Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes : les secrets du tournage

Le réalisateur Rodolphe Marconi a rencontré Cyrille par hasard sur une plage de la côté atlantique. Alors qu’il le voyait depuis trois jours s’avancer vers la mer sans jamais se baigner, Marconi est allé à sa rencontre : « Quand Cyrille a commencé à me raconter son histoire, ça m’a percuté de plein fouet. C’est étrange à expliquer, je ressentais un sentiment d’injustice profonde mêlé à une colère probablement renforcée puisque lui n’en a pas ». Trois mois plus tard, le réalisateur téléphonait à l’agriculteur pour lui demander s'il pouvait venir le filmer.

Le réalisateur est parti seul pour filmer car il estime qu’il ne peut pas être dans l’intime s’il est entouré d’une équipe : « J’ai besoin d’avoir un lien direct avec la personne que je filme, une relation qui s’instaure naturellement. Et quelque chose de l’ordre de lafusion. Je deviens l’ombre du personnage qui vit sa vie et je m’adapte à lui ». À aucun moment, il n’a demandé à Cyrille de rejouer une scène car la lumière ou le cadre n’étaient pas bons.

Rodolphe Marconi se défend d’avoir fait un film social, même s’il l’est de par son sujet. Il affirme avoir adopté une approche identique à celle qu’il a eue sur Lagerfeld Confidentiel : « J’aime naviguer sur un fil, toujours entre la pudeur et l’impudeur et me laisser guider par le réel, le but étant de montrer, partager, rendre à ceux qui vont voir le film ce que j’ai moi-même vu et ressenti ». Le réalisateur n’est pas un porte-parole mais considère que son film soulève des questions sur l’état des lieux de l’agriculture traditionnelle en France : « on peut se demander pourquoi les banques sont capables de prêter 300 000€ à un jeune agriculteur pour qu’il s’installe mais refusent ensuite de le suivre pour qu’il rachète des vaches afin de remplacer celles qui sont mortes ».