« Eté 85 », tout en fait est déjà dans le titre : le côté éphémère de la vie, la fuite du temps qui pousse David à agir selon l’adage du Carpe Diem, et pour autant c’est l’été 85 et non l’été 86, c’est bien cet été 85 qui compte, le film se construisant sur cette tension entre la fuite du temps et la singularité de chaque instant passé.
Eté 85, c’est un film solaire, rafraîchissant, qui traite de la puissance du premier amour. Eté 85 n’est pas tant un film sur l’homosexualité que sur l’amour lui-même, car aucun enjeu de sexualité n’est vraiment mis en question dans le film. David est toujours vu comme « l’ami » d’Alexis, induisant l’idée que l’amour commence toujours par l’amitié. Mais ils sont plus qu’« amis », sans pour autant dire le mot « mon amoureux », toujours tu, très souvent passé sous silence. De cette manière, Ozon signe un chef d’œuvre en montrant par l’homosexualité jamais clairement nommée un amour universel qui fait fi des carcans.
Eté 85, c’est un film à l’esthétique sensualiste grâce à une réalisation en caméra super 16 qui donne au grain de la peau sa couleur mordorée. Toute cette évocation du désir charnel transpire à travers les torses nus et bronzés, dans cette relation passionnelle qui unit les deux garçons, et dans ce premier baiser si beau, si vrai du fait de toutes les tensions sur lequel il repose et qui l’ont précédé.
Mais Eté 85, c’est aussi la difficulté de comprendre l’autre, l’échec de la communication. Les deux garçons ne sont pas sur la même fréquence, je dirais même qu’ils ne dansent pas sur la même musique : l’un est idéaliste, l’autre hédoniste ; l’un veut posséder par l’idéalité, l’autre veut s’en échapper, être libre.
Bref, Eté 85, quelle fraîcheur ! quel réalisme de la vie de tous les jours. Car au fond, Eté 85 est une histoire assez banale, mais sublimée par le point de vue d’Alexis avec lequel on vit son été. François Ozon a réussi à transmettre cette intériorité naïve et pourtant si touchante, cette tendresse infinie qui vous donne envie d’aimer.