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    Babi Yar. Contexte
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Babi Yar. Contexte" et de son tournage !

    Prix

    Babi Yar. Contexte a obtenu le Prix Spécial du Jury de L’Œil d’or au Festival de Cannes 2022 et le Prix Ciné+ au FIPADOC 2022.

    Naissance du projet

    Lorsque Sergei Loznitsa était petit, il vivait avec sa famille dans le quartier de Nyvki, à Kiev. Une forêt se trouvait entre Nyvki et le quartier de Syretz, où se situe Babi Yar. A partir de ses 10 ans, plusieurs fois par semaine, il prenait le bus pour aller à la piscine à Syretz, puis revenait à pied, à travers la forêt et le ravin :

    "Il m’arrivait parfois de trébucher sur des pierres marquées d’inscriptions dans une langue étrange, à demi effacées par le temps. En réalité, je marchais sur les restes de l’ancien cimetière juif. Il était abandonné à cette époque. Pour être plus précis, il n’avait pas encore été complètement rasé par les autorités locales."

    "Un jour, alors que je prenais mon chemin habituel, j’aperçus une nouvelle pierre. Celle-ci portait une inscription en russe qui disait qu’un monument allait être élevé à cet endroit. Après avoir lu l’inscription, je rentrai chez moi et demandai à mes parents ce qui s’était passé à Babi Yar."

    "Je n’ai jamais obtenu de réponse claire. Les adultes essayaient d’éviter le sujet et restaient vagues. Autant que je sache, c’était un sujet tabou à Kiev dans les années 70. Même dans les années 50, juste après la guerre, la tragédie de Babi Yar était occultée", se rappelle le metteur en scène.

    Problème complexe

    Si, aujourd’hui, il est souvent dit que c’est l’idéologie communiste qui est à blâmer pour ce silence, Sergei Loznitsa pense que le problème est plus profond et que la cause est à chercher dans la nature humaine en général : parler de cette tragédie met mal à l’aise. Le réalisateur précise :

    "Le souvenir en est honteux et effrayant. Dans Vie et Destin de Vassili Grossman, il y a un passage – une lettre écrite par une mère juive à son fils. Elle l’a écrite juste avant d’être emmenée dans le ghetto. Grossman cite en réalité la lettre de sa propre mère, morte dans le ghetto de Berditchev."

    "Elle écrit que, dès que les Juifs ont été proscrits, ses voisins de l’appartement communautaire l’ont jetée dehors et qu’elle a retrouvé ses affaires empilées dans la cave. Ce n’était ni le Parti Communiste, ni les autorités soviétiques qui la jetaient dehors : c’étaient ses voisins."

    "Ils lui dirent simplement qu’elle n’avait plus le droit de vivre avec eux. Les Juifs étaient « hors la loi ». Plus tard, lorsqu’elle partit pour le ghetto, seul un homme l’aida à porter ses affaires et lui prêta un peu d’argent. C’était un acte de compassion isolé et inattendu."

    "Tous ceux dont elle s’attendait à ce qu’ils l’aident et la soutiennent – ses amis, ses collègues, ses élèves – se détournèrent d’elle. Lors de son départ, alors même qu’elle était encore dans la cour de l’immeuble, elle avait entendu les voisins se disputer à propos des meubles qu’elle laissait derrière elle."

    "Pour moi, cela n’a pas grand-chose à voir avec l’idéologie, et tout à voir avec la nature humaine. Il me semble que cette dispute pour les meubles d’autrui existe toujours aujourd’hui. Et, bien sûr, il n’est guère facile de l’admettre. Même pour soi-même."

    Cannes 2021

    Le film a été présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2021.

    Images d'archives

    Lorsque Sergei Loznitsa a reconstitué l’histoire de Babi Yar, il a essayé de reconstruire le contexte historique de la vie dans Kiev occupée par les Allemands. De nombreux officiers et soldats allemands avaient en effet apporté avec eux des caméras amateures et ont filmé la vie quotidienne de la cité. Le cinéaste explique :

    "Ces images n’étaient pas exploitables pour des films de propagande, mais c’est ce matériel que je trouve le plus intéressant et le plus fascinant. Elles donnent à voir des bribes de la vie de tous les jours à Kiev dans les années 1941-1943."

    "Je crois qu’il est crucial de relier la tragédie de l’extermination de la totalité de la population juive de Kiev avec les réalités de la vie sous l’occupation allemande. Une partie des images que j’utilise est restée enterrée dans les archives pendant des décennies."

    "Personne ne les avait jamais vues. Pas même des historiens spécialistes de l’Holocauste en URSS. Les explosions de Krechtchatyk en septembre 1941 sont l’un de ces épisodes. Avant que l’Armée rouge ne se retire de Kiev, la principale rue de la ville fut minée par le NKVD (les services secrets soviétiques) avec des engins explosifs télécommandés."

    "Leur détonation fut déclenchée quelques jours après que les Allemands eurent pris la ville. Il y eut des pertes civiles importantes, et des milliers de personnes se retrouvèrent sans abri. Les Soviétiques, qui avaient posé les bombes, ne considéraient pas les pertes humaines et les destructions de masse comme un élément devant interférer avec la planification de leurs opérations militaires."

    Dernière exécution publique à Kiev

    D’autres images rares utilisées par Sergei Loznitsa sont celles de la dernière exécution publique à Kiev, en janvier 1946. "Douze criminels nazis furent pendus sur la place centrale de Kiev, connue alors sous le nom de place Kalinin. 200 000 habitants de Kiev vinrent assister à l’exécution. La scène a quelque chose de médiéval, presque biblique : « œil pour œil… »", se souvient le metteur en scène.

    Qui est Sergei Loznitsa ?

    Réalisateur, scénariste et producteur, Sergei Loznitsa est né en 1964 à Baranovitchi (URSS) et a grandi à Kiev. En 1987, il est diplômé de l’école polytechnique de Kiev, en mathématiques appliquées. Sergei suit ensuite des études de cinéma au VGIK, l’Institut national de la cinématographie de Moscou.

    Il a réalisé 22 films documentaires salués par la critique internationale, et 4 longs métrages de fiction qui ont tous été présentés en sélection officielle au Festival de Cannes. En 2013, il créé la société de production ATOMS & VOID. Sergei Loznitsa a reçu le Prix France Culture Cinéma Consécration au Festival de Cannes 2022.

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