Navajo Songline : les secrets du tournage

Lorenza Garcia vit depuis plus de 20 ans entre la France et les USA, particulièrement sur le Territoire des Indiens Navajo de l’Arizona. La réalisatrice nous en dit plus quant à ce choix : "Cela donne suite à une invitation particulière à laquelle je ne m’attendais pasdu tout à l’époque : en 1996 à Paris, au Parc de La Villette, lors d’une manifestation autour de la « Voie de la Beauté Navajo », je fais la rencontre de représentants Indiens Navajo. Après plusieurs échanges autour de la place de la beauté et de l’art, je suis directement invitée par les «Hataalis», hommes médecine, à venir les rencontrer sur leur territoire. En tant qu’artiste musicienne et plasticienne et plus qu’honorée par leur proposition, ma réponse positive est dès lors plus qu’évidente. C’est à ma grande surprise que l’un d’entre eux m’a ditlors de mon premier voyage chez eux durant une cérémonie : «Reste avec nous, et quand tu reviens dans ton pays, dis leurs qui nous sommes». C’est ce que je fais, depuis vingt ans."

Lorenza Garcia a voulu faire ce documentaire sur les Navajo pour faire passer un message. Elle explique : "On a tendance à considérer les Nations Indiennes en perte d’identité originelle et comme perdues dans la masse majoritaire des Etats-Unis. Cependant et au sein du territoire Diné existent des activistes chevillés au corps qui luttent pour les droits de leur peuple, de l’eau, «notre bien le plus précieux», pour la protection des sites sacrés comme les quatre montagnes qui encadrent la réserve et, bien entendu, contre les ravages de l’uranium. Ils militent pêle-mêle pour l’autodétermination du peuple navajo, pour la restitution de leurs terres par le gouvernement américain. Leur arme la plus efficace consiste à honorer leur relation positive à la nature, au cosmos, aux ancêtres et à chacun d’entre eux. Pour eux, ce ne sont pas les valeurs occidentales qui leur permettront de résoudre leurs problèmes."

Navajo Songline peut aussi se traduire par "Sur la piste du chant Navajo". Là où nous avons plusieurs concepts, les Diné ont "Hozho", un mot unique qui définit, sans le réduire, leur relation à la terre. Pour eux, le terme Hozho se traduit par beauté, harmonie, santé, joie, humour, conscience, équilibre. Hozho correspond dans la tradition navajo à l’état initial du monde lorsque Premier Homme et Première Femme, issus des entrailles de la Terre mirent les affairesdu mondeen route. Lorenza Garcia précise :

""Etre Navajo, c’est vivre hozho, ce lieu d’harmonie qui fait que le ciel et la terre s’entendent", c’est ce que jechante dans mon album La Beauty enregistré en 2015 avec eux en Arizona.Pour eux, la Terre Mère peut se mettre en colère à tout moment. Elle n’est pas respectée comme elle devrait l’être. Les Diné ne doivent pas perturber la terre à qui ils appartiennent. Dès lors, leprincipe de Hozho est deprocéder à une/des cérémonies constituées de chants porteurs d’équilibre. Le principe consiste à reconnaître ce que l’homme est impuissant à changer, à luifaire accepter l’inévitable. C’est ce que décrit le film Navajo Songline : la recherche de l’harmonie est une posture à adopter en toute circonstance, même lorsque le ciel gronde. Elle ne dépend pas du retour au ciel bleu."