’entraîner une équipe de water-polo aux compétences incertaines en vue des Gay-Games, il est clair que le parallèle se fait automatiquement avec ‘Le grand bain’ de Gilles Lellouche dont le présent film pourrait presque être considérée comme la variation gay-friendly. Parfois lourdingue, parfois sincèrement amusant, ‘Les crevettes pailletées” a en tout cas assimilé les leçons du Feel-good movie à l’américaine presque aussi bien que le film de Lellouche et, tout en restant modeste et parfois maladroit, gagne facilement ses galons de comédie sympathique.
Film à faible budget, des situations qui soulignent les clichés, des dialogues souvent niais ("on est des insoumis : que vas tu faire MELENCHON?" par exemple ou "Heureux sont les fêlés car ils laissent passer la lumière!"), le film se veut militant par la parodie. Mais il y a tellement de beaufitude que l'on se sent gêné. Et ce n'est pas comme ça qu'on dénoncera l'homophobie, bien au contraire je crois!
Qu'il est encore difficile, dans les années 2020 de réaliser une comédie populaire tous publics (ou presque) sur un sujet de société encore brûlant d'actualité tant l'homophobie larvée ("je ne suis pas homophobe, j'écoute Queen" style) est profondément ancrée dans les esprits.
D'un autre côté, il s'agit bien d'une comédie populaire à la française, pas d'un film intimiste intello prise de tête (ce qui a aussi son intérêt). Et ce film ne déroge à aucune règle du genre : de la caricature, certes, des clichés, c'est vrai, des émotions faciles, sans aucun doute, mais surtout un message à côté duquel il serait difficile de passer. La profondeur des liens qui se créent des expériences vécues ensemble et qui soudent.
Un itinéraire initiatique multiple, pour Matthias, évidemment, mais aussi pour chacun des autres personnages qui apprend ou réapprend la vie à travers cette aventure rocambolesque aux rebondissements, certes attendus mais aussi indispensables au genre.
Je tiens à préciser que c'est sur les conseils avisés d'un ami membre d'une équipe de natation caritative gay et qui a lui-même assister à des gay games à plusieurs reprises, que j'ai regardé ce film.
Pour terminer, il est probable que ce film sera considéré comme homophobe dans quelques décennies, comme l'est aujourd'hui la Cage aux Folles. Les mentalités évoluent et la réception publique avec, ce qui est une très bonne chose. En attendant, dans les années 2020, ce film est une étape dans l'élargissement de la norme. Je comprends que ça angoisse les esprits chagrins.