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Un visiteur
4,0
Publiée le 30 mai 2008
Ecosse, quelques années après 1980 (date de sortie du film). La mort ayant été erradiquée, la télévision la recréee pour en faire un spectacle. Cette remarquable anticipation prémonitoire d'avant la télé réalité constitue une incursion tout à fait à part dans l'oeuvre de Bertrand Tavernier. Point d'effets spéciaux, de montage serré, de mouvements de caméra à l'emporte pièce. Au contraire, une ville fantôme de la désindustrialisation filmée en plans fixes, une caméra intimiste cernant au plus près les personnages, une économie de dialogues et des regards qui en disent long. Ce qui est montré, contre la mort vers laquelle plonge une humanité froide et sans repères éthiques, c'est la prégnance d'un visage tout en dignité, celui d'une femme promise à la disparition qui refuse tout compromis. Grand directeur d'acteurs, Tavernier a l'audace de laisser Romy Schneider, sublime, incarner librement cette dignité qui lui est si naturelle. Avec le recul et ce qu'on sait de la biographie de l'actrice, LA MORT EN DIRECT prend une force quasi documentaire. Les dernières scènes, où Romy retrouve Max Von Sydow, en un bel hommage à Bergman, crient la splendeur de l'amour et la beauté des hommes avec une élégance et une économie de moyens rares.
Un film fort et troublant, tant il dénonce le voyeurisme tout en jouant avec celui du spectateur le spectateur. Sans doute totalement visionnaire à sa sortie, il n'en reste pas moins d'actualité aujourd'hui. Une des belles idées du film qui le rend intemporel est d'avoir choisi de tourner dans un décors éloigné de tout gadget technologique qui paraîtrait maintenant daté. Magnifiquement filmé en Ecosse, interprété avec une incroyable sensibilité par Romy Schneider, et avec une inédite sobriété et une grande délicatesse par Harvey Keitel.
Film émouvant, halletant, palpitant, d'une douceur infinie, avec des prises de vues magnifique. Il n'a pas pris une ride et s'inscrit parfaitement dans notre monde très contemporain. Un grand moment de cinéma.