Avis sur Seuls les pirates

La disparition progressive du film de Gaël Lépingle des écrans a failli me le faire rater (mais que font donc les exploitants de ne pas laisser plus de temps à un tel film pour s'installer ??). Et ç'aurait été bien dommage ! Tout ce qui m'avait déçu dans "l'Eté nucléaire" (cf. ma critique à l'époque) est ici balayé par une énergie fantastique. La fable documentaire s'envole au gré de ses interprètes qui semblent inventer le film au fur et à mesure qu'il avance sur son chemin incertain, imprévisible et, en cela, profondément poétique. Gaël Lépingle semble un des rares héritiers des cinéastes Diagonale dans le cinéma français actuel, oscillant entre la fantaisie politique de Treilhou et la délicatesse terrienne d'un Guiguet. Et ça fait du bien.

Très joli film sur une petite communauté de laissés pour compte : vieil acteur aphone, employée de mairie paumée, étudiant rêveur, etc. Ils se croisent et s'entraident. J'ai trouvé les personnages attachants, et la problématique intéressante, sur l'urbanisation apparemment vertueuse car écologique, qui se fait sur le dos des plus démunis.

Rarement vu plus ennuyeux comme film. On n'entre en empathie avec aucun des personnages et le "comédien" clopeur à la voix cassée est une torture à écouter. La piste narrative secondaire ne sert à rien et de façon générale on peine à comprendre qu'un tel film ait pu être tourné. Tous y est laid et sans intérêt. Le vague discours social peine à émerger derrière une succession de scène soporifiques. 1h30 qui en paraissent 3. Un film qui heureusement ne devrait pas quitter le réseau des festivals minables.