« Gloria Mundi », dernier Robert Guédiguian m’aura laissé plus que perplexe, pour ne pas dire mal à l’aise et donc pour le moins déçu...
À travers cette galerie composée de portraits, ou plutôt recomposée pour les besoins de cette famille, notre militant de cinéaste a entre autre pour ambition, de dépeindre un microcosme qui reflète la société ultra-libérale et ce qu’elle engendre, celle dans laquelle nous vivons tristement aujourd’hui.
En utilisant ce prisme bien particulier, on finit cependant par avoir l’impression d’obtenir davantage un catalogue de personnages, plutôt que d’assister à la vie d’une réelle famille, même si l’idée était sans doute de montrer les difficultés de ces deux générations aux valeurs diamétralement opposées.
Pour ce faire, on assiste ainsi à des situations qui deviennent toutes plus excessives les unes que les autres, avec de plus une façon de présenter chaque membre en le codifiant un maximum pour en faire un être le plus stéréotypé possible, presque sans nuance, sauf peut-être à la rigueur les trois « anciens » plus mesurés dans leur comportement.
Et pourtant même Ariane Ascaride, rien que dans sa position ambiguë et dérangeante par rapport à cette fameuse grève, finit par tenir un discours à l’emporte pièce, illogique et plus que problématique au sein de cette histoire et de son message politique !
En comparaison de la tranquillité et de la sérénité que dégagent donc les plus vieux, les jeunes sont eux plongés entre le besoin irrépressible et immédiat de réussite et d’argent, la jalousie, l’égoïsme et la tromperie, le désir sexuel obsessionnel et la drogue, si bien que tout cela fait beaucoup à gérer et à faire passer dans un seul film...
Même si on comprend bien sûr que l’enjeu est encore là de montrer l’attente et les aspirations de cette génération vivant dans une société qui s’individualise, complètement cangrénée par le matériel, et donc en totale opposition avec les valeurs de solidarité et d’entraide espérées, au moins dans une famille...
On suffoque donc de plus en plus à la vue de ces rebondissements assez prévisibles et quelquefois inutiles, et ce qui va en découler, en s’enfonçant en effet de plus en plus dans un drame trop calculé et fabriqué, au point d’oublier la petite Gloria, qui aurait dû au moins être la seule lueur d’espoir, de bonheur et de lien familial.
Chaque individu par ses caractéristiques propres, en devient ainsi de moins en moins attachant, si bien que l’on se demande ce qu’étaient les réelles motivations du cinéaste à travers ce drame particulièrement sombre et lourd, jusqu’à cette fin tragique au dénouement là aussi un peu démesuré, avec une scène au lyrisme gênant, musique au programme pour bien appuyer le tout !
Tout est donc plombé au maximum, sur le fond évidemment, mais aussi dans la forme au point de ressentir un malaise qui s’installe subrepticement, pour ne plus nous quitter.
Cette dernière réalisation manque cruellement de subtilité, de fondement et d’explication dans son propos, et même dans l’histoire de chacun.
Dommage car on a vu des films de Guédiguian tout en sensibilité et en sobriété, et dont la pertinence et le message avaient une bien plus grande dimension humaine et un impact lourd de sens.