Le sujet, le contexte et la tonalité choisis laissaient présager un grand film entre rappel historique, tragédie et suspense implacable. Et bien c’est à une œuvre tiède et guère palpitante que l’on aura finalement affaire. Dès le départ, quelque chose de fondamental cloche : on ne croit pas une seconde à ce postulat de base. En effet, il semble tout de même improbable qu’un officier nazi fasse confiance de la sorte à un prisonnier sans plus de preuves corroborant ce qu’il recherche. Quelques recherches de sa part, dans un dictionnaire ou un livre de langues, auraient facilement pu mettre à jour la duperie. Pour la crédibilité et la logique, on repassera. Et cela joue forcément contre le film et l’adhésion que peut avoir le spectateur. Et quand bien même on passe outre, après tout on est au cinéma, cette intrigue centrale enchaîne pas mal d’autres facilités et d’invraisemblances.
En outre, tout cela est de facture fort académique à tous niveaux. Par exemple, en ce qui concerne les péripéties et la narration, on n’est jamais surpris. « Les leçons persanes » déroule donc son intrigue, certes peu commune à la base, mais ne parvient jamais à la transcender, à la rendre soit captivante, soit déchirante. Et pourtant, il y avait du potentiel, il faut l’admettre. C’est donc de manière distraite et peu engagée que l’on regarde cette œuvre qui se veut imposante mais qui s’avère au final assez mineure. Et on a même presque hâte que le film se termine, le résultat n’étant pas vraiment à la hauteur des attentes du spectateur et de l’ambition de ses instigateurs. La mise en scène est fonctionnelle sans être laide, elle se contente d’illustrer. C’est donc visuellement tout aussi académique que sur le fond. On se console donc avec le duel d’acteurs dont certains échanges parviennent sporadiquement à capter notre attention mais c’est paradoxalement dans les intrigues secondaires que le film va peut-être plus nous intéresser...
En effet, les confrontations entre cet officier SS avide d’apprendre la langue persane, le farsi, et ce prisonnier juif qui se fait passer pour ce qu’il n’est pas pour rester en vie deviennent vite redondants et baissent en intensité plus le film avance. Comme si Perelman mettait en scène une idée qu’il n’arrivait pas à développer. D’où l’apparition de sous-intrigues mettant en scène les relations entre les officiers nazis, des intrigues de cour presque. Et celles-ci deviennent presque plus intéressantes. Du remplissage en forme d’enrobage, satellitaire au sujet principal, qui en détourne presque l’attention. Et cela occupe le vide laissée par un fil narratif qui se prend les pieds dans le tapis. Et vu le contexte, on s’attendait à être choqué, bousculé ou, au minimum, ému. Et bien pas du tout, tant d’œuvres étant passé par là avec bien plus de talent et d’affects. En bref, ce n’est pas désagréable mais c’est clairement décevant, mineur et guère emballant.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.